Dans la Métropole du Grand Paris, il y a 450 000 demandeurs de logement pour 45 000 logements attribuables par an. Cela fait une moyenne de 10 ans d’attente. C’est insupportable. Cela a plusieurs conséquences :
- chasser les couches moyennes et populaires de la métropole,
- rendre impossible le relogement dans de bonnes conditions des femmes battues, des personnes qui se séparent,
- faire monter le prix des loyers dans le privé et alimenter les marchands de sommeil
- éloigner les habitants de leur lieux de travail d’où la pollution, la surpopulation dans les transports en commun
- rendre la vie insupportable pour des familles nombreuses dans des petits logements
Le seul moyen, dans notre Métropole, de lutter contre une gentrification qui chasse les couches moyennes et les couches populaires c’est de construire du logement social pour répondre à la demande. Une fois que j’ai dit cela, en général, j’entends « oui mais pas trop, car cela fait des ghettos ! ». Cette idée reçue est le fruit d’une bataille idéologique, lancée sous Sarkozy pour discréditer le logement social et promouvoir « la France des propriétaires ».
Or, 70% de la population d’Ile de France est éligible au logement social. Qui osera dire que 70% de la population d’Ile-de France est une population qui compose ce que certain-es appellent les ghettos sociaux ? Ces 70% sont composés de personnes aux revenus modestes : infirmiers et infirmières, employé-es de mairie ou de Préfecture, ouvrier-es, jeunes étudiants, jeunes cadres,…. Bref, la « France normale ».
S’il y a des ghettos en Ile-de-France, ce sont des ghettos de riches qui refusent la moindre construction de logement social pour privilégier l’égoïsme de l’entre-soi. Et cela devient vrai dans 30 villes sur 36 dans les Hauts de Seine. Une étude démographique du Diocèse de Nanterre fait la démonstration qu’après avoir chassé les couches populaires du département des Hauts-de-Seine, ce sont maintenant les couches moyennes et les retraités qui ne peuvent plus y vivre.
L’Etat doit donc prendre ses responsabilités en obligeant les maires qui ne construisent pas de logement social à en construire. Il doit financer les constructions via « l’aide à la pierre » pour faire baisser le cout des loyers. Plutôt que de mettre de l’argent dans des déductions fiscales favorisant la spéculation immobilière, il devrait transférer ces crédits sur la construction de logements sociaux. Il faut aussi relever les plafonds d’accès au logement social, pour permettre sa diversification sociale, faire de celui-ci un vrai outil du droit au logement pour toutes et tous.
La crise du logement social est et va devenir de plus en plus dramatique. C’est un véritable enjeu de société : la marchandisation du logement qui exclue ou le logement public qui inclus ?
Patrice Leclerc
Maire de Gennevilliers