Discours de Jacques BOURGOIN – Inauguration du centre de santé Docteur Daniel-TIMSIT
Avenue Chandon – Le 9 Mai 2011
Monsieur le Député, Monsieur Le Conseiller Général, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour donner à notre centre de santé, inauguré en juin 2006, le nom de Docteur Daniel TIMSIT.
Je tiens à remercier particulièrement, Madame ANTOINE-TIMSIT Monique, son épouse, ses filles Véronique et Sandra et tous les membres de sa famille, de nous avoir autorisés à donner le nom de Daniel TIMSIT au centre de santé.
Médecin généraliste et écrivain son parcours de praticien de 1966 jusqu’à 1993, date de son départ à la retraite, s’est confondu avec celui de notre centre municipal de santé où il consultait en partageant pleinement le sens et le rôle de notre service public de santé.
Il était très apprécié de ses collègues et de nombreuses familles gennevilloises pour son humanisme et son profond attachement aux valeurs de notre ville.
Cet équipement de santé en est le symbole et il était juste qu’il puisse porter aujourd’hui le nom de celui qui tout au long de sa vie a défendu les valeurs de Justice, de solidarité, de progrès social pour tous et d’émancipation des hommes et des femmes.
En effet, au-delà du patricien, cet homme discret a aussi été un militant toujours amoureux de sa terre natale l’Algérie, la nation algérienne, le peuple algérien.
Daniel TIMSIT est né à Alger en 1928. Il est décédé à l’âge de 75 ans en 2002. Il a grandi dans ce pays et très rapidement ne peut supporter les ravages que le colonialisme impose.
Son engagement militant s’est fondé très jeune d’abord sur son refus de la misère insoutenable dans laquelle le colonialisme avait jeté le peuple algérien, puis le combat contre le nazisme et le fascisme, au cours duquel les dirigeants nationalistes et les communistes avaient été jeté en prison par les autorités coloniales, actes malheureusement poursuivis à la Libération.
Je rappelais d’ailleurs hier, à nouveau, que le 8 mai 1945, le jour même de la reddition définitive des nazis, l’armée coloniale française réprimait des Algériens manifestant à SETIF, pour leur liberté.
Dès 1950 il entre dans la lutte anticoloniale. Combat qu’il partage avec ses frères et sœurs et s’engage dans la lutte pour l’indépendance des le premier jour de l’appel du FLN, le 1er novembre 1954.
En 1955 il entame des études de médecine et devient un des responsables des étudiants communistes d’Alger.
Il s’occupera plus particulièrement du laboratoire de fabrication d’explosifs, puis entrera dans la clandestinité en 1956. Arrêté en octobre 1956, torturé et emprisonné, il sera détenu à Barberousse, El Harrach, puis à Lambèse et enfin transféré en France, les Petites Baumettes, Angers, jusqu’à sa libération en 1962, date à la quelle il rentre à Alger.
En 1962, il termine ses études, exerce la médecine à Alger, et collabore au premier gouvernement de la nouvelle République algérienne, qui aura 50 ans dans quelques mois, au ministère de l’Agriculture et de la réforme agraire, puis au ministère de l’Industrie, jusqu’au coup d’Etat du 19 juin 1965.
Il reprend son activité médicale à Alger avant d’entamer une longue carrière au CMS, toujours au plus près de ses idéaux.
Pour lui être algérien ne se définit pas en fonction d’une appartenance ethnique ou religieuse, mais par ce qu’il appelle « une communauté d’aspirations et de destin ».
Sa vie, le sens de son engagement, ses années de luttes et d’emprisonnement, son espoir dans l’homme, tous les hommes, son immense humanité, transparaissent dans ses œuvres : « Récits de la longue Patience-journal de prison, Algérie- récit anachronique, Suite baroque – histoires de Joseph, Slimane et des nuages.
