(En pièce jointe l’article du Parisien du Dimanche 27 septembre 2015)
Mesdames et, Messieurs, Chers Ami es,
Bienvenue Madame colucci à Gennevilliers,
30 ans de restos c’est triste, mais ça se fête.
C’est parti d’une belle idée de Coluche de donner à manger à ceux qui n’ont rien, idée qui a germé un jour de février 1985. Cela devait être provisoire car dans l’idée de tout le monde, la société allait dans le futur, supprimer la misère. Nous sommes dans le futur, 30 ans après, non seulement la misère n’a pas disparu, mais les inégalités se sont accrues. C’est triste d’être obligé de fêter auj
ourd’hui encore l’existence des restos du cœur !
C’est la signature d’un chèque de 3 millions de francs (458 000 euros) aux impôts qui font dire à Coluche, je cite : « Avec tout le pognon que je donne, si tous les mecs qu’ont du blé comme moi s’y mettaient, on pourrait régler le problème et rien qu’avec l’argent de mes impôts je peux offrir près de 200 000 repas ! ».
Il venait là, de poser à sa façon la question, encore plus d’actualité aujourd’hui, du partage des richesses. Cette idée que les richesses créées dans notre société aillent aux nécessiteux est bien une des valeurs qui l’animait. L’absurdité de la situation c’est qu’aujourd’hui, nous créons plus de richesses qu’il y a trente ans, mais elles sont toujours accaparées par quelques uns.
Je pense à ce scandale, malheureusement non isolé du patron d’Alcatel, Michel Combes, qui va rejoindre SFR-Numéricable, qui en avril devait empocher 14 millions d’euros de bonus dans le cadre de son départ, et qui face à la polémique, percevra 7,9 millions d’euros … Mais c’est 7,9 millions d’euros de trop, cela représente 457 années au smic…. !
Nous ne vivons pas dans le même monde que ces gens qui le plus souvent comme le disait Figaro, dans la pièce le Mariage de Figaro de Beaumarchais, donnée à Gennevilliers pour la première fois en 1783, je cite : « Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donnés la peine de naître, et rien de plus ? »
Cette bourgeoisie égoïste, qui sans honte, explique aux salariés qu’il faut se serrer la ceinture, est la même que celle qui a refusé à Coluche il y a 30 ans d’accueillir les restos du cœur, dans les villes autour de nous.
Je suis fier des équipes municipales qui nous ont précédé, et notamment de l’équipe animée par Lucien Lanternier, avec Nicole Radenne comme maire adjointe, qui ont accepté il y a 30 ans de répondre positivement au courrier de Coluche daté du 18 décembre 1985. Fier que la générosité gennevilloise se soit, une fois encore exprimée, avec l’élévation d’un chapiteau le 21 décembre 1985 sur le terrain de rugby de notre ville.
Presque 30 ans plus tard, ce sont 130 millions de repas qui sont distribués par l’association des Restos du Cœur et la barre d’un milliard de repas servis depuis leur création a malheureusement été largement franchie.
Aujourd’hui, on parle de travailleurs pauvres, ce sont des jeunes, des retraités, des familles qui, grâce à l’activité des Resto du cœur mais aussi d’associations caritatives comme le Secours populaire, le Secours catholique, la Croix rouge, grâce à l’activité des bénévoles de ces associations, et permettez-moi de saluer aujourd’hui plus particulièrement les bénévoles des Restos du cœur, grâce à cette mobilisation, qu’ils vivent un peu mieux, pas bien, mais un peu mieux. Les politiques d’austérité en France et en Europe touchent toujours les plus pauvres, fragilisent les salariés.
Un monde est à remettre à l’endroit quand :
• Les 1% les plus riches détiennent ¼ de la richesse de la France.
• La France en 2014 à été le deuxième pays au monde après les États-Unis en termes de dividendes versés aux actionnaires soit 40,7 milliards de dollars.
Chaque anniversaire des Restos du cœur est le témoignage de l’échec des politiques économiques et sociales votées à l’Assemblée nationale, de l’échec d’une pensée unique en matière d’économie.
Coluche l’avait dit dès le début de l’aventure des Restos du Cœur en 1985: « On aura gagné quand les Restos n’existeront plus ».
Certes, le discours politiquement correct est qu’il faut aider les plus démunis. Mais la pratique quotidienne est bien d’envoyer des messages en assimilant le « social » à de « l’assistanat ». La dignité et la solidarité ne sont guère les sentiments dominants de notre époque.
Je veux saluer les bénévole qui, par leurs gestes simples, leur investissement ne sont pas que solidaires, ils sont dignes, ils invitent à la dignité, au respect. Nous sommes une société qui ne respecte pas les hommes et les femmes qui sont les plus en difficulté. Nous avons la volonté, ici à Gennevilliers, de faire respecter les Gennevilloises et les Gennevillois dans leur diversité. Ici, notre générosité humaine est d’autant plus belle que l’égoisme de Neuilly est laid.
Notre initiative conviviale d’aujourd’hui, ce pique-nique, ce rassemblement marque notre appel à respecter ce que d’aucun n’ose plus appeler le peuple, c’est–dire les salariés avec ou sans travail ! Notre dignité, c’est d’être ensemble, rassemblés pour dire qu’ici, on ose la fraternité que l’on soit ou non bénéficiaires des Restos du cœur.
Je remercie à nouveau tous les militants de la solidarité, merci madame Colucci de continuer, par votre présence ce combat malheureusement nécessaire.