Ecoles: Rumeurs sur le genre, ça sent mauvais !

Patrice Leclerc
Actualités générales

Il y a des faits qui montrent bien que la société va mal. Il suffit que quelques petits groupes fassent circuler une rumeur via les sms ou internet et ça marche : des centaines de personne y croient, se font le relais du mensonge. C’est le principe de la rumeur me direz-vous!

C’est tout de même inquiétant. Peu de personne vérifie les dire, peu exerce son esprit critique, son libre arbitre pour éviter de se faire manipuler… Tout cela sur un fond de peur de l’autre, de la différence, pour ne pas dire d’obscurantisme. Faut-il dire aux adultes comme aux enfants: il ne faut pas croire tout ce qui est dit sur internet ! Faut-il dire qu’il est préférable, quand on a un doute, d’en parler, de se parler, de rencontrer les autres…

Un article dans l’Humanité du 27 janvier 2014

Des organisations d’extrême droite appellent à des «journées de retrait de l’école» pour dénoncer une prétendue introduction de la « théorie du genre » dans les classes.

 

«L’éducation sexuelle est prévue en maternelle avec démonstration» ; «Ils vont apprendre aux élèves à se masturber» ; « Ce sont les enseignants qui décideront si vos enfants seront filles ou garçons»… Depuis des mois, des organisations proches de l’extrême droite et de la Manif pour tous font courir les plus folles rumeurs sur l’introduction d’une prétendue «théorie du genre» dans les programmes scolaires. Une propagande délirante, qui vise les ABCD de l’égalité, ces modules pédagogiques testés depuis janvier dans quelques centaines de classes et destinés à lutter contre les stéréotypes sexistes dès la maternelle (lire notre édition du 3 décembre 2013). Cette mobilisation virulente vient d’inaugurer un nouveau mode opératoire : les « journées de retrait de l’école » (JRE).

La semaine dernière, de nombreux parents de l’est de la France ont reçu, par SMS ou ­e-mails sauvages, une invitation à ne pas mettre leur enfant en classe le 24 janvier, en signe de protestation. Résultat ? Dans certaines écoles de la banlieue de Mulhouse et de Strasbourg, on a dénombré jusqu’à un tiers d’absents ! En région parisienne, un même appel a été lancé pour aujourd’hui. Avec un certain écho. Comme dans cette maternelle d’un quartier populaire de Nanterre (Hauts-de-Seine). «Cela a créé une grande confusion chez les parents, témoigne Claudine, la directrice. Un papa nous a même demandé s’il était vrai qu’un sexologue allait venir dans les classes ce lundi!»

Les recteurs se veulent rassurants

L’appel national à ces JRE remonte au 18 décembre 2013. Il est l’œuvre de la romancière et cinéaste Farida Belghoul, figure historique de la Marche pour l’égalité et contre le racisme dans les années 1980 et désormais proche d’Égalité et Réconciliation, l’association du polémiste d’extrême droite Alain Soral. Sur le site Internet dédié à cette initiative, Farida Belghoul, dans des vidéos à fort relent conspirationniste, ­dénonce la « propagande LGBT » destinée à « apprendre l’homosexualité » aux élèves ou encore appelle à « protéger la pudeur et l’intégrité de nos ­enfants ». Parmi les liens recommandés, on retrouve la Manif pour tous, le Printemps français ou l’Action française.

Le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, a alerté le ministère de l’Éducation nationale. Les recteurs et inspecteurs d’académie devraient transmettre aux écoles des « outils d’information » à distribuer aux parents d’élèves afin de les rassurer. Suffisant pour tordre le cou à la rumeur?

Une théorie du genre fantasmée. « La » théorie du genre n’existe pas. En revanche, il existe des «études de genre». Le terme remonte aux années 1950 et désigne, selon l’Institut du genre, «tout ce qui, dans la construction de l’identité sexuelle et dans la formation de la division entre les sexes, relève de mécanismes d’ordre social et culturel». Ces études ne nient pas les différences biologiques entre personnes, mais réfutent l’idée qu’elles se traduisent en différences psychologiques et comportementales. 

