Si l’on prend au sérieux le rapport du GIEC, ce n’est plus à la transition mais à la rupture écologique qu’il faut s’atteler. Il en va de la survie de l’espèce humaine, de nos petits-enfants. Les communistes doivent interroger un mode de pensée progressiste du XIX et XXe siècle, reposant sur une conception des forces productives, du progrès, en capacité de résoudre tous les problèmes auxquels est confronté l’Humanité.
Interroger notre mode de penser mais ne rien lâcher sur notre visée communiste, car celle-ci est rendu nécessaire par la rupture écologique indispensable. Dans Le manifeste communiste, Karl Marx écrit : « Chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses ressources durables de fertilité. Plus un pays […] se développe sur la base de la grande industrie, plus ce procès de destruction s’accomplit rapidement. La production capitaliste ne développe donc la technique […] qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travail. »
Engels de son côté écrivait dans Dialectique de la nature : « Nous ne devons pas nous vanter trop de nos victoires humaines sur la nature. Pour chacune de ces victoires, la nature se venge sur nous. » (…) « Les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la (…), comme quelqu’un qui est en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons […], que nous sommes en son sein. »
Pourquoi n’avons-nous pas suffisamment pris cela en compte dans notre folie productiviste? Nous avons fait preuve d’un idéalisme désastreux. Gaia, notre terre est vivante, créée par le vivant dont nous faisons partie et pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité en capacité de déstabiliser notre écosystème au point de créer les conditions d’une euthanasie de l’espèce humaine.
Il s’agit donc, pour les communistes, de penser et d’agir pour une émancipation humaine, dans un monde aux ressources finies, dans un rapport interdépendant au vivant permettant de maintenir les conditions d’habitabilité de la planète. Notre critique du capitalisme se renforce de l’accusation de celui-ci, qu’il soit libéral ou d’État, d’être responsable du gâchis de ressources, d’épuisement de la planète en même temps que d’exploitation de l’Homme par l’Homme, à des fins d’accaparement privée des richesses créées.
Notre question politique n’est pas seulement une meilleure répartition des richesses créées, mais aussi et, c’est là notre originalité communiste: un changement des modes et des rapports de production. Il faut sortir du capitalisme qui crée des besoins artificiels pour développer des profits. Notre objectif n’est pas de vivre comme des bourgeois, de gaspiller comme eux, de valoriser la concurrence entre individu, de hiérarchiser les métiers et donc les personnes. En ce sens, notre action politique doit proposer à la jeunesse une autre conception de notre vie en société, de la définition des besoins, de la façon de produire, une autre échelle des valeurs qui ne mesure pas la réussite à la quantité de marchandises consommées, mais au bonheur des liens humains retrouvés. Disputons-nous pour inventer un nouvel art de vivre populaire qui s’inscrive dans la chaine du vivant, respectueux, des différentes manières d’être vivant, d’être humain dans la construction de commun. Invitons à « trouver le temps de vivre », à travailler pour vivre et non l’inverse.
L’utilité communiste dans notre monde contemporain, ne peut échapper à la réponse à nos crises de civilisations qui interrogent, entre autres, sur:
- Comment lutter contre les inégalités sociales tout en consommant moins de ressources?
- Comment produire moins et autrement permet de baisser le temps de travail, d’ouvrir la possibilité de la déprolétarisation de la production pour redonner au producteur la maitrise du mode de production, du sens de son travail, de l’organisation de celui-ci? Comment penser et agir pour changer les modes de production agricole et industriel pour s’inscrire dans le cycle de vie de la planète?
- Comment une société qui fait de la frugalité heureuse un moyen de repenser notre lien au vivant comme nos rapports entre humains nous inscrit dans un mouvement réel qui remet en cause toutes les dominations, économiques, sociales, de genre, ainsi que sur la nature. Cela ne nécessite-t-il pas l’appropriation sociale des moyens de production pour sortir des eaux glacées du calcul égoïstes? Celle-ci ne se traduisant pas seulement par une propriété d’État mais par de multiple expérimentation d’autogestion de régies publiques, de coopératives, des fonctions de l’État…
- Comment constituer des communautés humaines qui construisent des communs, qui n’opprime pas les désirs singuliers, qui aide les singularités à s’affirmer tout en générant un pouvoir d’agir collectif ?
Les jours heureux ne se pensent pas à l’aune d’un passé mythifié du capitalisme monopoliste d’État mais au regard des enjeux du XXIe siècle pour une humanité développant tous les bonheurs possibles dans un rapport respectueux du vivant et créant des communs.
Patrice Leclerc
Maire de Gennevilliers
Auteur d’un essai « Inventons un nouvel art de vivre populaire » aux éditions Arcane 17
Merci por ce texte
Je suis d’accord avec votre regard , votre projet, votre stratégie: il faut composer la ville, l’espace urbain pour le meilleur épanouissement des individus et personnes: nous avions déjà échangé à l’Arsenal !!
Dites moi le lieu de la signature de votre ouvrage à Paris et date
Nous échangerons
Serge COLAS Architecte ABF, architecte du patrimoine
Bravo