Intervention sur le personnel départemental

Intervention de Michel Laubier

Monsieur le Président, cher(e)s collègues,

Nous avons tous été interpellés par la grogne des agents, leur arrêt de travail d’hier midi, leur première manifestation il y a quelques semaines où ils se sont retrouvés à 300 dans la cour d’honneur du conseil général – « une scène peu habituelle » , indiquait d’ailleurs le journal local.

Ces agents sont inquiets, à différents titres :

à Comme l’ensemble des agents de la fonction publique, ils savent bien que leur pouvoir d’achat, déjà bien mince, s’est effrité durant ces dernières années, à raison d’1 % par an, ce qui n’est pas mince pour des salaires souvent modestes.

à Mais au-delà du contexte national, ils éprouvent une inquiétude bien réelle quant à la façon dont leur activité se déroule ici, dans l’exercice de leurs missions de service public.

Comme je l’ai déjà dit hier dans le cadre du débat budgétaire, nous partageons cette inquiétude.

Les différents documents qui nous ont été remis ces dernières semaines montrent à l’évidence que le dialogue social avec les différentes catégories de personnel comporte certaines lacunes. Sans doute convient-il d’y remédier, et le plus vite serait le mieux.

Toutes ces préoccupations sont légitimes, je le répète.

Mettons-nous un instant à la place de ce personnel départemental, qui entend la semaine passée son propre patron parler de « proposer aux fonctionnaires d’être moins nombreux, mais mieux payés » et de « développer la rémunération et la promotion au mérite ».

Omniprésente dans les débats qui traversent notre pays ces dernières semaines, la question du service public dans le département, et avec lui la place des agents départementaux qui l’assurent au quotidien, mérite que l’on s’y attarde quelque peu.
Depuis plusieurs années, nous attirons régulièrement l’attention du département sur des demandes en matière sociale par exemple, quand nous considérons que les travailleurs sociaux ne sont pas assez nombreux pour répondre à des besoins qui ne cessent de croître, hélas. La qualité du service public rendu à l’usager dépend pour une grande part du nombre et de la qualité des agents l’exécutant. Lorsque nous entendons que les départs en retraite par exemple ne seront pas remplacés, ou alors au coup par coup, nous pouvons, nous aussi, montrer notre étonnement pour ne pas dire plus.
Les habitants de notre département, comme partout en France, sont très attachés à leurs services publics. Certains autres départements ont fait le choix d’une politique de service public beaucoup plus ambitieuse que la nôtre, en y mettant des moyens conséquents. Y compris dans des domaines comme l’eau et l’assainissement, où l’on peut faire le pari d’un retour à une gestion publique, comme nous le réclamons depuis longtemps.
Cela demande de placer le service public au cœur du projet départemental, car il est fédérateur, il est de nature à réduire la fracture sociale, à permettre au plus grand nombre l’accès à certains services et à certaines prestations. Nous savons que cela ne fait pas partie des valeurs que vous avez l’habitude de défendre ; la majorité de cette assemblée fait davantage confiance au marché, et à l’initiative privée, comme nous l’avons découvert récemment avec l’attribution du marché de l’insertion des Rmistes à une société d’intérim bien connue, au détriment du service public.
Nous vous invitons à bien prendre la mesure de cette colère qui monte dans les rangs de vos propres salariés ; elle est à l’image du paysage social de notre pays, qui ne souhaite pas se voir avaler par le rouleau compresseur du libéralisme sauvage.

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