24/03/06 intervention générale sur l’enseignement

Intervention generale sur l’enseignement

 Intervention de Catherine Margaté
Monsieur le Président, Chers collègues,
A grands renforts médiatiques, vous vous faisiez fort, il y a un peu plus d’un an, d’impulser une politique ambitieuse pour les collèges, de donner à chaque jeune toutes ses chances de réussir sa scolarité, quelque soient les revenus des familles.

Où sont ces ambitions aujourd’hui ? L’auto-satisfaction qui se dégage de la plupart des rapports ne peut masquer la persistance des problèmes rencontrés par les collèges. Il est le lieu où les inégalités apparaissent les plus fortes, là où les choix budgétaires de l’Etat continuent de toucher plus gravement encore les enfants de milieux populaires.
Le collège souffre de restrictions budgétaires massives :
–          20 000 emplois ont été supprimés en 4 ans, 4 500 nouvelles suppressions sont annoncées pour la rentrée 2006,
–          les ZEP sont remises en cause,
–          des milliers d’emplois de surveillance ont été supprimés
–          et l’encadrement éducatif , essentiel dans l’accompagnement des jeunes en difficultés : conseillers principaux d’éducation, conseiller d’orientation-psychologue, assistantes sociales, infirmières ont été divisé par deux.
Après la loi Fillon, définissant le socle minimum de connaissances et une formation professionnelle utilitariste, en adéquation avec le marché de l’emploi, la mise en place de l’apprentissage dès 14 ans… C’est la loi Borloo et le plan dit de cohésion sociale qui  préconisent, à travers le programme dit de « réussite éducative », la prise en charge de l’échec scolaire hors de l’école.  
Les mesures De Robien concernant les ZEP participent à cette détestable politique du renoncement. C’est l’annonce d’une « nouvelle relance » des ZEP à moyens constants alors que tous les analystes insistent sur la faiblesse des moyens qui lui ont été accordés. Annonce renforcée par la concentration quasi exclusive des mesures annoncées sur les collèges, laissant croire qu’il n’y aurait pas de problème en amont et qu’il n’est pas nécessaire de s’attaquer aux processus de ségrégation sociale, urbaine et scolaire qui produisent une paupérisation et une précarisation croissantes.
Seulement trois collèges Ambition Réussite seraient créés dans le 92, les autres établissements du département risquent de sortir de ZEP et de perdre ainsi les moyens alloués.
Dans les collèges, la grande majorité des Conseils d’administration a voté contre la DGH. 1000 postes sont annoncés pour les collèges « Ambition Réussite » alors que 3500 postes seraient supprimés dans le second degré. Des postes financés sur les dotations horaires de tous les collèges qui se verront amputer d’une demi-heure prise sur les heures non affectées destinées au dédoublement  ou au soutien des élèves de 5ème et de 4ème.
Les jeunes des milieux populaires porteraient, de par leur origine, une sorte de handicap socioculturel devant lequel l’institution scolaire serait, pour l’essentiel, impuissante et devrait adapter des objectifs diversifiés aux différents publics. C’est dans cette perspective que vous inscrivez vos propositions pour les « jeunes méritants issus des quartiers ». Cette stigmatisation, ce mépris affiché en dit long… le responsable de l’échec, ce serait le jeune, la famille, le milieu social d’origine.
L’école de la justice, de l’égalité et de la réussite implique, au contraire, de s’attaquer avec détermination aux inégalités sociales.
Parce que nous ne nous résignons pas à l’échec scolaire, aux discriminations et aux injustices sociales fondées sur la possession des savoirs, nous luttons pour une école de la réussite pour tous.
Lutter de façon déterminer contre l’inégalité scolaire suppose de réaffirmer l’exigence d’un service d’éducation nationale qui ne saurait être considérée comme une activité marchande, dont les missions doivent obéir aux principes de laïcité de l’enseignement et des personnels de l’Etat, de gratuité tout au long de la scolarité, d’obligation scolaire et d’égalité pour tous les élèves face à l’éducation.
C’est donc dans ce contexte d’exigences que nous rappelons nos propositions pour que l’action du Département ne néglige pas ses champs de compétence. 
 
·         Poursuivre et accélérer la construction de nouveaux collèges pour desserrer les effectifs avec l’objectif qu’aucun collège ne dépasse un effectif au-delà de 500 à 600 élèves notamment en zones sensibles. Je rappelle ici que la subvention au pôle Léonard de Vinci équivaut toujours à la construction d’un collège par an et l’urgence d’un 4ème collège à Gennevilliers.
·         Revenir à un autre équilibre entre des subventions de fonctionnement qui prennent mieux en compte les difficultés des établissements et les outils de la scolarité : voyages scolaires, sorties culturelles, transports et accélération de la mise en place des équipements informatiques.
·         Augmenter les crédits de l’aide départementale à la demi-pension en engageant une seconde étape du dispositif départemental : sa mise en place dans tous les collèges, seule mesure d’équité. Quant à l’Aide départementale actuelle nous demandons le bilan collège par collège.
·         Instaurer une bourse de rentrée de 150 € pour les collégiens. Rien ne peut remplacer cette aide aux frais de la scolarité estimé à 275 € pour le collège. Une scolarité qui rappelons-le devrait être gratuite pour tous.
·         Inscrire les crédits nécessaires à la poursuite des bourses lycéens et étudiants du département. 1971 lycé
ens et 1660 étudiants en ont bénéficié en 2004, mais seulement 950 lycéens et 1908 étudiants en 2005. Une mesure sociale bienvenue que devrait poursuivre le département.
·         Voter des crédits complémentaires pour la carte Imagyn’R de 276,50 € en attribuant dans un premier temps, comme plusieurs autres départements, une subvention générale permettant à tous les collégiens et lycéens de bénéficier du tarif 2 de 142,30 € et les boursiers du tarif 3 de 52,80 €.
Notre dernier point porte sur les sommes englouties par le pôle Léonard de Vinci : 17,7 M€ contre 17,4 l’an dernier et toujours la même opacité du budget. Ce sera bien évidemment la plus grosse critique que nous apportons à ce budget car il s’agit bien là, de la poursuite d’un choix élitiste et coûteux, supporté pour près de 70% par les contribuables du département.
Je vous remercie de votre attention.

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