« Eux et nous » ?
Que Jacques Bidet me pardonne, mais je donnerai ici que ce que j’ai retenu de l’ouvrage, plusieurs semaines après sa lecture.
J’ai trouvé dans ce livre matière à réfléchir sur nos échecs mais surtout matière à penser une stratégie politique dans une période difficile pour « les héritiers » du marxisme. Ce livre prend à la fois de la hauteur et est de plain pied dans notre actualité. Jacques Bidet, n’hérite pas. Il pense, repense, critique le marxisme à l’aune du concept de « pouvoir-savoir » de Foucault, pour mettre en lumière ce « coup de force théorique qui est d’une extrême importance pour une définition de la structure moderne de classe ».
Il complexifie le caractère binaire de la lutte des classes. C’est avec cette complexité qu’il réfléchit sur l’expérience des pays socialistes où le « pôle des compétents » a pu spolier du pouvoir la « classe fondamentale ».
Il affirme la « nécessité pour la classe populaire de rechercher l’alliance avec les compétents-dirigeants ». Il livre cette réflexion : « L’hypothèse métastructurelle annonce un horizon stratégique défini : la classe fondamentale ne peut abattre le pouvoir de la classe dominante qu’en brisant la synergie existante entre ses deux pôles (capitaliste/compétents), c’est-à-dire en entraînant avec elle une part de la force vive qui est celle des compétents dirigeants. »
Il nous invite à penser les deux gauches, « l’une élitaire, l’autre populaire » » et confronte son approche « métastructurelle » aux ouvrages de Laclau et Mouffe, de Dardot et Laval ainsi que de Traveso. A lire donc !
Patrice Leclerc