Dans le cadre de la refondation de l’école menée par le gouvernement, la question des savoirs à transmettre et de la manière de les enseigner était restée jusque là étrangement peu abordée. Avec l’installation du Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative, dont la mission consiste à repérer et à diffuser les pratiques innovantes pour favoriser la réussite scolaire, le gouvernement vient de faire la lumière sur cette dimension de son projet. La composition de ce conseil fait craindre une refondation de l’école inscrite dans la continuité des politiques menées par la droite.
Lors du débat sur la loi de refondation, le gouvernement a affiché sa volonté de rompre avec le socle commun tel qu’il avait été défini par la droite. L’intervention des syndicats enseignants a permis d’introduire dans la loi les premiers éléments d’une redéfinition du « socle de savoirs, de compétences et de culture » que l’école doit transmettre à tous les élèves. Au vu de la composition du conseil national de l’innovation, on peut craindre que ces déclarations d’intention restent lettre morte.
On y trouve en effet presque exclusivement des partisans du socle commun tel qu’il avait été mis en place par les gouvernements précédents : des compétences déconnectées des savoirs, des objectifs différenciés selon les élèves, l’individualisation des parcours… Pour refonder l’école, le gouvernement va donc encore recourir à ces vieilles recettes, dont on sait que loin de favoriser la réussite de tous, elles contribuent à construire une école à plusieurs vitesses ? Il est temps de choisir : le gouvernement socialiste veut-il poursuivre la politique éducative mise en oeuvre par la droite ou entreprendre les ruptures nécessaires pour que l’école transmette vraiment à tous les élèves une culture commune de haut niveau ?
La composition du Conseil national de l’innovation n’est pas porteuse des ruptures nécessaires. Elle fait craindre que l’installation du futur Conseil supérieur des programmes s’inscrive dans les mêmes logiques. Enfin, elle semble vouloir figer l’esprit de la loi de refondation de l’école alors même qu’elle n’est pas encore adoptée et qu’elle sera bientôt discutée au Sénat.
Il est indispensable de réorienter les politiques scolaires pour permettre la transmission de savoirs de haut niveau à tous les élèves. Pour ce faire, il faut sortir de l’entre-soi des personnes consultées jusqu’à présent et mener le débat avec tous les acteurs de l’école. L’exigence de démocratisation scolaire doit pouvoir se faire entendre : l’exigence d’une école de l’égalité, qui se donne les mêmes objectifs pour tous les élèves quelle que soit leur origine sociale et qui transmette à tous les savoirs nécessaires pour maîtriser les choix auxquels ils seront confrontés dans leur vie d’adulte. Si la refondation de l’école ne répond pas à cette exigence, elle est vouée à l’échec.
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