Par Salah Hamouri dans l’Humanité du 18 mars 2010
Chers camarades, je souhaite tout d’abord remercier du fond du cœur toutes celles et tous ceux qui se souviennent avec moi et ma famille que cinq ans déjà sont passés et que je partage avec d’autres camarades une petite cellule dans une prison israélienne. Merci pour les rassemblements et les manifestations organisés un peu partout en France.
L’enfance perdue. La cause des enfants palestiniens dans les prisons de l’occupation est un sujet douloureux dont je souhaite vous parler. Les associations n’épargnent pas leurs efforts pour donner la priorité à l’enfance, développer des programmes de divertissement pour protéger les enfants et favoriser leur développement naturel. Après cinq ans passés en prison, je me demande comment est-il possible, en même temps, de voir ici l’enfance persécutée et défigurée ?
Le monde doit savoir qu’il y a entre 300 et 350 enfants détenus dans les prisons israéliennes dans des circonstances très dures. Ils sont en effet traités comme des détenus adultes, ils sont séparés de leurs familles, certains n’ont pas droit aux visites familiales pour des motifs sécuritaires, et si les visites sont permises, ils ne peuvent avoir aucun contact physique avec leurs parents.
Dans l’enceinte de la prison, l’intervention d’organismes internationaux n’est pas permise et les enfants ne reçoivent aucune aide psychologique alors qu’ils sont dans un environnement étranger, loin de l’école et de la famille. Au contraire, les Israéliens utilisent tous les moyens de pression pour détruire leur jeunesse.
Les enfants sont le plus souvent jugés dans des tribunaux militaires comme les adultes, ils ont droit au même traitement que les plus vieux dans les tribunaux illégitimes que sont les tribunaux militaires de l’occupation.
Il n’existe pas de tribunaux pour mineurs même si Israël a signé un traité sur les droits de l’enfant, qui apparemment ne concerne pas les enfants palestiniens.
Avez-vous entendu parler du petit Hassan Muhtaseb ? Il y a trois semaines, deux frères âgés de dix et douze ans ont été arrêtés à Hébron puis emprisonnés. Le petit a été libéré dix heures plus tard mais l’aîné, Hassan, a été interrogé puis envoyé en prison, il a été ensuite emmené au tribunal militaire d’Ofer, les mains et les pieds liés. Pendant l’audience, son avocate, Lea Tsemel, lui a offert un ballon qu’elle a gonflé avant de commencer à plaider. Le juge militaire était gêné et s’est caché la tête derrière son ordinateur. Hassan a été libéré sous caution après avoir été interrogé et mis en cellule…
Prison de Guiboa, section IV, le 13 mars 2010.