Gennevilliers, cérémonie du 8 mai 1945

Patrice Leclerc
Gennevilliers

Discours Patrice Leclerc 2014

Cérémonie du 8 mai 1945

Chers amis, anciens déportés, internés, combattants de la Résistance,

Monsieur le Conseiller général,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes réunis en ce jour pour célébrer le 69ème anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde guerre mondiale.

 

Ce jour-là, le 8 mai 1945, la paix était enfin retrouvée, après 6 années de guerre et de destruction. Le bilan est dramatique : plus de 60 millions de morts, militaires et civils. Le conflit le plus meurtrier du siècle dernier laisse derrière lui des événements sans précédent : le génocide des Juifs et des Tziganes, l’horreur d’Hiroshima et Nagazaki et des millions de personnes déplacées, sans oublier la France et l’Europe dévastées.

A Gennevilliers, on compte neuf fusillés par les nazis. Parmi eux, Jean Grandel, ancien maire de Gennevilliers et conseiller général ; Jean-Pierre Timbaud, directeur des œuvres sociales de notre ville et responsable syndical ; Georges Thoretton, jeune ouvrier syndicaliste du Carbone Lorraine. 61 morts en déportation, 27 dans les camps. Au total, 314 victimes gennevilloises, sans compter les disparus dont le nom restera à jamais inconnu.

Cette date, gravée pour toujours dans la mémoire des Français, reste le symbole de la liberté retrouvée et du sacrifice de nos anciens pour un monde meilleur. Nous rendons aujourd’hui hommage à ces femmes et ces hommes que la mémoire collective ne doit oublier.

Partout en France, et aussi dans le monde, les commémorations sont l’expression de la volonté des hommes de continuer à se battre pour les valeurs qui nous unissent : paix et justice, égalité et respect, partage et vivre-ensemble. Dans un monde qui connaît encore des conflits meurtriers, soyons porteurs d’un message d’espoir : oui la paix est possible, ce n’est pas une vaine entreprise, c’est une noble cause qu’il faut s’attacher à défendre.

Le devoir de mémoire, c’est se souvenir du sacrifice de ces femmes et de ces hommes qui se sont battus pour la liberté, le droit à la vie et à la démocratie, contre le fascisme et la barbarie.

Ce jour doit être pour nous tous une leçon de courage et d’espoir pour nos enfants, un message de paix pour s’unir contre la folie des hommes, comme l’ont fait ces Français d’horizons géographique, social, politique, religieux différents, ces soldats de l’Armée d’Afrique ou ces tirailleurs sénégalais et à leurs côtés les troupes alliées.

N’oublions pas également que le 8 mai 1945 a une autre résonnance de l’autre côté de la Méditerranée. En Algérie, c’est dans la répression sanglante que se terminent les manifestations des Algériens sortis à Sétif pour réclamer leur dignité et leur indépendance.

La commémoration du 8 mai 1945 rappelle notre devoir auprès des générations de préserver la paix entre les peuples et la fraternité qui se dessine à Gennevilliers par nos liens étroits et la coopération avec nos villes jumelées (Bergkamen, La Banesa, Ostrowieck), par nos actions de solidarité avec la Palestine et le combat des Palestiniens pour une paix juste et durable. C’est dans ce cadre que de nombreux collégiens et lycées se sont rendus à Auschwitz il y a quelques années et qu’ils ont également rencontré Raymond Aubrac à maintes reprises. Nos jeunes adolescents se rendent chaque année sur les plages du débarquement et au cimetière américain. Madame Veronique Desmettre Borel, conseillere municipale chargée des anciens combattant et du travail de mémoire, prend à cœur d’organiser, avec vous et d’autres élus, la commémoration de l’an prochain pour le 70e anniversaire de la libération des camps et de la fin de la guerre. Une commémoration qui devrait associer se tourner vers la jeunesse.

Les dernières semaines nous ont montré combien nous devons rester prudents et alertes, face à la montée irrésistible du Front national. Le combat contre le racisme et la lutte contre les discriminations constituent des points d’honneur sur lesquels nous ne transigerons pas. Notre ville, forte de sa diversité sociale et culturelle, sera toujours fière de rassembler les forces vives locales autour des valeurs du vivre-ensemble.

Enfin, le 8 mai 1945 a été le jour du renouveau, avec la perspective de jours meilleurs et de combats politiques et sociaux : sécurité sociale, régime des retraites généralisé, lois sociales ouvrières et agricoles, droit de vote des femmes. L’Etat prendra désormais en charge certains risques de la vie : vieillissement, chômage, maladie.

 Ces combats fièrement acquis sont notre héritage que nous nous devons de préserver et de défendre contre un monde capitaliste de plus en plus agressif. A l’heure où la rentabilité financière domine la force du travail, notre époque a besoin de fructifier les idéaux de la Libération, de replacer l’homme  et son travail dans nos priorités et au centre de nos préoccupations.

Pour conclure, je voudrais vous lire ces quelques mots écrits par Jean-Pierre Timbaud à sa femme et sa fille, avant son exécution :

« Toute ma vie j’ai combattu pour une humanité meilleure, j’ai la grande confiance que vous verrez réalisé mon rêve. Ma mort aura servi à quelque chose ».

Notre présence aujourd’hui est le signe que ces mots n’ont pas été vains et qu’ils ne le seront jamais.

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