Mercredi 26 octobre 2011
Monsieur le Président,
Nous avons bien noté votre intervention le 18 octobre sur « Radio J » concernant la libération de Guilad Shalit, dont nous félicitons, et de vos propos concernant notre compatriote franco-palestinien, Salah Hamouri.
Si nous ne pouvons qu’apprécier que vous vous intéressiez à son cas en cette occasion, par contre nous avons été choqués par vos déclarations. En effet, vous avez indiqué espérer que ce dernier sorte de prison lors « de la seconde vague de prisonniers palestiniens échangés contre Shalit ». Vous avez même ajouté : « Nous l’avons demandé avec insistance. ».
Comme vous ne pouvez manquer de le savoir, cette deuxième vague, qui est en voie de finalisation, doit avoir lieu deux mois après la première, soit le 18 décembre. Or Salah Hamouri doit sortir de prison, selon les termes du jugement, le 28 novembre, soit 3 semaines avant cette seconde vague.
Par ailleurs, votre démarche publique a été faite sans l’accord ni la consultation des parents de Salah Hamouri, ce qui est plus que choquant au moment même où, dans une lettre à Guilad Shalit, vous affirmer que la France a soutenu les efforts des parents de ce dernier et pas autre chose.
Si vous aviez pris l’attache des parentes de Salah Hamouri vous sauriez leur refus – qu’ils ont fait savoir à l’Elysée – de ce que vous avez annoncé, et ceci pour deux raisons.
Premièrement, et comme indiqué, leur fils doit sortir 3 semaines avant la seconde vague. Il doit sortir le 28 novembre. Pourquoi ajouter 3 semaines de prison en plus ainsi que le suggère fortement votre intervention. Et deuxièmement, Salah Hamouri n’entend pas prendre la place d’un autre prisonnier condamné dans cette seconde vague de sortie alors qu’il ne lui reste que peu de jours de prison relativement à d’autres qui pourraient être libérés en cette occasion.
Il doit sortir le 28 novembre. Point.
On nous a expliqué, à l’Elysée ou au Quai, que nous avions mal compris votre intervention, pourtant nette, et que des clarifications seraient apportées. Il n’en a rien été. De sorte que n’est officielle que votre intervention sur « Radio J ».
Inutile de dire que cela ne fait que renforcer la colère.
Si votre intervention ne reflète pas votre pensée ou vos intentions, il convient de le dire publiquement. Ceci nous avait été promis. Or rien n’est venu.
Nous en sommes donc toujours au même point. Et notre demande demeure : que Salah sorte bien le 28 novembre et non pas après car, la libération de Guilad Shalit, rend caduque la loi qui porte son nom. Si des conditions existent pour le sortir de prison avant le 28 novembre, et hors discussions entre Israël et le Hamas, alors vous ne manquerez pas de le faire savoir aux parents d’abord.
Si de telles conditions ne sont pas réunies, c’est le 28 novembre qu’il doit sortir et c’est sur cette date que doit peser vos efforts.
Au nom des parents et au nom de notre Comité de soutien, c’est la seule chose que nous vous demandons : que Salah Hamouri sorte bien de prison à la date dite, le 28 novembre prochain, et qu’il rejoigne ses foyers à Jérusalem-Est.
Cette lettre vous offrira l’occasion de mises au point si jamais vous confirmez que votre intervention sur « Radio J » n’est pas conforme à votre pensée.
Pour l’heure nous sommes bien évidemment contraints de nous en tenir à vos paroles officielles qui n’ont en rien été démenties. Et qui provoquent colère et même exaspération.
Dans l’attente,
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de nos salutations les plus distinguées.
Jean-Claude Lefort, Député honoraire, Coordinateur du Comité de soutien
Paris le 23 octobre 2011