Pour une psychiatrie populaire de proximité

Patrice Leclerc
psychiatrie Actualités générales

Dans mon livre « inventons un nouvel art de vivre populaire », j’ai ce passage :

« Avec le psychiatre Mathieu Bellahsen et la députée Elsa Faucillon nous avions convenu, face à la faillite actuelle des politiques de santé mentale dans les villes populaires, de proposer à toutes les élu·es et professionnel·les des villes populaires d’Île-de-France qui le souhaitent de se réunir pour réinventer un secteur psychiatrique permettant de faire face à cette crise, pour proposer un projet à l’Agence régionale de santé. Les aléas de la vie font que cette initiative n’a pas vu le jour, cela reste donc un projet d’organiser une coordination entre villes sur cette question. Il faudra passer à l’acte dans les prochains mois !« 

Et bien nous passons de la parole aux actes. Objectifs organiser le 4 avril 2025, une rencontre nationale pour une psychiatrie populaire de proximité, que nous préparons avec des ateliers, chaque mois, professionnel-les, associations de psychiatrisé-es, élu-es. Plutôt que de toujours répondre à des projets « d’en haut », nous essayons de construire un projet à présenter à l’ARS.

Si vous souhaitez participer, inscrivez-vous avec le formulaire en ligne: https://app.novagouv.fr/form_dev/0210fe149b352cfa5738f31087dabb21

Les compte-rendus succints des réunions:

Réunion du 30 mai 2024

Suite aux propos liminaires de Patrice Leclerc,

Mathieu Bellahsen psychiatre a rappelé que ces sujets ont largement été évoqués au << Printemps de la psychiatrie >> . Comment peut on sortir du désert de pensée et d’imaginaire sur la question de la psychiatrie. Il faut créer des liens nouveaux entre les soignants, les soignés et les élu.e.s locaux. Depuis les avancées de la psychiatrie de secteur, on recule tant à cause des faibles moyens qui lui sont consacré que de l’épuisement des actrices et acteurs obligé.e.s de gérer l’urgence. Redonner une place à l’expérimentation, permettre aux patients et aux professionnels de retrouver le temps de la réflexion et de l’action. L’échelon local apparaît comme le bon pour travailler à des réponses qui éviteront l’errance des patients et celle des professionnels.

Marie Hélène Amiable Maire de Bagneux.

Elle a insisté sur l’isolement des actrices et acteurs de terrains même pour les collectivités pourvues d’un Conseil Local en Santé Mentale. Tous les services publics de première ligne sont confrontés à des gens qui vont mal et qui ont besoin de soins. Les accueils, l’école, les services sociaux et y compris la police. C’est de la maltraitance institutionnelle. Nous devons mener de front deux combats : celui des moyens pour les institutions actuelles, comme pour les projets expérimentaux. L’absence de psychiatre libéral dans une ville comme Bagneux est un problème. Il est insupportable que des gens qui vont mal doivent attendre des mois pour une consultation. La Prison ou l’Hôpital psychiatrique ne sont pas des solutions, il nous faut travailler en amont, avec l’ensemble des actrices et des acteurs.

Antonio Olivera, élu de Malakoff.

Nous n’avons plus de psychiatre à Malakoff. Malgré notre CLSM, nous nous sentons dépourvus. Nous partageons la volonté et la nécessité de proposer des réponses à l’échelon local.

Pedro Serra CMP Bondy.

Notre service fonctionne depuis 50 ans, malgré une baisse drastique de médecins 11 il y a quelques années, 2,5 aujourd’hui. Nous avons un des taux les plus bas d’hospitalisation sous contrainte, 20%, la moyenne nationale est de 70%. Nous pouvons nous appuyer sur les infirmier.e.s et les psychologues, encore faut-il mieux les former. Les psychiatres renoncent peu à peu à travailler dans le secteur public. Beaucoup s’enferment dans la prescription de médicaments, alors que la présence, le contact, l’échange avec le malade font partie du soin. Ouvrir partout des lieux d’accueils immédiats, démultiplier les initiatives où les patient.e.s aient toute leur place. Il nous faut redonner du sens au travail psychiatrique dans le service public. En 20 ans le nombre de lits en clinique privé a doublé. Quid des lits en HP ? Il en est de même que pour d’autres pathologies, la sélection sociale des malades existe. << C’est la folie des pauvres qui fait peur >>. Il semble que l’ARS soit moins réticente à écouter les propositions de << psychiatrie humaine >> profitons-en.

