Les communistes mettent Sarkozy en difficulté

Le conseil général des Hauts-de-Seine se réunissait en séance plénière ce vendredi 21 Octobre 2005. C’est une gauche offensive qui a donné le ton devant une droite atone.

 

«Etonnant», c’est ce qu’il se disait dans les couloirs du Conseil général à l’heure de la pause repas. En effet, les élus communistes ont fait plusieurs interventions extrêmement critiques sur la gestion du département devant un Nicolas Sarkozy évitant de répondre et une droite faisant le gros dos. Etonnant car le président de l’UMP avait habitué l’auditoire à plus de combativité. Refus de répondre ou impréparation sur les dossiers, en tout cas la droite semblait en difficulté ce vendredi matin. La séance commençait avec une manifestation des agents des services sociaux du département, en désaccord avec les restructurations en cour. Ils voulaient ainsi soulever le problème de manque de moyens et des mauvaises conditions pour le travail social dans le département. La conseillère générale Nadine Garcia fit une intervention remarquée et argumentée sur les incohérences de la politique sociale impulsée par Nicolas Sarkozy. Ce dernier s’est réfugié dans le silence en passant tout de suite aux délibérations suivantes.

Ce fut ensuite comme une stratégie du Président de l’UMP: ne pas répondre aux critiques des conseillers généraux communistes et socialistes. Tout faire pour éluder le débat. Il réussit à tenir ce cap jusqu’à l’intervention de Jacques Bourgoin qui mettait en opposition les déclarations et les actes du département en matière de logement à propos du plan départemental d’action pour le logement des personnes défavorisés (PDALPD). Ce plan est un dispositif qui devrait permettre à des familles en situation d’habitat précaire d’accéder à un logement décent. «Or, (…) ce qu’il se prépare entre l’Etat et le Conseil général des Hauts-de-Seine, c’est un plan qui envisage de baisser les objectifs quantitatifs ». Alors qu’il faut doubler le plan, ce plan baisse les objectifs de 850 à 550. Le conseiller général communiste dénonçait, devant l’ancien maire de Neuilly, le fait que les 16 villes des Hauts-de-Seine qui ont moins de 20% de logements sociaux refusent tout effort de solidarité. Le Président du conseil général «prit la mouche» en accusant «la mauvaise foi» de Jacques Bourgoin sans démentir en réalité l’argumentation de l’édile gennevillois. Puis il s’emporta suite à l’intervention de Patrice Leclerc au sujet de la SEM Coopération. Ce dernier l’interpellant vivement sur les affaires judiciaire en cours à la SEM coopération «Pourquoi, vous, qui êtes prêt à passer les cités de la Seine-Saint-Denis au karcher, n’êtes vous pas prêt à dépoussiérer la SEM Coopération ?» et de continuer «Au-delà, de la conjoncture, (…) c’est bien au fond que nous contestons l’existence de la SEM COOPERATION. Supprimez toute implication du secteur marchand dans le processus de coopération (…). Je réitère cette proposition : mettez fin à cet écran inutile pour les contribuables et de véritables actions de coopération qu’est la SEM COOPERATION ». Piqué au vif, Nicolas Sarkozy s’en pris «vertement» à l’élu gennevillois, pour l’accuser d’utilisation politicienne d’une affaire judiciaire et de conclure sa diatribe par un « je vous méprise » des plus magistral. Au final, les communistes faisaient remarquer que Nicolas Sarkozy ne répondait pas à la question : «allait-il oui ou non dissoudre la SEM Coopération ?».

Cet affrontement continua sur les pôles de compétitivité. Si les socialistes et la droite votèrent le rapport, les communistes et les verts ne l’approuvèrent pas. Patrice Leclerc notait en séance à propos des fonds publics donnés aux entreprises que «Visiblement l’obligation de résultat, dont vous parlez souvent Monsieur le Président, n’est pas la même quand vous parlez aux chômeurs, aux Rmistes, à la jeunesse, à la police, aux fonctionnaires ou aux patrons…. C’est votre gouvernement UMP qui a supprimé la loi sur le contrôle des fonds publics alloués à l’emploi. (…) Loin de réduire la menace de délocalisation, cette politique encouragera les délocalisations entre régions, entre sites. (…) Allons nous monsieur le Président, verser de l’argent public à Toulouse et Bordeaux pour accueillir les entreprises de l’aéronautique des Hauts-de-Seine et nous, dans les Hauts-de-Seine, augmenter notre budget d’action sociale pour aider les chômeurs, les salariés laissés pour comptes lors des délocalisations ? » Questions laissées sans réponse.

 

Denis Ozenne

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