 

« Théorie du genre » : des universitaires alsaciens contre la rumeur

Après avoir provoqué un absentéisme inhabituel dans un certain nombre d’écoles bas-rhinoises vendredi dernier, suscitant les réactions du rectorat et de la Ville de Strasbourg, l’initiative des « anti-genre » risque-t-elle de gagner le Haut-Rhin ? Le site des JRE (pour « Journée de retrait de l’école ») annonce en tout cas une date pour Mulhouse, en février, tout en s’abritant derrière l’anonymat d’organisateurs, impossibles à joindre. 
Les contradicteurs de ce mouvement utilisant largement les réseaux sociaux, qui tiennent à faire l’information face aux rumeurs, s’affichent, par contre, de plus en plus clairement. Parmi eux, un groupe d’universitaires alsaciens, dont nous publions ci-dessous la tribune : 

Pour en finir avec les idées reçues.
Les études de genre, la recherche et l’éducation : la bonne rencontre

Depuis quelques jours, les élèves et les parents d’élèves sont harcelés de mails et de SMS provenant d’associations extrémistes qui propagent la rumeur selon laquelle, parce que « le genre » est introduit dans les programmes scolaires, leurs enfants seraient en danger à l’école. Non seulement cette manœuvre de déstabilisation des parents est révoltante (les enfants ont été privés d’école) mais de plus cette rumeur est totalement mensongère.
NON, les enfants ne sont pas en danger. Non, il n’y aura pas de projection de films « sexuels » à l’école, et les garçons ne seront pas transformés en filles (et inversement).
NON, la prétendue « théorie du genre » n’existe pas. Le genre est simplement un concept pour penser des ré
alités objectives. On n’est pas homme ou femme de la même manière au Moyen-Âge et aujourd’hui. On n’est pas homme ou femme de la même manière en Afrique, en Asie, dans le monde arabe, en Suède, en France ou en Italie. On n’est pas homme ou femme de la même manière selon qu’on est cadre ou ouvrier. Le genre est un outil que les scientifiques utilisent pour penser et analyser ces différences.
OUI, les programmes scolaires invitent à réfléchir sur les stéréotypes de sexe, car l’école, le collège, le lycée sont le lieu où les enseignants promeuvent l’égalité et le respect mutuel, où les enfants apprennent le respect des différences (culturelle, sexuelle, religieuse). 
OUI, l’école est le lieu où l’on permet à chacun, par les cours de français, d’histoire, de SVT, d’éducation civique, d’éducation physique, de réfléchir sur les conséquences néfastes des idées reçues et d’interroger certains préjugés, ceux qui ont fait que pendant des siècles un protestant ne se mariait pas avec une catholique, ceux qui font que l’on insulte encore aujourd’hui une ministre à cause de sa couleur de peau, ceux qui font que des petits garçons sont malmenés aux cris de « pédés » dans la cour de l’école, ceux qui font que Matteo n’osera jamais dire qu’il est élevé et aimé par deux mamans, ceux qui font qu’Alice veut mourir car on la traite de garçon manqué, ceux qui créent la haine et la discorde.
Les études de genre recouvrent un champ scientifique soutenu par le Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et le CNRS, et elles ont des utilités nombreuses dans l’éducation et la lutte contre les discriminations : ces études et ces travaux existent à l’université depuis longtemps. Ainsi, l’Académie de Strasbourg organise une journée de formation continue sur cette question, à destination des professeurs d’histoire géographie et, à l’Université de Strasbourg, un cours d’histoire des femmes et du genre est proposé dans la licence de Sciences historiques, tout comme, par exemple, plusieurs cours de sociologie, de sciences de l’éducation, d’anthropologie portent sur le genre. Des séances de sensibilisation aux questions d’égalité entre les sexes sont intégrées dans le parcours de formation des enseignants du primaire et du secondaire. 
« Vati liest die Zeitung im Wohnzimmer. Mutti ist in der Küche. ». Voilà comment les petits Alsaciens apprenaient l’allemand, à travers les aventures de Rolf et Gisela, dans les années 1980. Réfléchir sur le genre, c’est réfléchir sur les effets de ce type de messages.
En permettant aux élèves de se demander pourquoi les princesses ne pourraient pas aussi sauver les princes, en montrant que, selon les lieux et les époques, les rôles des hommes et des femmes ont varié et que l’amour a des formes multiples, les chercheurs, les enseignants et les professeurs des écoles permettent aux enfants, citoyens et citoyennes de demain, de construire un monde plus égalitaire et plus harmonieux.