Dans Algérie-récit anachronique, le Docteur TIMSIT écrit :
« C’est en prison que j’ai découvert mon identité algérienne. J’ai vu ce peuple, j’ai vu qu’il était mon peuple, depuis les gens des Aurès jusqu’à ceux de la frontière marocaine, ces fellahs qui dansaient sur les chevaux durant les fêtes… C’est comme les rythmes de la musique, depuis la musique andalouse, constantinoise jusqu’à celle chaloupée de l’Oranie, et puis les chants berbères, les chants kabyles. C’est un pays extraordinaire, d’une diversité extraordinaire et d’une richesse extraordinaire. »
Cette richesse de la diversité et cet espoir dans l’humanité il le dit dans le film-interview, « Daniel TIMSIT, l’Algérien » que lui a consacré Nasrédine GUENIFI. Ce film, que je vous invité à venir découvrir, sera présenté le 17 mai prochain au cinéma Jean-Vigo.
Dans notre ville, où le vivre ensemble a une forte signification, ces valeurs de solidarité et de justice sociale nous les partageons pleinement.
Elles prennent leurs racines avec l’élection en 1934 de la première municipalité communiste dont Jean-Grandel est le Maire.
L’une des premières décisions de la municipalité d’alors est la création du « dispensaire » Gennevillois.
Gennevilliers a anticipé l’extraordinaire mouvement social qui donnera en mai 1936, lors des élections législatives, la victoire au Front populaire.
Alors oui, Gennevilliers marque avec le centre DANIEL-TIMSIT, sa volonté toujours affirmée d’une politique de santé destinée à favoriser l’accès aux soins de la population, tout en offrant des prestations médicales de qualité.
C’est sur la base de ces valeurs de solidarité et de justice sociale, qu’avec Latifa MEYA, maire-adjointe, et toute l’équipe municipale nous nous sommes battus, avec les Gennevillois, pour obtenir les financements nécessaires pour la reconstruction du Centre municipal rue de la Paix qui portera le nom de GATINEAU-SAILLANT.
Un beau, un grand projet que nous voyons aujourd’hui sortir de terre.
Dans un contexte national inquiétant de dégradation vertigineuse des conditions d’accès aux soins, liée aux réformes successives de l’Assurance-maladie, qui nécessitent la vigilance de tous, nous souhaitons que les Gennevillois puissent continuer de bénéficier de services publics de qualité.
Roland Muzeau, notre député, n’a de cesse d’intervenir à l’assemblée pour que ce droit indispensable à la santé soit maintenu, que les hôpitaux ne ferment pas, que nos centres de santé ne soient pas mis en péril par les réformes successives qui les visent.
Samedi dernier il était aux côtés de nos amis de Nanterre et de Colombes pour la défense des services publics hospitaliers Max FOURESTIER et Louis MOURIER.
Mesdames messieurs, vous le voyez le Centre de Santé Daniel TIMSIT représente donc toutes nos valeurs et luttes gennevilloises pour le service de santé.
Ce centre de Santé intègre également la PMI et le planning familial.
Le centre de santé Daniel TIMSIT, ce sont près de 2300 patients par an soit plus de 7000 passages.
La PMI-planning familial avec une entrée distincte permet l’accueil des tout-petits et de leurs parents, dans des superbes conditions. Plus de 2500 nourrissons y sont accueillis chaque année.
Permettez-moi un mot concernant les personnels de santé de notre ville et aujourd’hui plus particulièrement celui du Centre Daniel TIMSIT.
Ils font vivre au quotidien ces valeurs de solidarité que nous défendons.
Une conception du droit à la santé et à la médecine totalement à l’opposée de celle que ce gouvernement actuel veut nous imposer par le dérèglement de l’accès à ce droit.
Avec toute l’équipe municipale et avec nos équipes de sa
nté, sous la direction de Docteur Alain TYRODE, nous sommes fiers de cette politique gennevilloise, comme nous sommes fiers de la qualité de l’accueil et des soins dans notre centre.
Je profite de ce moment pour les remercier et leur souhaiter un bon travail.
Mesdames, Messieurs,
Pour toutes ses raisons nous sommes fiers aujourd’hui de donner le nom de Daniel TIMSIT à notre centre de santé, car il était porteur des valeurs que nous défendons à Gennevilliers.
Désormais nous n’hésiterons plus entre centre Camille RONCE, son ancien nom, ou centre CHANDON.
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