Le maire de Gennevilliers écrit au Ministre de l’Education nationale

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Gennevilliers

Monsieur le Ministre,

Le précédent gouvernement avait imposé, sans aucune concertation, un calendrier du rythme scolaire qui ne donnait pas satisfaction, notamment quant à ses conséquences pour l’enfant. Ceci se cumulait à sa décision de suppression des formations et des postes d’enseignants, de remise en cause des RASED. L’école a perdu sous la précédente législature des moyens pourtant déjà insuffisants, autant de questions  particulièrement sensibles qui doivent faire l’objet d’une attention concomitante à celle des rythmes scolaires.

Toutes les études montrent que l’école reproduit les inégalités sociales. C’est pourquoi nous partageons l’idée qu’on ne peut en rester au statut quo, d’importantes réformes sont nécessaires pour développer une école publique de qualité concourant à la réussite et à l’épanouissement des enfants. Il faut donc revoir l’organisation scolaire en termes de rythme de l’enfant, mais aussi dans le cadre d’une réflexion et de décisions plus globales, touchant notamment à la démocratisation de L’Education nationale.

Lors d’un premier débat du Conseil municipal en février 2013, nous avons pris alors la décision de ne pas mettre en service la réforme portant sur l’aménagement des rythmes scolaires en septembre 2013. Nous pensons que la précipitation cumulée à l’absence de moyens pour cette réforme risquent d’accroître les inégalités territoriales, car selon les moyens des villes, les T.A.P., pour leur mise en place et dans la durée, seront plus ou moins de qualité. Elle constitue un transfert de charge supplémentaire pour les villes à un moment où le gouvernement a décidé de baisser leur dotation de fonctionnement. Les inégalités, qui existent déjà, seront donc renforcées.

Dans le même temps notre ville a décidé de développer ses politiques éducatives pour donner le meilleur aux enfants. Des inégalités sociales d’utilisation des activités culturelles et sportives ont déjà cours ; nous voulons les corriger par l’élargissement des publics.

Nous avons donc souhaité qu’il soit donné à la réflexion le temps nécessaire et avons demandé à l’Education nationale de l’organiser localement, sous sa responsabilité, avec les parents et les enseignants, dès le printemps 2013.

Depuis septembre 2013 quatre rencontres se sont par ailleurs tenues au sein du Conseil Local Educatif sur le principe d’un travail partagé avec l’Education nationale, les parents et la Ville, pour approfondir le sens de la démarche. Réflexions et échanges éclairés par les exposés et démonstrations de Madame Claire Leconte, chronobiologiste, sur l’importance de tenir compte du rythme de l’enfant.

Lors de ces débats, a été discutée l’organisation de la semaine, La fédération des Parents d’élèves a organisé une large consultation des parents, d’où se dégage nettement une préférence pour le mercredi matin. A également été abordée la question des moyens nécessaires pour les apprentissages, pour que l’Education nationale reste nationale.

Concernant les Temps d’Activités Périscolaires, pour l’épanouissement et la réussite de l’enfant, les échanges ont porté sur la nécessité de leur gratuité afin que tous les enfants puissent y participer, sans exception, et bénéficier d’activités éducatives, culturelles et sportives de qualité. Ce qui représente des coûts importants pour notre collectivité. La ville consacre déjà  en moyenne 3000€, par an et par enfant, pour leurs activités sur les temps scolaires, périscolaires et extrascolaires.

La démarche développée pour l’élaboration concertée du projet est d’autant plus confortée par les conclusions du dernier rapport PISA qui pointe les échecs en matière d’éducation, en particulier dans les territoires d’éducation prioritaires comme Gennevilliers,  pour une part importante de toute une classe d’âge en France. Nous considérons que, dès la maternelle, les  moyens pour les apprentissages et ceux de l’épanouissement de l’enfant, en tenant compte de son rythme, sont les clés de voûte de sa future réussite tout au long de son cursus.

A l’issue des ces débats la ville a présenté ses propositions aux partenaires. Propositions originales et expérimentales, qui tiennent compte avant tout de l’intérêt de l’enfant, de son rythme, tant sur le contenu des T.A.P. que l’organisation des demi-journées et des réalités locales.

Nos propositions en tant que ville

Des propositions communes aux écoles maternelles et élémentaires :

  • Sur la semaine mettre en place des matinées plus longues et des après-midi plus courts
  • Élargir la pose méridienne avec au minimum ¼ d’heure en plus
  • La gratuité des activités organisées par la ville sur le Temps d’activité Périscolaire (T.A.P.)