Les signataires : Sandra Boehringer, maîtresse de conférences, faculté des sciences historiques, Université de Strasbourg (Unistra) ; Philippe Clermont, maître de conférences, Ecole supérieure du professorat et de l’éducation, Unistra ; Jean-Pascal Gay, maître de conférences, faculté des sciences historiques, Unistra ; Estelle Ferrarese, professeure, faculté des sciences sociales, Unistra ; Céline Petrovic, chargée d’enseignement, faculté des sciences de l’éducation, Unistra ; Sylvie Monchatre, maître de conférences, faculté des sciences sociales, Unistra ; Frédérique Berrod, professeure de droit, spécialiste de droit de l’Union européenne, institut d’étude politique, Unistra ; Claire Metz, maître de conférences en psychologie clinique, Ecole supérieure du professorat et de l’éducation, Unistra ; Thomas Brunner, professeur agrégé, faculté de sciences historiques, Unistra ; Anne Thevenot, professeur en psychologie clinique, faculté de psychologie, Unistra ; Alexandre Sumpf, maître de conférences, faculté des sciences historiques, Unistra ; Odile Schneider-Mizony, professeure de linguistique, faculté des langues et cultures étrangères, Unistra ; Corinne Grenouillet, maître de conférences, faculté des lettres, Unistra ; Dominique Schlaefli, ingénieur de recherches, service formation continue, Unistra ; Loup Bernard, maître de conférences et archéologue, faculté des sciences historiques, Unistra ; Isabelle Laboulais, professeure, faculté des sciences historiques, Unistra ; Céline Clément, professeure en psychologie et sciences de l’éducation, Ecole supérieure du professorat et de l’éducation, Unistra ; Michele Audin, professeure, UFR mathématiques et informatique, Unistra ; Florence Lecomte, chargée de recherche, institut de recherche mathématique avancée, CNRS et Unistra ; Fabienne Muller, maître de conférences, faculté de droit / institut du travail, Unistra ; Michel Koebel, maître de conférences, faculté des sciences du sport, Unistra ; François Bonnarel, ingénieur de recherche CNRS, unité mixte de recherche CNRS/Unistra « observatoire astronomique de Strasbourg » ; Nicole Poteaux, professeure émérite de sciences de l’éducation, faculté de sciences de l’éducation, Unistra ; Hervé Polesi, maître de conférences associé, faculté des sciences sociales, Unistra ; Audrey Kichelewski, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, faculté des sciences historiques, Unistra ; Mélanie Jacquot, maîtresse de conférence en psychologie clinique et psychopathologie, faculté de psychologie, Unistra ; Corine Pencenat, maître de conférences, faculté des arts, Unistra ; Nicolas Poulin, ingénieur de recherche, UFR de mathématiques et d’informatique, Unistra ; Roland Pfefferkorn, professeur, faculté des sciences sociales, Unistra ; Patricia Legouge, chargée d’enseignement, faculté des sciences sociales, Unistra ; Anne Masseran, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication, ITIRI-lsha, Unistra ; Eric Tisserand, professeur agrégé, Ecole supérieure du professorat et de l’éducation, Unistra ; Valérie Lozac’h, maîtresse de conférences, Institut d’études politiques, Unistra ; Vincent Dubois, professeur de science politique, Institut d’études politiques, Unistra ; Sébastien Michon, chargé de recherche CNRS, laboratoire SAGE/Unistra ; Pascal Maillard, professeur agrégé, faculté des lettres, Unistra ; Isabelle Hajek, maître de conférences, faculté des sciences sociales, Unistra ; Thierry Ramadier, directeur de recherche, laboratoire sociétés, acteurs, gouvernement en Europe, CNRS et Unistra ; Ioana Cirstocea, chargée de recherche, CNRS, UMR 7363 SAGE, Unistra ; Philippe Chavot, maître de conférences, faculté de sciences de l’éducation, Unistra ; Marie Augier, agrégée, chargée de cours, faculté des sciences historiques, Unistra ; Patricia Caille, maîtresse de conférences, département information-communication, IUT Robert Schuman, Unistra ; Françoise Olivier-Utard, maître de conférences, institut de recherches interdisciplinaires sur les sciences et les technologies, Unistra ; Eric Fries Guggenheim, maître de conférences, faculté des sciences économiques et de gestion, Unistra ; Agnes Duclos, technicienne de recherche et de formation, Institut d’études politiques, Unistra ; Anne-Véronique Auzet, professeure, faculté de géographie et d’aménagement, Unistra ; Magdalena Hadjiisky, maître de conférences, Institut d’études politiques, Unistra ; Yasmina chadli, agent administratif, IUT louis pasteur, Unistra ; Hélèn
e Michel, professeure de science politique, Institut d’études politiques, Unistra ; Julien Gossa, maître de conférences, département informatique, IUT Robert Schuman, Unistra ; Jay Rowell, directeur de recherche CNRS, Unistra ; Jean-Pierre Djukic, directeur de recherche au CNRs institut de chimie de Strasbourg, Unistra ; Brigitte Fichet, maître de conférences honoraire, faculté des sciences sociales, Unistra ; Anne-Sophie Lamine, professeure, faculté des sciences sociales, Unistra ; Nicolas Belorgey, chargé de recherche, CNRS et Unistra ; Gaëlle Lacaze, maître de conférences en ethnologie, faculté des sciences sociales, Unistra ; Catherine Delcroix, professeure, faculté des sciences sociales, Unistra ; Vincent beal, maître de conférences, faculté des sciences sociales, Unistra ; Nicolas Cauchi-Duval, maître de conférences, faculté des sciences sociales, Unistra ; Julie Sedel, maître de conférences en sociologie et en science politique, IUT Robert Schuman, Unistra ; Niilo Kauppi, directeur de recherche au CNRS, laboratoire SAGE, Unistra ; Solenne Jouanneau, maître de conférences en science politique, IEP de Strasbourg, Unistra ; Jean-Yves Bart, traducteur, projet Europe, Unistra ; Jacques Haiech, professeur de biotechnologie, faculté de pharmacie, Unistra ; Michelle Poloce, PRCE IUT Louis Pasteur, Unistra ; Michaël Gutnic, maître de conférences, UFR mathématique et informatique, Unistra ; David Bousquet, professeur agrégé, centres de ressources de langues, Unistra ; Christian de Montlibert, professeur émérite, faculté des sciences sociales, Unistra

