Le département des Hauts-de-Seine doit assumer ses responsabilités sociales!

Patrice Leclerc
Actualités générales

L’article du parisien du 5 septembre 2020 Par Ariane Riou

Hauts-de-Seine : le sort de 20 jeunes majeurs mis à la rue suscite l’émoi

RESF organisait, ce samedi, une manifestation sur le parvis de la Défense pour dénoncer la mise à la rue de 20 jeunes majeurs. L’association en appelle au conseil départemental pour leur trouver une solution pérenne.

Ses traits sont tirés par la fatigue. Même derrière son masque, on devine les jours difficiles que vient de passer Ladji. Mais ce samedi après-midi, il trouve encore l’énergie pour crier, applaudir, tambouriner et surtout « plaider sa cause » sur le parvis de la Défense. « C’est dur mais je suis motivé », souffle-t-il.

Comme lui, vingt jeunes majeurs ont été mis à la rue fin août. Ces jeunes étrangers, arrivés en France il y a un ou deux ans, étaient, jusqu’à cet été, suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) des Hauts-de-Seine et logés dans des hôtels. « La plupart sont scolarisés au lycée ou sont en apprentissage. D’autres doivent commencer des contrats à la rentrée », explique Armelle Gardien, militante RESF.

« On m’a dit que je devais prendre mes affaires et quitter l’hôtel »

Mais voilà, tous ont fêté leurs 18 ans il y a quelques semaines ou mois. « On leur a alors expliqué que leurs contrats jeunes majeurs n’étaient pas renouvelés », regrette la militante. « Le 31 août, l’hôtelier m’a dit que je devais prendre mes affaires et quitter les lieux », confie Ladji.

L’année dernière, le jeune homme était scolarisé dans un lycée de Suresnes. Et il venait tout juste d’être accepté en CAP plomberie pour cette nouvelle année. « Quand on m’a dit de quitter l’hôtel, je ne savais pas où aller. J’ai dormi dans la rue le premier soir », confie-t-il, tête basse.

Sarah, 18 ans, a elle aussi été mise à la rue. « Depuis, j’essaie de dormir dans des hôpitaux ou dans des lieux à l’abri, explique-t-elle. Mais je suis une fille et j’ai peur. La dernière fois, j’ai dû courir pour échapper à une bande de garçons. »

Des courriers restés « sans réponse »

L’association Réseau éducation sans frontières 92 (RESF 92) a alerté le département qui chapeaute l’ASE, dès le début de l’été. « On a envoyé des courriers directement au président Georges Siffredi mais on n’a pas eu de réponse », s’insurge Armelle Gardien.

Soutenue par quelques élus, dont le maire (PCF) de Gennevilliers, Patrice Leclerc, cette manifestation, samedi, est une nouvelle tentative pour « se faire entendre ». « Je suis révoltée parce que c’est un gâchis humain absolument inadmissible, gronde Armelle Gardien. Ces jeunes sont archi-motivés, ils se bagarrent pour un avenir. »

Se retrouvant sans solution d’hébergement du jour au lendemain, une vingtaine de jeunes ont manifesté sur le parvis de La Défense. LP/A.R.
Se retrouvant sans solution d’hébergement du jour au lendemain, une vingtaine de jeunes ont manifesté sur le parvis de La Défense. LP/A.R.  

RESF demande à l’ASE de reprendre en charge les vingt majeurs concernés. « C’est la seule solution, assure Hervé Lecomte. Je suis enseignant et je n’aurais jamais imaginé voir un jour des lycéens à la rue. Ce qu’on leur propose pour l’instant, ce sont des solutions de bouts de chandelle. »

Le département répond aux critiques

De son côté, le département affirme avoir « reconduit sans conditions l’ensemble des mesures d’accès » des jeunes majeurs confiés à l’ASE, « dans le contexte d’état d’urgence et de crise sanitaire ». Puis, au moment du déconfinement, les possibilités de reconduction des contrats jeunes majeurs arrivant à échéance ont été « évaluées au cas par cas », « en tenant compte des reports de certaines formations ou du décalage de certains apprentissages ».

Mais cette reconduction n’est « pas automatique » dans plusieurs cas : « Les jeunes n’ayant pas repris leur cursus ou l’ayant interrompu durablement » ou « ceux s’étant montrés violents ou menaçants avec les services ».

«Orientés vers les services de l’Etat compétents»

« Si le contrat n’est pas reconduit, les jeunes majeurs sont orientés par les agents vers les services de l’Etat compétents et les associations pour bénéficier d’une prise en charge via les dispositifs de droit commun », assure le département.

Aujourd’hui, près de 950 contrats de jeunes majeurs sont en cours dans les Hauts-de-Seine, selon les chiffres fournis par le département. Ce dernier « consacre en moyenne 2 100 euros par mois pour chaque jeune majeur » sous contrat.

« Ce dispositif n’a pour objet que de formaliser les relations entre le service de l’ASE et le jeune majeur dans un but de responsabilisation de ce dernier », poursuit le département, rappelant qu’il est « facultatif » et « loin d’être mis en œuvre dans l’ensemble des départements français ».

https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/un-gachis-humain-dans-les-hauts-de-seine-le-sort-de-20-jeunes-majeurs-mis-a-la-rue-suscite-l-emoi-05-09-2020-8379228.php

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