Francine Ferron Adjointe au Maire d’Allonnes. (72)

Le lien entre la ville et le secteur psychiatrique est ancien. Depuis des années un lieu, d’écoute inconditionnel << l’escale >> fonctionne avec des bénévoles formés. Au début des médecins venaient soutenir les équipes et les patients, mais la baisse des moyens donnés par l’ars et l’usure des équipes met l’établissement en difficulté.Il faut aussi tenir compte de la diversité d’origine et des parcours de vie des patient.e.s des quartiers populaires. Sans compter le fait que la formation spécifique d’infirmier.e.s psy soit arrêtée n’aide pas non plus à la pérennisation des équipes. La psychiatrie privée se concentre sur les cas les plus << faciles >> et laisse au secteur public les cas les plus lourds.

Aurore Ménigou DAC 92 Nord

Notre structure qui regroupe 35 professionnels intervient dans la formation des médecins généralistes à la prise en charge. Il y a une 50aine de médecins qui participent, en lien avec le CMP de secteur. Nous avons aussi crée un poste de médiateur en santé mentale qui accompagne les personnes afin d’éviter des ruptures dans leur parcours de soin. Nous travaillons sur un module de formation aux premiers secours en santé mentale.

Aurore Parisot Espace Santé Jeune de Gennevilliers.

Cet espace est anonyme et gratuit. On devrait plus pouvoir travailler sur la prévention et en fait on est absorbé par les urgences. Nous pallions les manques des autres institutions. Depuis la crise du COVID nous avons une augmentation du nombre de consultants de plus en plus jeunes.

Conclusions provisoires

  1. Exiger une augmentation des moyens pour les structures existantes.
  2. Mettre en avant la responsabilité de l’Etat en matière de santé. Moyens financiers mais aussi formation des personnels ;
  3. Discuter des exigences en matière d’installation de praticiens ;
  4. Impliquer l’ensemble des acteurs et faire que ce débat devienne un débat de société et pas seulement de professionnels
  5. Généraliser les lieux accessibles en particulier pour les jeunes
  6. Réfléchir à la place des patients dans toutes les politiques publiques dont ils sont usagers
  7. Mettre en avant les expériences et les bonnes pratiques

5 réunions à programmer d’ici à avril 2025 (date à caler)

Chaque réunion un thème.

Aller vers un copil de 20 personnes maximum : élus, administrations locales, praticiens et patients.

Notes de la réunion du 10 septembre

Après quelques mots d’introduction de Patrice Leclerc, Mathieu BELLAHSEN a retracé le chemin que notre collectif a parcouru depuis notre première réunion.

Voici le verbatim de ces échanges.

Objectif : préparer rencontre le 4 avril prochain au T2G sur thème rencontre autour d’une psychiatrie de proximité dans les quartiers populaires

Initiatives  prises en proximité

Travail de lien avec psychiatrisés et gens sur le terrain.

Première réunion : définir le champ de la réflexion élus, acteurs associatifs et de soin

Périmètre : pas seulement de parler des manques actuels, parler des initiatives qui marchent et qui sont portées par les structures existantes ou en marge des structures existantes.

Déserts dans les lieux en province, isolement des patients, refus de soins… impossibilité d’être reçus.

Deuxième réunion : ne pas simplement faire une rencontre d’experts en avril. Un certain nombre de rencontres décentralisées.

Malakoff en septembre, Bondy en octobre, Allonnes en réflexion en octobre.

Penser aux médecins de ville, aux services publics de première ligne, police, justice etc. Sortir de l’isolement et du manque de solution.

Intersecteur de pédopsy Nord des Hauts de Seine : Michèle Zann Sylvie Barretto

Pédopsychiatrie : toutes ces questions sont cruciales pour la pédopsy, on doit travailler avec absolument tout le monde. On ne peut pas être ramené uniquement à de l’hospitalier, de l’hôpital. Nous sommes de plus en plus interpelés par la société.

Actuellement : pour avoir des moyens, nous sommes obligés de répondre à des appels à projets. Il n’y pas d’idée politique globale. Les réponses sont et donc ne concernent qu’une partie des besoins.

But des rencontres d’avril : Populariser des propositions et des exemples

Donner à des élus, des professionnels et des patients de la pêche pour imposer des changements.

Patrice Leclerc :

Être en capacité de proposer des projets aux ARS et de cesser d’être dans la plainte.

