Gennevilliers, ville des maths

merra
Patrice Leclerc
Gennevilliers

merraPrésentation de la politique relative aux Mathématiques par Richard Merra au conseil municipal du 28 mars 2018

Nous avions annoncé que Gennevilliers serait la ville des Mathématiques dans notre programme municipal.
Pourquoi les Mathématiques ?
On ne discute pas la pertinence des actions liées au livre, et aux arts.
Celles liées aux mathématiques ne vont pas de soi.


Pourtant, les Mathématiques ont une place équivalente dans la construction de la pensée et du patrimoine culturel.
Or elles n’existent que dans le seul système scolaire, et l’on constate que l’école ne remplit pas ses promesses. Accéder à cette culture supposerait donc d’enrayer la spirale de l’échec scolaire.
Ainsi, 43% des élèves de 15 ans se disent « perdus » quand ils essaient de résoudre un problème. La moitié se dit « tendu » quand ils sont confrontés à un devoir à faire à la maison.
En France, nous sommes partagés entre l’admiration et la consternation.
Admiration d’une école française qui est des plus titrée en médailles Field après les USA,
Consternation pour l’autre école, celle qui est classée au 18eme rang sur 34 par l’OCDE

Cela montre combien les mathématiques sont un outil de ségrégation de cette école française qui est la plus inégalitaire de l’OCDE.

Nous voulons donc travailler à Gennevilliers à l’accès des fondamentaux en Mathématiques dans un souci de démocratisation de cette discipline qui est devenue incontournable, et réservée à une élite.
Nous voulons parier sur la possibilité de créer des « plus-values intellectuelles » dans ce qu’on a coutume d’appeler « les quartiers »

Math’gic
En 2003 notre ville s’est engagée dans l’organisation du forum Math’gic, qui dure une semaine par an.
Cette idée, conçue par Jacques Daumard, un professeur du collège Pasteur avait pour ambition de redonner du sens à la formation initiale notamment en mathématiques.
Car comme l’écrit Stella Baruck, dont les recherches pédagogiques sont centrées sur cette ambition:
« Les mathématiques sont porteuses de sens et de plaisir, mais les méthodes traditionnelles d’enseignement n’arrivent pas assez à le transmettre… Cette discipline est assimilée au mieux, à des savoir-faire restituant des pratiques apprises par cœur, au pire à un supplice qu’il faut subir pour passer de classe en classe …
On trouve à l’origine de ce constat, des savoirs perçus comme dénués de sens, détachés de toute inscription historique, philosophique et universelle. »

Le forum Math’Gic vise donc à sortir l’enseignement des Mathématiques d’une simple approche « utilitariste ».
Par l’observation, la manipulation et l’expérimentation, il s’agit, à travers divers ateliers thématiques, d’inscrire la discipline dans le domaine de la culture générale et universelle.
Math’gic donne à voir aux élèves, aux enfants, aux familles et aux enseignants quel est le champ des possibles, quand le cheminement des mathématiques n’est pas séparé de celui de l’histoire et de la philosophie.
Le forum qui a déjà 15 ans est pérennisé par son succès (2000 visiteurs par an), sa reconnaissance par les institutions éducatives et universitaires ainsi que les laboratoires de recherche comme celui de l’université de Cergy Pontoise ou le célèbre l’Institut Henri Poincaré que dirigeait Cedric Villani la dernière médaille Field française.

Des Prolongements de Math’gic
Math’gic à l’école
Le forum a trouvé tout naturellement des prolongements dans des classes.
A la demande de professeurs, nous installons des ateliers dans des écoles après ou avant le forum. C’est une excellente configuration pour exploiter une sortie scolaire surtout quand l’approche permet de libérer les blocages.
C’est aussi une excellente occasion qui est donnée aux professeurs d’écoles d’exploiter des champs pédagogiques nouveaux et de partager avec des collègues du secondaire : prof de maths, mais pas seulement, puisque le groupe de Math’gic est aussi composé de profs d’histoire, de musique, ou de physique


Math’gic dans les TAP
L’approche de Math’gic qui est ludique, et surtout libérée des problématiques liées à l’évaluation a permis de monter des ateliers dans le cadre des TAP.
Nous travaillons désormais à des propositions pour la pause méridienne pour la rentrée prochaine. Sur le temps du repas, il s’agira plus d’un espace de jeux mathématiques. L’objet n’étant pas de réussir des performances, mais plutôt d’observer de construire, d’imaginer. Il n’y aura pas de classe hors la classe à l’heure du déjeuner.
D’autres manifestations
Depuis une dizaine d’années se tient à Paris, sur la place ST Sulpice le salon international des jeux Mathématiques. Cette manifestation soutenue par des Mathématiciens connus a rapidement gagné en notoriété. Elle est très fréquentée. Nous y sommes invités pour la deuxième fois. Math’gic aura son stand.

