Conseil Municipal de la Ville de Gennevilliers
Vœu pour la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945 à SETIF, GUELMA et KHERRATA
Le 8 mai 1945, alors que le peuple français fêtait la capitulation de l’armée nazie, la paix retrouvée et la victoire sur le nazisme, commençaient en Algérie, à SETIF mais aussi à GUELMA et KHERRATA, des répressions sanglantes de manifestations nationalistes, indépendantistes et anticolonialistes.
Dans la rue principale de Sétif, de nombreux Algériens s’étaient rassemblés pacifiquement pour fêter l’armistice. Ils manifestaient aussi pour obtenir la libération du dirigeant nationaliste Messali HADJ. Ils exigeaient également « l’Algérie libre » pour laquelle ils avaient conçu un nouveau drapeau, symbole de leur lutte pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et pour l’indépendance.
Pendant plusieurs semaines, l’armée française et de nombreuses milices coloniales ont alors fait régner la terreur pour rétablir l’ordre colonial et défendre l’Algérie française.
Le nombre des victimes algériennes, officiellement toutes françaises à l’époque mais qui ne l’étaient pas en fait et en droit, est difficile à établir. Soixante-dix ans plus tard, la question est encore sujet à débat. Le gouvernement algérien avance le nombre de 45 000 morts tandis que les travaux d’historiens français attestent d’un bilan de dizaines de milliers de victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement.
Pendant près de soixante-dix ans, ces crimes de guerre commis par l’État et ceux qui le servaient, n’ont pas été reconnus comme faisant partie intégrante de l’histoire de France.
Une telle situation a été vécue douloureusement par les victimes, leurs descendants et leurs proches. Car cette page de l’histoire est à la fois française et algérienne et que sa reconnaissance par notre pays contribuerait à consolider la fraternité entre le peuple algérien et français.
Après un premier pas fait par les ambassadeurs français en 2005 et 2008, François HOLLANDE, chef de l’Etat français a dénoncé, devant le Parlement algérien, le 20 décembre 2012, la colonisation, « un système profondément injuste et brutal », reconnu « les souffrances (…) infligées au peuple algérien », dont les massacres de Sétif. « Le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles », poursuivait le Président.
Depuis Jean-Marc TODESCHINI, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire, s’est déplacé dans la ville algérienne de Sétif, dimanche 19 avril pour déposer une gerbe de fleurs devant le mausolée de Saal BOUZID, le jeune scout tué le 8 mai 1945 pour avoir brandi un drapeau algérien.
Soixante-dix ans après, ces déclarations invitent à poursuivre le travail de mémoire pour que la France reconnaisse pleinement et entièrement sa responsabilité dans le massacre commis par l’Etat français.
Ce travail permettra à tous nos concitoyens, et notamment ceux issus de l’immigration algérienne, de se construire toujours plus fraternellement dans un avenir commun, celui d’un pays, où toutes les mémoires sont respectées.
Ce travail permettra aussi de rendre hommage aux 102 victimes (selon les historiens) issues de la population dite « européenne », ayant perdu la vie au cours des émeutes provoquées par les massacres.
Considérant que cette reconnaissance relève du devoir de mémoire, tout comme celle des massacres du 17 octobre 1961, qu’elle justifie l’ouverture de toutes les archives relatives à ces terribles événements, et la reconnaissance par la République des crimes commis,
Article 1 : Sollicite le Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la mémoire et le Président de la République pour la reconnaissance complète par l’Etat des massacres du 8 mai 1945 à SETIF, GUELMA et KHERRATA, et l’ouverture de toutes les archives relatives à ces terribles événements.