Jeudi 10 novembre 2016 à 9h30, quelques jours après le début de la trêve hivernale, qui suspend toutes les expulsions locatives, le Maire de Gennevilliers, Patrice Leclerc, est convoqué devant le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Son tort selon le Préfet des Hauts-de-Seine, est d’avoir signé en avril dernier un arrêté interdisant les expulsions des locataires de bonne foi quand elles ne sont pas assorties d’une solution de relogement.
Pourtant, l’’expulsion d’un logement est une mesure lourde de conséquences. Les individus expulsés se voient rejetés violemment du corps social avec comme unique perceptive, de rejoindre les plus de 144 000 sans domicile fixe assignés à la résidence des trottoirs français. D’aucuns pensent que l’expulsion est une sanction légitime infligée aux mauvais payeurs. Certes, il s’en trouve, mais la grande majorité des expulsés sont des familles ou des gens isolés au bout du bout de l’espoir. Le chômage massif, la perte de santé, les ruptures familiales, sont autant de malheurs innocents, cause d’un nombre grandissant d’exclus. Comment s’en étonner dans un moment où les fragilités s’aggravent.
Le nombre d’expulsions locatives est en très forte progression. Le nombre de recours à la force publique, est en effet passé de 11.604 en 2014 à 14.363 en 2015, soit une progression de 24% sur un an. Un chiffre d’autant plus surprenant que le nombre d’expulsions locatives restait – relativement – stable depuis une dizaine d’années. La Fondation Abbé Pierre rappelle au passage que ce chiffre de 14.363 expulsions en 2015 n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, « les expulsions réalisées avec le concours de la force publique ne sont qu’une minorité des expulsions, compte tenu du fait que de nombreux ménages partent ‘d’eux-mêmes’ sans attendre les forces de l’ordre ». L’an dernier par exemple, on a ainsi compté 132.196 décisions de justice prononçant l’expulsion