Jacques Coubard, un ami, un camarade nous a quitté

admin
Gennevilliers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je pense à Michèle sa compagne, ses enfants, ses petits enfants et Annick sa soeur, en ces moment douloureux. Un hommage public sera rendu à Jacques Coubard ce mardi 12 juin à partir de 18h30 au siège du journal l’Humanité.

voici l’hommage rendu par l’Huma son journal:

Jacques Coubard, ancien rédacteur en chef adjoint de l’Humanité, est décédé mercredi 6 juin.

Issu d’une vielle famille communiste du Maine-et-Loire, il était né à Trélazé le 8 octobre 1929. Mère couturière, grand-père mineur des ardoisières, membre du Parti ouvrier Guesdiste, père métallurgiste puis agent de lignes aux PTT, il était très fier de ses origines ouvrières et militantes. Père et grand-père furent résistants, le premier interné à Pithiviers, le second à Châteaubriant puis à Voves. Et lui-même, qui adhéra à la Jeunesse communiste en août 1944 participa à créer un groupe de JC à Trélazé et portait les tracts clandestins que son père distribuait.

Adhérant au Parti communiste en mars 1945 à Levallois, il fait ses premières armes dans la presse en devenant responsable de l’hebdomadaire communiste de la ville.

Après des études secondaires au lycée de Suresnes, il passe la première partie du baccalauréat. Mais ses amis communistes, ouvriéristes, vont le convaincre d’abandonner ses études en 1949, pour devenir fraiseur, métier qu’il n’exercera pas.

Ecole du PCF, Ecole centrale de journaliste, il entre à l’Humanité le 1er Août 1950 à la rubrique politique, dirigée alors par Jean Recanati, avant de faire son service miltaire d’octobre 1950 à octobre 1951, puis de travailler pour l’Humanité-Dimanche en 1953.

De janvier 1956 à mai 1958 il est correspondant permanent de l’Humanité à Varsovie. C’est là qu’il vit, douloureusement mais avec  clairvoyance, l’épisode du XXème congrès du Parti communiste soviétique et de la dénonciation des crimes de Staline. Il y lit le rapport Khrouchtchev qui se « vendait au marché noir » en Pologne, comme il le raconte en 2006 lors d’un colloque sur « Le PCF et l’année 1956 » organisé par les Archives départementales de Seine-Saint-Denis. Il y raconte comment il reçoit Octave Rabaté, héros du PCF, ancien déporté, venu spécialement à Varsovie qui « s’effondre alors, tout d’un coup, devant moi, en larmes ».

Il raconte aussi sa visite aux ouvriers de Poznan et sa conviction « que les choses ne sont pas tout à fait comme on le disait, que ce n’était pas la classe ouvrière au pouvoir ». Et il dévoile cette censure dont il a été l’objet lorsque son article sur Poznan, pourtant passé dans la première édition de l’Humanité-Dimanche, a été retiré de la seconde édition pour « erreur d’appréciation ». Et il explique en aparté que, reçu par Etienne Fajon à son retour en France, celui-ci, plutôt d’accord avec lui, n’a pu faire autrement.

Mais les vicissitudes de sa vie de journaliste communiste n’ont entamé en rien sa profonde conviction de militant pour une transformation progressiste de la société.

De 1958 à 1978 Jacques Coubard est membre de la rubrique de « politique extérieure ». Il sillonne le monde de la Grèce des colonels à l’Afghanistan en guerre. Mais son terrain de prédilection devient progressivement le Proche-Orient. Il écrit d’ailleurs un livre sur « la guerre des six jours »(*), effectue de nombreux séjours en Egypte ou en Palestine. Son souvenir d’un reportage avec les Fedayns palestiniens qui l’avaient fait participé à un accrochage armé contre l’armée israélienne ne manque pas de sel, même s’il a entendu les balles siffler de très près. Enfin, Jacques Coubard est surtout un rédacteur en chef adjoint très apprécié de ses collègues à partir de 1978. Toujours au fait de l’actualité la plus récente, il lit la moindre dépêche, à la recherche de ce qui fera l’actu et la « une » du journal du lendemain. Ce qui ne l’empêche pas de parcourir encore le monde, envoyé spécial à Pékin en juin 1989 pour dénoncer la répression à Tienanmen, ou à Bagdad en 1990 contre la guerre.

En retraite en décembre 1996, il n’en continue pas moins une collaboration active. Toujours à l’affut des nouveautés technologiques (il est un des premiers au journal à travailler sur un ordinateur personnel) il est en responsabilité du site internet de l’Humanité à ses débuts. Ensuite il continue à suivre la politique américaine sur laquelle il écrit des analyses toujours pertinentes.

En 1953, Jacques Coubard se marie avec Lisette Grynstein, comptable, qui devint en 1965 conseillère municipale de Gennevilliers où le couple s’installe. Ils ont eu deux enfants. C’est là qu’ils connurent une petite voisine de père algérien et de mère allemande, qui venait chez eux et qui devint une grande actrice : Isabelle Adjani. Celle-ci, dans une interview au Monde en 2000, expliquait « chez eux, il y avait beaucoup de bonheur. … ils recevaient parfois des artistes : Jean Ferrat, Mélina Mercouri. On parlait d’Aragon, on allait à la cinémathèque… leur monde était plein de promesses. » Jacques en parlait toujours avec beaucoup de tendresse.

Jacques Coubard était un journaliste communiste plein d’humanité. Que sa compagne, Michèle, ses enfants et petits-enfants trouvent ici toute la sympathie des personnels de l’Humanité.

(*) Ouvrages écrits par Jacques Coubard : Mikis Théodorakis, Julliard 1968, La guerre des six jours, Editions sociales 1968, Nasser, Editeurs français réunis, 1973

Lucien San-Biagio

Laisser un commentaire