Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc ASDHOM 79, rue des Suisses 92000 Nanterre |
|
Le procès de Rabat qui a vu condamner, le 17 février, les 25 Sahraouis du groupe dit Gdeim Izik à des peines lourdes allant jusqu’à la perpétuité, continue de susciter des réactions d’indignation des ONG de défense des droits de l’Homme (Amnesty International, FIDH, REMDH, les organisations maghrébines du Forum Social Maghrébin, etc.)
Plusieurs rapports et communiqués sont publiés à ce sujet qui, dans leur ensemble, dénoncent les irrégularités et le manque d’équité qui ont entaché ce procès et réclament sinon leur libération, du moins un autre procès devant une juridiction civile. Ils déplorent également, dans certains cas, le silence assourdissant des officiels français sur le déroulement du procès. Vous trouverez tous ces communiqués sur le site de l’ASDHOM www.asdhom.org
L’administration pénitentiaire de la prison de Salé 1 où sont détenus les 22 Sahraouis (sur les 25, un a été condamné par contumace et deux autres à la peine déjà couverte par la détention préventive) a commencé sa politique de vengeance. Elle a procédé ainsi, le 20 février, à une fouille sans ménagement des cellules accompagnée d’insultes et de violences pour obliger les détenus de signer des procès verbaux qui, selon les familles, contiennent des faits fabriqués et falsifiés.
Mohamed Mbarek Lafkir (25 ans de prison ferme) a été violenté et frappé à la tête après lui avoir menotté les mains et attaché à une porte en métal. Abdallah Lakhfaouni (perpétuité) a, quant à lui, a été victime de violence avant d’être jeté dans un cachot.
Ils ont tous été interdits de visite et privés de recréation.
Lors de leur procès déjà, les détenus ont rappelé la torture et le mauvais traitement et dégradant auquel ils étaient soumis quand ils étaient à la prison de Salé 2 avant leur transfert, mais le président du tribunal militaire n’en a pas tenu compte. Il semble dès lors que la politique de la vengeance est la seule qui vaille.
Choquée par la violence du procès, Isabelle Maurer, la marraine suisse de Mohamed Bani condamné à la perpétuité, lui a adressé une lettre dont voici quelques extraits (vous la trouverez dans sa totalité sur la rubrique « Témoignages et lettres ») : « Cher Ami Mohamed Bani, Cet après-midi, c’est avec une immense tristesse que j’ai appris votre condamnation à perpétuité. Et celle de vos compagnons : perpétuité, 30 ans, 25 ans, 20 ans… Quel choc ! C’est tout simplement inimaginable, incroyable. Mais quelle justice est la justice marocaine ? Une justice injuste, inique… »
S’agissant des autres groupes de prisonniers politiques que l’ASDHOM a proposés au parrainage depuis novembre dernier, voici les informations que nous avons pu recueillir :
Groupe UNEM-Meknès : Dans un communiqué publié le 21 février, les familles des détenus à la prison Toulal 2 (environ de Meknès) dénoncent les violences, les intimidations et la mise au cachot auxquelles font face leurs fils notamment depuis l’entame d’une grève de la faim de trois jours pour réclamer l’amélioration de leurs conditions et un procès équitable. Nous rappelons que sept militants du syndicat UNEM (Hassan Koukou, Hassan Ahmouch, Mounir Aït Khafou, Soufiane Sghéri, Mohamed El Oualki, Mohamed Boueh et Aziz Daroua, les deux derniers étant poursuivis en liberté provisoire) ont été arrêtés en décembre dernier et attendent toujours leur procès. Cinq d’entre eux entament une grève de la faim de 48 heures à partir de mardi 19 février et ce, pour commémorer le deuxième anniversaire du mouve
ment 20-Février et dans l’attente de leur procès annoncé pour le 21 février. Nous n’avons pas encore d’information sur le verdict.
Un rapport sur leurs conditions de détention nous est parvenu et il sera publié sur le site de l’ASDHOM dès qu’il sera traduit.
Groupe 20-Février-El Hoceima-Tanger : Abdelhalim Bakkali, détenu à la prison locale de Tanger, Mohamed Ahbad et Abdelhalim Taliï, détenus à la prison locale d’El Hoceima (voir listes sur la rubrique Campagne de parrainage), ont observé une grève de la faim le mercredi 20 février pour commémorer le déclenchement du mouvement du même nom. Ils l’ont fait savoir à travers un communiqué dont l’ASDHOM a reçu une copie.