 

Appel paru dans l’Alsace.fr http://www.lalsace.fr/actualite/2014/01/29/theorie-du-genre-des-universitaires-alsaciens-contre-la-rumeur

 

un tract fait par la FCPE Caillebotte à Gennevilliers

Information sur la journée de retrait des enfants de l’école

            Depuis la fin de la semaine dernière, des tracts, SMS, appels sur les réseaux sociaux invitent les parents à retirer leurs enfants un jour par mois de l’école, celle-ci étant accusée d’introduire la théorie du genre dans son enseignement. Une rumeur sans fondement. Si l’école est bien visée par des réformes que nous pouvons estimer contestables, l’introduction de la théorie du genre n’est pas à l’agenda du gouvernement. Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, l’affirmait ce mardi 28 janvier 2014 : « Il y a un certain nombre de parents qui, m’a-t-on dit, ont été inquiets, se sont laissé prendre à cette rumeur totalement mensongère selon laquelle (…) à l’école, on apprendrait aux petits garçons à devenir des petite filles. Tout ça est absolument faux, il faut cesser ».

Ce qui existe cependant, c’est le lancement dans dix académies d’un nouveau programme, « l’ABCD de l’égalité » qui vise à lutter contre les stéréotypes liés au genre, ces clichés qui creusent les inégalités entre hommes et femmes dans notre société. En gros, il s’agira de faire comprendre aux enfants que Juliette peut devenir pompier, et Sami infirmier, s’ils le souhaitent. Nous sommes donc bien loin des aberrations effrayantes qui circulent sur les réseaux sociaux ou par textos, évoquant la mise en place de cours de masturbation ou encore l’intervention de transsexuels dans les classes de maternelle et de primaire.


Derrière cette manipulation figure un collectif: JRE 2014. Cette organisation est l’oeuvre de Farida Belghoul, proche du polémiste d’extrême-droite Alain Soral. 
           

Nous appelons tous les parents d’élèves du groupe scolaire Caillebotte à se montrer vigilants face à la diffusion d’informations non vérifiées. Nous leur demandons d’envisager avec prudence ces mots d’ordre envoyés par sms qui, infondés, attisent les peurs et troublent le bon fonctionnement de la vie scolaire de nos enfants. 

Nous nous tenons à la disposition de tous les parents qui s’interrogent ou doutent, pour échanger ou débattre.

Les parents élus du groupe scolaire Caillebotte

Pour information, une réunion d’information avec le maire et l’inspecteur d’académie aura lieu à l’école Anatole France, ce vendredi 31 janvier, à 17h45

Lien utile : http://www.cndp.fr/ABCD-de-l-egalite/accueil.html

 

 

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