-Concernant les maternelles

Nous sommes en interrogation sur la forme et le moment où le Temps d’Activité Périscolaire doit se dérouler, car tous les spécialistes soulignent l’importance pour les jeunes enfants de la sécurité affective et donc la nécessité de ne pas multiplier les adultes référents. Nous avons donc demandé à Monsieur l’Inspecteur de l’Éducation Nationale qu’un groupe de pilotage travaille spécifiquement sur cette question. Le premier groupe de pilotage s’est tenu le 15 novembre dernier et nous mettons en place, en janvier prochain, un conseil scientifique avec la participation de Madame Leconte  pour nous appuyer dans nos réflexions.

-Concernant les élémentaires

Nous proposons l’organisation suivante de la semaine de l’enfant :

-Des matinées de cours rallongées à 3 heures 36 en moyenne, pour réduire les cours de l’après-midi à 2 heures et maintenir un total de 24 heures de cours par semaine sur 5 journées (Soit 8 demi-journées d’enseignement par semaine, se répartissant en 5 matinées dont le mercredi matin et 3 après-midi) ;

-Un après midi de 2 heures de T.A.P. pour favoriser l’organisation et la qualité  des activités, ainsi que l’usage des équipements municipaux.

Concernant les 2 heures de T.A.P. il est proposé que dans chaque école, des classes de niveaux différents aient T.A.P. sur les 4 jours de la semaine pour des besoins de locaux et de personnels.

Les T.A.P. sont organisés en 5 cycles sous forme de parcours :

Un parcours sportif

Un parcours de découvertes artistiques

Un parcours Expression

Un parcours Sciences T.I.C.E. et Découvertes

Un parcours Citoyenneté

Chaq
ue enfant de chaque niveau bénéficie dans l’année des 5 parcours.

Nos directions (Culture, Sport, Enfance, Citoyenneté) travaillent sur la qualité de ces parcours et leur contenu ainsi qu’à l’effort de formation de nos professionnels, tant pour les cycles que pour la pause méridienne.

-Les activités des T.A.P. sont gratuites, l’objectif est d’y faire participer tous les enfants

-Une pause méridienne étendue de 15 minutes, pour atteindre 1 heure 45 et améliorer les conditions d’accueil des enfants.

-Un horaire différencié d’entrée en classe de 10 minutes entre les maternelles et les élémentaires pour permettre de laisser le temps aux parents d’accompagner les fratries

-Des horaires d’entrée et de sortie de classe ou de T.A.P. qui restent inchangés tout au long de la semaine : de 8 heures 40 à 16 heures en élémentaire, afin de faciliter l’organisation des parents.

 

 

Or, contre toute attente, lors de la présentation de ces propositions à Monsieur le Directeur académique des services de l’Education nationale des Hauts-de-Seine, ce dernier est resté dans son interprétation restrictive des circulaires de votre Ministère, sans aucune ouverture sur l’originalité et le caractère expérimental du projet et sa cohérence pour l’enfant, par :

 

-Un refus strict et incompréhensible de l’organisation des demi-journées qui respectent pourtant les 24 heures de cours par semaine, sur 5 jours.

Vous comprendrez, Monsieur le Ministre, que notre proposition est beaucoup plus cohérente que celle qui consisterait à faire 36 minutes de cours en début d’après-midi, avant les deux heures de T.A.P., ramenant ainsi à trois heures les cours de la matinée, mais respectant le principe des 9 demi-journées.

Que fait-on en 36 minutes si l’on compte le temps de la mise en route du cours ?

Convenez, Monsieur le Ministre, qu’une telle perspective qui respecterait mieux une interprétation sans nuances de la loi, ne répondrait pas au souci que vous partagez certainement de l’attention à porter aux enfants et à leur rythme ainsi qu’à l’utilisation complète et efficace des 24 heures d’enseignement.

-Un refus de prendre en compte le temps de la réflexion, encore plus nécessaire dans les territoires d’éducation prioritaire, concernant la question des T.A.P en maternelle et notre proposition de ne mettre en place des projets définitifs que quand ils seront prêts, sans obligatoirement être tenus par la date butoir de septembre 2014.

Je suis certain, Monsieur le Ministre, que vous serez très attentif à nos propositions, réfléchies et travaillées sur le fond, dans un souci d’efficacité dans un territoire d’éducation prioritaire, toujours dans l’intérêt de l’enfant, et vous demande en conséquence de bien vouloir nous donner votre accord.

Je vous demande également, par la présente, de bien vouloir recevoir, dès janvier 2014, une délégation composée de représentants de parents, d’enseignants, de la ville et de son personnel afin de vous présenter l’intérêt d’expérimenter nos propositions.

Vous remerciant de toute l’attention que vous voudrez bien porter à ce courrier,

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma haute considération.

Jacques BOURGOIN

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