Le programme novateur des « Cités Educatives », principale proposition mise en œuvre du rapport Borloo, se développe avec enthousiasme et espoir dans 200 territoires emblématiques de la politique de la ville.
Né d’une expérimentation de terrain, son ambition est de dépasser les dispositifs d’étayage des politiques publiques dans les quartiers, mis en place depuis 40 ans à travers la politique de la ville et l’éducation prioritaire. Malgré leur apport, les efforts de « discrimination positive » trouvent leurs limites là où la difficulté sociale est trop forte, là où chacun agit encore souvent en ordre dispersé. Agir concomitamment sur la cohésion sociale et l’éducation des jeunes, telle est l’ambition collective des cités éducatives, avec un pilotage organisé entre la préfecture, l’éducation nationale et le bloc communal. La méthode est ascendante, associant pleinement la vision d’ensemble du territoire, grâce à un Etat mobilisant les politiques de droit commun, et permettant notamment un dialogue fluide avec l’Education nationale.
Nous, maires, élu-e-s engagé.e.s dans le « programme » cités éducatives, pour une éducation pour toutes et tous, sommes sensibles aux inquiétudes témoignées par le Comité National d’Orientation et d’Evaluation des cités éducatives, dans une récente tribune publiée dans Le Monde sur le pilotage interministériel du programme. En effet, si le ministre de la Ville et du Logement a su rassurer sur sa pérennité jusqu’en 2027, le silence du ministère de l’Education nationale, qui travaille pourtant sur la mixité sociale et la refonte de l’éducation prioritaire, ne cesse de nous inquiéter.
Le risque est de voir banaliser les cités éducatives et d’en faire un simple dispositif vertical parmi tant d’autres, là où elles ont démontré leur grande agilité à faire le lien avec toutes les politiques publiques développées sur les territoires. Elles perdraient dans cette hypothèse leur capacité à mobiliser et coordonner les grandes politiques en matière d’éducation, de sport, de culture et de cohésion sociale, sans la légitimité nécessaire pour mobiliser les forces citoyennes de nos territoires.
Dans l’esprit de « l’appel de Grigny » d’octobre 2017, nous revendiquons un droit de regard sur l’avenir de ce programme emblématique, tant au plan national que local, pour en conserver l’ambition fondatrice et l’esprit partenarial sur le terrain. C’est pourquoi nous espérons du gouvernement des objectifs réaffirmés, des garanties de moyens et un pilotage partagé, pour les cités éducatives et la prochaine génération de contrats de ville.
SIGNATAIRES :
Beaudet Stéphane, Président de l’AMIF, Maire d’Évry-Courcouronnes,
Bisson Michel, Président de Grand Paris Sud
Kuchel Emilie, Présidente du Réseau Français de Villes Educatives, Maire adjointe de Brest
Leproust Gilles, Président de Ville et Banlieue, Maire d’Allonnes,
Rolland Johanna, Présidente de France Urbaine, Maire de Nantes,
Allouch Damien, Maire d’Épinay-sous-Sénart
Arenou Catherine, Maire de Chanteloup le Vignes
Aubry Martine, Maire de Lille
Barseghian Jeanne, Maire de Strasbourg
Belsola Laurent, Maire de Port de Bouc
Bourgeais Agnès, Maire de Rezé
Boux Anne-Claire, Adjointe à la maire de Paris
Chaimovitch Patrick, Maire de Colombes
Cuillandre François, Maire de Brest
Doucet Grégory, Maire de Lyon
Gricourt Marc, Maire de Blois.
Hurmic Patrick, Maire de Bordeaux
Jarry Patrick, Maire de Nanterre
Leclerc Patrice, Maire de Gennevilliers.
Moncond’huy Léonore, Maire de Poitiers
Moyse Joachim, Saint-Etienne-du-Rouvray
Nedjar Djamel, Maire de Limay
Payan Benoît, Maire de Marseille
Pichery Marie-Line, Maire de Savigny-le-Temple
Piriou Bruno, Maire de Corbeil-Essonnes
Raffalli Stéphane, Maire de Ris-Orangis
Rigault Sophie, Maire de Saint-Michel-sur-Orge
Rio Philippe, Maire de Grigny
Souid Cheikh Imène, Maire d’Orly
Sulli Renzo, Maire d’Echirolles
Touzon Jean, Maire de Lormont
Vielhescaze Camille, 1er adjoint à la maire de Cachan
Vignot Anne, Maire de Besançon