Intervention du maire de Gennevilliers pour l’accueil du Réseau Recherche Habitat Logement REHAL

Patrice Leclerc
Gennevilliers

Réseau Recherche Habitat Logement
Intervention Patrice LECLERC, Maire, Mercredi 8 juin 2016 pole université de Gennevilliers – Cergy Pontoise

Je vous souhaite la bienvenue à Gennevilliers. Gennevilliers est une ville populaire qui compte 62% de logements sociaux.

Autant dire que la ville s’est construite par et autour du logement social, avec un OPH fort qui gère 8000 logements pour le compte de la municipalité. Permettez-moi de ne pas avoir un discours convenu mais un plaidoyer.

Je suis un maire qui conteste avec force les attaques contre le logement social par un arc politique qui va de la droite jusqu’à parfois mon propre camp. Nous avons affaire à une opération idéologique sur la longue durée, qui prend de la force aujourd’hui, et qui vise à dénigrer le logement social en le représentant comme un lieu de production de « cas sociaux », de ghetto. Cela est bien utile pour construire un projet de société « du tout propriétaire ». Des salariés endettés se tiennent mieux socialement ! On oublie aussi que de grandes copropriétés peuvent être dégradées, ou que les marchands de sommeil sévissent dans le logement privé et non dans le locatif social.

Bref aujourd’hui, le logement social fait repoussoir. Résultat : personne n’en construit, les loyers flambent dans le privé, les délais d’attente s’allongent pour avoir un logement, les nantis refusent les constructions sociales dans leur ville, ils se ghettoïsent pour vivre entre eux.

Résultat, les salariés, celles et ceux qui n’ont que leur salaire, leur pension de retraite, ou leur indemnité de chômage pour vivre sont chassés de la petite couronne parisienne, ils doivent s’expatrier de plus en plus loin.

Le logement social, c’est pour nous le moyen de continuer à embellir notre ville, à la développer, à la rendre attractive sans chasser les Gennevillois. C’est un moyen pour peser sur la pression foncière et immobilière. Notre pari est de développer une ville belle et populaire au cœur du Grand Paris.

Nos enfants, nos petits-enfants doivent pouvoir rester à Gennevilliers, s’ils le souhaitent, et ils ne pourront le faire que s’il y a de l’Habitat à loyer modéré.

Je ne vous ferai pas l’injure de développer le fait que ce n’est pas le logement social qui crée le chômage, la crise et les discriminations. C’est évident mais pourtant…

Avec une pensée unique hégémonique qui brandit « la mixité sociale » comme solution, nous humilions les habitants des quartiers populaires. Ainsi cela ira mieux quand d’autres viendrons vivre avec eux pour ne pas dire à leur place ! Après on s’étonne des conséquences : perte de l’estime de soi, repli, abstention, haine de l’autre qui déclasse…

Ce sont aussi les lois et réglementations qui pour gérer la crise de logement, ont contraint des salariés à sortir du logement social.

Le parc social, qui était initialement conçu pour tous, tend, depuis une vingtaine d’années à se concentrer sur le logement des familles modestes. La « spécialisation sociale du parc HLM » s’est progressivement imposée.

Par ailleurs, le logement HLM est maltraité car les financements qui permettaient d’en construire ont petit à petit été grignotés par l’Etat. L’aide à la Pierre est substituée par l’aide à la personne. Ce qui est une erreur économique et sociale.

Les aides à la pierre, ont été drastiquement réduites, depuis plus de 40 ans. Baissées par Sarkozy à 800 millions d’euros, elles baissent à 400 millions en 2015 par Hollande, 500 millions en 2016 mais 250 de l’Etat, 250 piquées dans les caisses des OPH.

Ici nous demandons que les politiques et techniciens qui n’ont que cette solution mirage « la mixité sociale » prennent une mesure : supprimer la loi Boutin pour stopper la paupérisation du logement social, élever les plafonds, obliger toutes les villes à construire des logements sociaux, redonner les moyens aux collectivités locales de développer des services publics de proximité, prendre les milliards mis dans des niches fiscales immobilières afin d’augmenter l’aide à la pierre pour construire plus et faire baisser les loyers, et penser dès la construction à la baisse des charges et au développement durable.

Repenser l’école dans les quartiers populaires me semble indispensable en termes de moyens mais aussi de contenus pédagogiques, plutôt que de diluer les couches populaires.

Bref, il faut respecter les personnes qui habitent dans les villes et quartiers populaires, car c’est de là et avec ce principe que se construira un monde plus humain pour toutes et tous, un monde commun. De belles habitations à loyer modéré, outils du droit au logement pour toutes et tous, peuvent contribuer à ce monde.

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