Question orale de Christian Fischer à Nicolas Sarkozy, Président du Conseil général, relative à l’emploi
Monsieur le Président, Cher(es) Collègues,
L’emploi est depuis plusieurs mois au cœur de l’actualité. Il est parmi les grandes préoccupations de nos concitoyens.
Le gouvernement déclarait, il y a cent jours en faire une de ses priorités d’actions, le département s’engageait au sortir des Etats généraux à accélérer le retour à l’emploi et à l’activité des chômeurs. Pourtant, les mesures annoncées tant nationalement que départementalement aggravent la situation. Loin de répondre aux besoins et attentes des citoyens et des salariés, les mesures prises participent à poursuivre la déréglementation du code du travail, à précariser l’emploi, à culpabiliser les chômeurs, à accroître les allègements et exonérations consentis aux grandes entreprises. Et si certains parlent d’amélioration et de baisse du chiffre officiel du chômage, n’oublions pas les radiations de chômeurs dues à la réforme de l’assurance chômage ! Des chômeurs qui viennent grossir les rangs des Rmistes, en augmentation de plus de 4% en un an !
Cette situation n’épargne pas les Hauts de Seine : un nombre de Rmistes qui est passé de 7841 bénéficiaires en 1991 à plus de 22 000 en 2005, un taux de chômage à 9,5%, une perte de 5304 emplois salariés entre 2002 et 2003, un secteur industriel, vous l’écrivez dans le document de contribution pour la révision du SDRIF, en net recul ! Et cette situation risque de s’aggraver.
Trois grandes entreprises de haute technologie et dans des domaines vitaux pour le département et notre pays viennent de faire part de leurs projets de fermetures de sites, de délocalisations et d’externalisations d’activités. C’est pour le moins préoccupant et cela va à l’encontre de ceux qui annoncent une embellie !
A Meudon, Aircelle, filiale du groupe Safran, spécialisée dans la fabrication de nacelles d’avions, a annoncé la fermeture de son site et la délocalisation de 1000 emplois (600 emplois directs et 300 intérimaires et sous traitants). Rien ne justifie ce démantèlement si ce n’est la recherche d’un taux de profits toujours plus important ! La fermeture et le redéploiement de ses activités ne sont qu’une première étape et cachent en fait la délocalisation vers des pays à bas coût et dans la zone dollar. Pourtant, les salariés ont fait la démonstration qu’il est possible de maintenir et développer le site de Meudon en proposant la création d’un centre expérimental.
A Issy les Moulineaux, ce sont 900 salariés qui sont en lutte contre la décision d’Helwett Packard de supprimer 1240 emplois en France sur les 4800 que compte le groupe. Ces licenciements, ces délocalisations sont d’autant plus inacceptables que ces mêmes entreprises ont touché d’importants fonds publics et réalisent des bénéfices importants. Ainsi, Helwett Packard a dégagé un bénéfice net de 3,5 milliards de dollars ! Il est évident que ces groupes ne cherchent plus seulement à faire des profits mais à augmenter leur taux de profit ! Mais les salariés n’acceptent pas cette situation. Ils dénoncent cette logique financière. Leurs interventions avec des propositions alternatives ont ainsi amené le gouvernement à intervenir dans ces conflits et vous-même à rencontrer les salariés d’Aircelle.
Enfin, Thalès, entreprise performante est aussi menacée de disparaître du territoire des Hauts de Seine. La direction de cette entreprise a entrepris depuis plusieurs années une restructuration qui se solde par une baisse constante de ses effectifs, une sous-traitance et une externalisation de ses activités. Après la fermeture du site de Gennevilliers, une nouvelle réorganisation est annoncée. Elle prévoit notamment le transfert de 500 emplois de Bagneux sur Limours ou Fleury les Aubrais dont 320 postes liés à l’activité Radar. Ce transfert met ainsi en cause à terme l’activité Radar dont les équipements sont pourtant performants dans le domaine militaire ou civil. Il ne s’agit pas seulement, comme voudrait le faire croire la direction, d’un déménagement sans conséquence pour l’emploi mais bien d’une externalisation des activités. La réalisation en Corée d’un centre de recherche radar, le déménagement des activités marines en Hollande, mais également la baisse de 100 millions d’euros entre 2002 et 2004 des crédits affectés à la recherche en témoignent. On le sait, une entreprise qui n’investit pas dans la recherche est condamnée à mourir à petit feu. Les arguments évoqués par la direction pour justifier ce nouveau démantèlement « vétusté des bâtiments, nécessité de regrouper l’ensemble des activités, être compétitif et devenir le n°1 du marché des radars de surface en Europe », cachent ainsi d’autres objectifs. Comme pour les autres entreprises, c’est là aussi la volonté d’une rentabilité accrue ! Le devenir du site à Bagneux est donc posé car au travers de cette nouvelle réorganisation et de ces transferts de postes, la direction continue à vider progressivement l’entreprise de ses salariés et de son savoir-faire. Pourtant les moyens existent pour mettre en place d’autres réponses. Pour les salariés et leurs organisations syndicales, la modernisation et le développement du site de Bagneux sont possibles tout comme l’est le développement de cette entreprise au niveau national et international en investissant dans la recherche, en répondant aux besoins dans le domaine du civil avec la sécurité aérienne et le développement d’un GPS européen.
Cette question de l’emploi est déterminante pour l’avenir des Hauts de Seine, pour sauvegarder l’emploi industriel, les savoir-faire technologiques des salariés et les capacités industrielles de ces entreprises. Des moyens d’intervention directe peuvent s’effectuer, comme à Thalès et à Aircelle, où l’Etat, actionnaire à plus de 31% peut utiliser « le droit de blocage ». Car face à la situation, il y a urgence d’engager débats et actions.
Vous êtes en tant que président de l’Assemblée départementale, en tant que ministre d’Etat interpellé sur
cette question. Notre Assemblée pourrait intervenir auprès du gouvernement pour la mise en place d’un moratoire qui permettrait d’arrêter toute procédure de licenciements et de délocalisations et d’engager des discussions dans le cadre d’une table ronde avec les salariés, les représentants de l’Etat, les entreprises, les élus concernés.
Nous vous demandons donc, Monsieur le président du Conseil général, de nous faire connaître les mesures et dispositions que vous comptez prendre pour vous opposer à ces délocalisations et suppressions d’emplois et comment vous compter soutenir activement les démarches des salariés, syndicalistes et élus locaux qui veulent faire émerger des solutions alternatives et innovantes ?