Un courrier à la direction fédérale du PCF
Chère Brigitte,
J’ai bien reçu ton courrier de demande de parrainage de la candidature de Marie-George Buffet à l’élection présidentielle.
J’ai apprécié le fait que tu aies personnalisé ce courrier pour prendre en compte nos débats et « déceptions de n’avoir pas pu décider d’une candidature commune unitaire antilibérale ». Je te remercie sincèrement de cette attention. Elle est la marque d’une écoute politique et du respect des points de vue.
Je ne peux cependant pas répondre positivement à ta demande.
Je considère en effet, qu’à la suite et comme la LCR, le PCF fait, non pas une erreur, mais une faute politique grave en rompant avec le processus de construction d’une nouvelle offre politique aux élections présidentielles avec une candidature unitaire antilibérale. Cette nouvelle offre aurait permis de créer une dynamique électorale crédible permettant de sortir du bipartisme, du choix entre social libéralisme et libéral populisme. Elle aurait permis de redonner espoir à toutes ces électrices et ces électeurs qui cherchent à avoir un vote utile. Utile parce qu’il va compter, utile parce qu’il va être signifiant dans le paysage politique actuel. Elle aurait permis de lutter contre l’abstention en recréant de l’espoir dans les milieux populaires, chez les jeunes, chez les ex de tout bord.
J’ai en tête les propos exprimés par les camarades C.Mazauric, J. Ralite, G. Séguy, L. Sève, M. Simon avant la décision du Parti d’entrer en campagne : « Continuer à argumenter auprès de nos partenaires en faveur de notre choix est une chose. Apparaître comme nous y enfermant quoi qu’il advienne en serait une toute autre, et du plus grave effet. Car alors on serait en partance pour une alternative des deux côtés prohibitive : maintenir la proposition, malgré bien des signaux d’alerte, jusqu’à son refus par les collectifs unitaires le 10 décembre, éventualité grosse de périls, voire d’affrontements désastreux dans le mouvement et dans le parti lui-même ; ou parvenir à les y rallier sans convaincre, voire en indisposant une forte minorité, c’est-à-dire en cassant d’emblée une bonne part de la dynamique unitaire enthousiaste dont dépend à l’évidence la nécessaire ampleur du succès. » N’est-ce pas ce que nous vivons ?
Je ne souhaite donc pas soutenir une candidature qui ne correspond pas aux enjeux politiques actuels, à ce dont auraient besoin les hommes et les femmes qui souffrent des politiques de droite, celles et ceux qui rêvent d’un autre monde.
Mais il n’est pas trop tard pour bien faire. Le parti communiste peut encore remettre avec d’autres « l’ouvrage sur le métier » pour participer et contribuer à une dynamique unitaire pour une alternative au capitalisme. La situation politique n’est pas figée, n’est jamais figée.
Je ne te cache pas que je m’interroge fortement sur mon adhésion à un parti qui perdurerait dans cette faute politique. Je le fais avec difficulté, avec douleur et tristesse. C’est plus dur que lorsque j’ai décidé de quitter mes responsabilités organisationnelles. Le PCF, c’est des bons et des mauvais cotés, mais surtout des amis et des camarades de combat. C’est aussi la matrice dans laquelle je me suis formé. Un espace politique dans lequel je me suis épanoui depuis 1979. Quasiment une famille. Je sais d’expérience que quitter la famille aura, malheureusement, des conséquences négatives aussi sur des liens humains tissés au fil des années. Je les redoute.
Dans l’attente d’une décision, que je prendrai en fonction des décisions du parti, et de l’évolution de mes réflexions, je te propose de me considérer en congé de parti d’ici au premier tour des présidentielles.
Le 5 juin 2002, je signais une tribune dans l’Humanité intitulée « ensemble, faisons un enfant ». Je continue à me fixer cet objectif politique. « Communiste unitaire » j’agirai avec le parti communiste à chaque fois que je serai en accord, comme j’agirai avec toutes les composantes de la gauche antilibérale. Les débats internes du PCF m’intéressent de moins en moins, d’autant que je vois venir « gros comme une maison » le fait que ceux qui ont poussé Marie-George Buffet à être candidate, êtres les premiers à la dénigrer une fois les élections passées. Une certaine logique du pire semble être en route. Les enjeux d’appareils vont dominer.
Je vais donc accroître mon investissement dans Alternative citoyenne, essayer de développer mes liens de travail avec les citoyennes et les citoyens de Gennevilliers et du département pour faire grandir l’action et la réflexion en ce sens et contribuer à répondre à l’aspiration des jeunes, des salariés et citoyens qui ont besoin de transformer cette société.
Si les camarades n’y voit pas d’inconvénient je continuerai à être membre du groupe communiste au Conseil général. Je reste aussi à la disposition du Parti et des communistes, comme de tous les citoyens, comme conseiller général.
Voilà chère Brigitte, l’état de mes réflexions. Je t’assure que je veillerai à ne pas laisser la place à des formes d’amertumes ou de rancœur souvent inutiles.
Amicalement,
Patrice Leclerc
NB : J’arrête de cotiser au PCF mais pour des raisons d’éthique personnelle je continuerai à reverser mes indemnités au PCF. Je suis toujours d’accord avec ce beau principe.
Le 5 juin 2002, je signais une tribune dans l’Humanité intitulée « ensemble, faisons un enfant ». Je continue à me fixer cet objectif politique. « Communiste unitaire » j’agirai avec le parti communiste à chaque fois que je serai en accord, comme j’agirai avec toutes les composantes de la gauche antilibérale. Les débats internes du PCF m’intéressent de moins en moins, d’autant que je vois venir « gros comme une maison » le fait que ceux qui ont poussé Marie-George Buffet à être candidate, êtres les premiers à la dénigrer une fois les élections passées. Une certaine logique du pire semble être en route. Les enjeux d’appareils vont dominer.
Patrice Leclerc
NB : J’arrête de cotiser au PCF mais pour des raisons d’éthique personnelle je continuerai à reverser mes indemnités au PCF. Je suis toujours d’accord avec ce beau principe.