du 7 juin au 29 aout 2010 – EXPOSITION VINCENT TREU – LA DEFENSE

Plate, interminable, la place publique s’étire entre les alignements d’immeubles majuscules, cimes de métal et de verre. Vallée sourde, fond de reg, elle pourrait faire son lit de solitude. Pourtant, chaque jour, surgissant des entrailles, à heures fixes, des femmes et des hommes, particuliers laborieux et pressés, la sillonnent en tous sens. Pour qui connaît La Défense, l’esplanade est en effet un formidable vivier, un trampoline qui cherche son ciel. Le sculpteur Vincent Treu a depuis longtemps inventé le fil à couper le vent : il dresse de hautes silhouettes en tubes d’acier, des amandes, des flammes, des lames, des aiguilles… Sa sculpture est faite à la fois de pudeur et de monumentalité.
Depuis toujours, il se mesure au métal, plus particulièrement au tube qu’il courbe, plie, soude et redresse comme le prestidigitateur ses boudins de baudruche pour amuser les enfants avec des animaux fantastiques. Toute sculpture de Vincent Treu porte en elle la prouesse technique, l’argument du travail, et ce qu’il faut de jeu, ce qui l’arrache gracieusement du sol. Les sculptures sont de plus en plus imposantes, échappent à toute gravité.


A La Défense, les créations pointues ne cherchent pas noise aux haies des immeubles environnants, mais
plutôt, par leur hauteur, leur élan, consacrent l’espace public.
Un semis de promesses…
Des lignes, des courbes, des circonflexes, des contractions bizarres… Il y a de l’incise – vocabulaire de diamantaire – et du dessin comme une trajectoire qu’on lit avec le recul nécessaire, un rêve de Nazca urbain…
A La Défense, Vincent Treu a choisi d’élever des sculptures de très grandes dimensions. Discrètes de conception, épurées, elles n’en font pas moins irruption. Elles opposent au flux horizontal des passants quelque chose d’aussi ambitieux qu’une rampe de lancement.
On ne pourra pas les oublier de sitôt.
Benoît Decron
Conservateur en chef du patrimoine,
Musée Pierre Soulages
Rodez

Laisser un commentaire