Conférence en mai.
Devant la catastrophe nationale en ce qui concerne le niveau en mathématiques des jeunes français, on regarde ailleurs, du côté des pays qui sont en tête du classement PISA. On regarde Singapour, la Finlande… Et puisque nous disposons d’élites, il suffit de les interroger. Ainsi le président de la République a commandé une étude à Messieurs Torossian et Villani dans l’espoir de sortir de l’ornière l’enseignement de la discipline.
Nous organiserons donc en Mai une conférence sur ce rapport. Monsieur Andler qui est un proche (en termes scientifiques) de Torossian et Villani nous a donné son accord pour décrypter ce rapport devant un public gennevillois. Nous pensons organiser ensuite une table ronde composée de pédagogues pour avoir des analyses croisées.

Espace Mathématique Francophone
En octobre l’Espace Mathématique Francophone organisera son salon international de mathématiques à l’Université de Gennevilliers. Ca fait très longtemps que ce salon ne s’est pas tenu en France.
Nous y sommes invités pour faire connaître notre politique scientifique actuelle mais aussi nos projets futurs.
C’est la ville qui organisera l’accueil de la communauté sc ientifique à l’Espace Aimé Césaire.

Une préfiguration du jardin des mathématiques
Enfin, nous savions dès l’origine que s’il est important de proposer un évènement annuel, nous atteindrions rapidement des limites. Il est en effet illusoire d’espérer construire durablement des qualités d’observations, de questionnements, une soif de comprendre et aussi un rapport apaisé aux mathématiques à partir d’une visite ponctuelle.

Nous savons tous que cette discipline souffre d’une réputation solidement ancrée.
Elle ne serait accessible qu’à une minorité qui serait « dotée pour la Mathématique ». Appartenir à cette minorité d’élu-e-s dans laquelle se retrouveraient quelques enseignant-e-s et leurs jeunes disciples serait même de l’ordre d’une « distinction », celle qui ouvrirait la voie aux « élites ».

Or, celles et ceux qui ont en charge l’enseignement et la diffusion des mathématiques, savent par pure honnêteté intellectuelle qu’il s’agit là d’un mythe produit par l’idée qu’il y aurait une étanchéité insurmontable entre les disciplines.
La mission est rude, car il s’agit de battre en brèche une pensée irrationnelle qui affuble les élèves comme leurs enseignants de génotypes tantôt littéraires, tantôt scientifiques.

Math’gic a donc toujours été pour ses concepteurs une sorte « ballon d’essai », la préfiguration d’un projet plus ambitieux, celui d’une action permanente à travers la création d’un équipement culturel que nous appelons « le jardin des mathématiques ».
Cette structure aurait une vocation plus vaste. Elle serait conçue, autour d’espaces périphériques à un lieu central : des sortes de satellites qui seraient dédiés respectivement à des milieux et des temps mathématiques distincts.
Comme pour Math’gic, les activités prendraient la forme d’expériences mathématiques.
Le jardin des mathématiques serait à la fois, un lieu d’apprentissages, de découvertes et de loisirs pour les scolaires et le grand public, mais aussi un lieu d’échanges et de partages, de recherches pour la communauté éducative, scientifique.
Un tel équipement culturel et scientifique répondrait, à ce défi central de démocratisation culturelle, et de créations de « plus-values intellectuelles ».
C’est le sens que donne la ville à son engagement depuis plusieurs années dans une dynamique d’excellence scientifique. L’ouverture aux sciences fondamentales que propose le Jardin des Mathématique en serait l’un des outils.
Il s’agit de s’approprier le pouvoir de l’imagination dont chacun est doté.

Notre conseil municipal a voté un budget pour étudier la faisabilité du projet. C’est le cabinet 3eme Pôle qui a remporté l’appel d’offre. C’est ce même cabinet qui a étudié la faisabilité de la Maison des Mathématiques de l’IHP
Il s’agira
• D’Approfondir le positionnement et la définition de ce lieu tels que définis dans l’ébauche du projet d’établissement du « Jardin des mathématiques »
• De Rechercher les financements mobilisables avec une prise en compte réaliste des contraintes financières de la collectivité
• D’Identifier les soutiens nécessaires à la réalisation du projet, envisager des partenariats avec des tiers institutionnels (Education nationale, Département, Région, Ministère de la Culture, acteurs scientifiques spécialisés en mathématiques, chercheurs…)
• De Présenter des modèles économiques en fonction des financements disponibles et des partenariats financiers
• De Proposer un ou des modèle(s) de fonctionnement et de gestion de l’équipement.

Les conclusions seront rendues au troisième trimestre 2018.
En attendant, nous utilisons la notoriété de Math’gic dans la communauté mathématiques qui est un petit éco-système, pour constituer le comité scientifique du jardin des Mathématiques.

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