Un autre activiste et animateur du mouvement 20-Février de Béni Bouayach (environ d’El Hoceima) vient d’être arrêté, le lundi 18 février à Tétouan au Nord du Maroc, lorsqu’il s’est présenté au commissariat de la ville pour renouveler sa carte d’identité nationale. Il s’agit d’Ali Ben Abdallah, membre du 20-Février et de l’association nationale des diplômés chômeurs ANDCM. Il a été présenté au procureur près de la cour d’appel d’El Hoceima le jeudi 21 février avec les mêmes chefs d’accusation que ses compagnons de Béni Bouayach déjà lourdement condamnés (rassemblement non autorisé, violences et destruction de biens publics, outrage à agent de l’autorité publique, etc.)
S’agissant toujours de l’ANDCM, deux de ses dirigeants, originaires de Tanger, ont été arrêtés pendant trois jours et refoulés ensuite par les autorités algériennes. Ils se sont rendus en Algérie pour participer au premier forum sur le chômage et le travail précaire auquel a appelé le SNAPAP (syndicat autonome algérien) pour préparer le Forum Social Mondial de Tunis qui va avoir lieu fin mars 2013. Les autorités algériennes ont interdit la réunion et ont procédé à l’arrestation des membres des délégations étrangères mauritanienne, marocaine et tunisienne.
Tiflet : Le militant du 20-Février Amin Jilali, originaire de Khémisset, a été arrêté le dimanche 17 février pour avoir participé à un rassemblement dans le cadre du mouvement et de la préparation de son deuxième anniversaire.
Tata : Le procès intenté aux deux militants des droits de l’Homme, Ammi Fadili et Abdellatif Benkaïd, défendus par 12 avocats, qui devait avoir lieu le jeudi 21 février, a été reporté au 28 mars 2013. Un sit-in appelé devant le tribunal de 1ère instance par les organisations de soutien (partis politiques, syndicats et associations des droits de l’Homme) a dénoncé l’acharnement sur ces militants et la falsification des procès verbaux les concernant.
Groupe Marrakech-Sidi Youssef Ben Ali : Lundi 18 février, la Cour d’appel de Marrakech a décidé de reporter au 4 mars 2013 le procès intenté aux 10 citoyens ayant participé en décembre dernier aux manifestations de Sidi Youssef Ben Ali contre la cherté des factures d’eau et d’électricité.Rappelons que le 21 janvier le tribunal de 1ère instance avait condamné deux d’entre eux à an et demi et les huit autres à deux ans et demi de prison ferme.
Le même tribunal avait déjà condamné deux mineurs pour la même affaire à deux mois de prison ferme (Voir les noms dans nos précédents points hebdomadaires sur le sitewww.asdhom.org)
Commune de Tounfite (non loin de Midelt, Wilaya de Meknès) : Le journaliste Mohamed Attaoui, un militant des droits de l’Homme spécialisé dans l’environnement, vient d’être condamné le 14 février à 10 mois de prison ferme par le tribunal de Midelt, officiellement pour « exercice de sa fonction de fonctionnaire malgré sa suspension ». Il a été arrêté, le 21 janvier, dans la commune rurale de Tounfite, alors qu’il prenait des phots de logements insalubres dans le cadre d’une enquête qu’il comptait publier sur Internet. L’organisation Reporters sans frontières RSF a publié un communiqué où elle rappelle les vrais raisons de sa condamnation et dénonce l’acharnement des autorités marocaines contre ce citoyen qui ne fait que dénoncer les pratiques mafieuses des autorités locales.
L’ASDHOM reproduit ce communiqué sur son site et ajoute Mohamed Attaoui à la liste des prisonniers politiques qui sont candidats au parrainage. Nous attendons tous les éléments le concernant pour lui établir une fiche
de parrainage, mais vous pouvez d’ores et déjà le choisir comme filleul. Nous vous remettrons sa fiche dès qu’elle sera prête.
En parlant de Midelt, on ne peut pas passer sous silence le fait grave d’un autre âge dont a été victime le jeune Hicham Hammi Moulay, le samedi 16 février. Le substitut du procureur du roi l’a obligé, à deux reprises et devant les agents de police présents au commissariat ce jour-là, de se prosterner et de s’agenouiller pour lui « baiser » les chaussures. Le jeune Hicham a subi l’humiliation de sa vie et les foudres de ce soi-disant responsable de l’Etat quand il a « osé » lui répondre que sa voiture, déposée au garage où travaille le jeune, n’était pas encore prête et qu’il devait attendre un peu puisqu’il y avait d’autres voitures avant le sienne. La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre dans la ville et un sit-in devant le tribunal a aussitôt été organisé à l’initiative des militants de l’AMDH pour protester contre le traitement esclavagiste infligé au jeune par le substitut du procureur du roi. L’ASDHOM condamne énergiquement ce comportement et demande des mesures contre son auteur.