Conseil national su PCF des 8 et 9 septembre 2006

Intervention de Roger Martelli

Nous n’échapperons pas au carcan du face-à-face entre libéral-populisme et social-libéralisme si la gaucher antilibérale est divisée. Si cette dispersion devenait une fatalité, les électeurs de gauche seraient inexorablement tentés de se réfugier, soit dans le vote utile, soit dans le vote purement protestataire, qui nous desservent l’un comme l’autre.

Or rien ne peut faire accepter l’idée de cette fatalité. Depuis la victoire du 29 mai 2005, des dizaines de milliers de militant-es et de citoyen-es se sont réunis, ont affirmé l’exigence d’une convergence le plus près possible de l’arc de gauche rassemblé dans la victoire du Non. Ils ont travaillé, ils continuent de travailler. Ils ont avancé. Ce serait un cadeau formidable au PS et à la direction actuelle de la LCR que de sous-estimer ces avancées. Un accord se dessine aujourd’hui autour d’une ligne stratégique qui affirme tout à la fois la volonté de gagner des majorités et d’exercer des responsabilités, et l’impossibilité de conclure des accords sur la base des options sociales-libérales actuelles du PS. Du point de vue des orientations programmatique, un cadre général d’accord est constitué autour de la Charte antilibérale des collectifs du 29 mai. Ce cadre va s’enrichir encore de propositions concrètes, d’autant mieux – je le dis entre parenthèses – que les communistes, sans hésiter, modestement mais fermement, s’y engageront avec leur programme, leurs propositions, pour contribuer à l’œuvre commune et pas pour « faire la différence ». Enfin, l’accord se fait sur la nécessité de ne pas en rester à l’incantation mais de s’engager, ensemble, dans des campagnes pour disputer le terrain aux forces du consensus, pour gagner une majorité de gauche, pour que la gauche gagne et pour qu’elle réussisse.

Reste à prolonger cette base solide d’accord politique pour aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à des candidatures communes antilibérales. Nous n’avons pas d’autre choix que la recherche passionnée de cette mise en commun. Ne nous imaginons pas que nous pourrions, d’une façon ou d’une autre, tirer les marrons du feu de l’échec de ce rassemblement. Si nous le pensions, nous risquerions d’en payer lourdement l’addition, en 2007 et, au-delà, dans les élections territoriales qui s’ensuivront.

Nous avons fait une offre politique ; elle est là ; elle fait partie du paysage politique. Mais nous ne serons pleinement utiles à la construction antilibérale commune qu’à deux conditions :

1. Qu’il soit clair que nous n’avons pas de solution alternative à la stratégie du rassemblement antilibéral. Notre objectif n’est pas une candidature du PCF, ce n’est même pas une candidature communiste de rassemblement. Pour l’instant, nous proposons une candidature communiste du rassemblement, décidée et portée par le rassemblement antilibéral. Mais ce qui prime dans notre visée pour 2007 c’est qu’émergent partout des candidatures du rassemblement : c’est pour parvenir à ces candidatures que nous nous battons.

2. La seconde condition est donc qu’il soit clair que, allant jusqu’au bout de la logique du rassemblement antilibéral, nous nous engagerons de toutes nos forces dans la bataille pour le succès des candidatures du rassemblement, dès l’instant où ces candidatures seront le fruit de la construction sérieuse, collective, telle que les militants antilibéraux l’ont engagée depuis plus d’un an.

Je termine par une suggestion. Nous avons fait une offre politique et rien ne conduit à y renoncer à ce jour. Mais nous avons un devoir absolu de lucidité. Si cette offre politique passe réellement, si elle crée autour d’elle du consensus, ce sera bien sûr pour nous et pour la gauche une excellente nouvelle. Mais s’il s’avère que, au bout du compte, les obstacles dressées contre elles pénalisent sa capacité réelle – je dis bien réelle, et non pas de principe – alors il nous faudra en toute conscience choisir. Ou bien maintenir une candidature communiste qui, quoi que nous voulions, serait perçue comme une candidature du seul Parti communiste français, avec tous les risques que cela suppose. Ou bien favoriser l’installation d’une candidature qui, parfaitement compatible avec nos valeurs, pourrait porter en même temps les aspirations de toutes les autres composantes du rassemblement.

Inutile d’ajouter que, de ces deux hypothèses, j’exclus et j’appelle à exclure la première.

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