 Nadia GEM Groupe d’Entraide Mutuelle de Gennevilliers.

Dans un local octroyé par municipalité, on accueille le public en situation d’isolement et / ou de troubles psys.

C’est un lieu d’échanges, pour faire rencontres. Il s’adresse à public majeur en situation d’isolement et de fragilité.

 Notre structure n’est pas médicalisée. Les décisions se prennent collectivement et nous en discuterons avec les patients qui participent à nos actions et activités.

Pedro Serra : appels à projets de l’ARS.

Autodétermination, autonomie de vie, respect de la citoyenneté, droit des usagers : Certains appels à projets sont intéressants on peut se greffer dessus mais on manque de réflexion et de politique globale.

Nous avons besoin d’un mouvement plus global. Nous devons avoir des billes pour faire un peu de politique avant de faire de la clinique.

Mathieu :

Qui sont les  politiques qui s’intéressent aux problèmes de santé mentale… / eviter la psychiatrisation – psychologisation des problématiques politiques

Il nous faut aller vers une désescalade institutionnelle.

Réflexion globale

Diagnostic local : mettre au pot les manques et les propositions alternatives. Partons des expériences locales pour aller vers un projet global.

Michèle Zann CMP : 

Il y a un paradoxe , on nous demande de faire du partenariat mais c’est un partenariat de papier. Nous nous retrouvons tous en concurrence les uns avec les autres. Les actions les unes à côté des autres et on les pense pas forcément à faire ensemble dès le départ. Les projets doivent partir des problématiques de proximité

Pedro Serra :

Il y a une évolution vers le tout algorithme. Cela ne peut peut-être rattrapé que si le facteur humain reste prioritaire.

Nous invitons le 16 octobre à Bondy : les différents secteurs de Seine Saint Denis , les partenaires… Salle de réunion à Bondy à une cinquantaine de places…

CLSM de Bondy a grincé des dents car municipalité de droite. Exigence du terrain quel que soit le bord politique. Intérêt à ce que les équipes soient proches de la population.

Jeanne Coordinatrice CLSM Bagneux : 

Question d’accès aux droits qui va générer des problématiques de SM derrière notamment avec la MDPH.

Décompensation de plein de jeunes résident car ils ne vont pas avoir l’accès aux Droits qu’il mérite. Quels acteurs ?

Francine  élue d’Allonnes :

Je suis élue pas professionnelle de la santé, mon  rôle serait plutôt d’organiser une rencontre sur la Sarthe pour réfléchir à l’organisation en recherchant des invités. Questionnement d’organiser cette rencontre en Sarthe : qui inviter ? Sur quels thèmes, sur quelles trames ? Faire des propositions de principes et d’actions auprès des  pouvoirs publics.

Comment décliner l’affaire des choses qui marchent par exemple à Bondy ?

Gilles Garnier Président d’un CMPP :

Dans le 93 : depuis le covid augmentation de la consultation des enfants en bas âge et des adolescents. La seule réponse aux appels d’offre de l’ARS ne peut pas suffire. Dans les Dpt de la première couronne, il y n’y a pas assez de réponse publique dans ce domaine. Le secteur privé ne s’intéresse pas à la population des villes et quartiers populaires.

Sylvie Barretto CMP :

Il nous faut re- construire les choses avec l’éducation nationale, lieu où les enfants sont le plus souvent. Tentative d’un partenariat pour intervenir dans une école avec un projet de recherche. Les équipes de la mairie d’Asnières, des écoles, infirmiers municipaux, Coordinateur du CLSM. Ce qui a achoppé c’est la signature au niveau de l’éducation nationale. Initiatives ont achoppé pour des questions administratives… Maillon sur lequel il faudrait réfléchir.

Gilles Garnier:

une des revendications à ajouter, le retour de formation spécifique d’enseignants et les ponts avec les CMPP. Poste EducNat : 25 % des personnels qui interviennent en CMPP qui sont des psychopédagogues. Revenir à des enseignants soit dans les CMPP, soit dans les classes spécialisées. Etat de la médecine scolaire catastrophique.

Jacqueline Belhomme Maire de Malakoff:

Educ Nat le lieu idéal pour la prévention, lieu primaire. Classes spécialisées, AESH mal formées, lieux de prévention comme les RASED de plus en plus en manque de moyens. Psychologues scolaires se sont transformés en passeurs de tests. Professionnels et enseignants sont en forte demande notamment en direction des villes. Réunions de synthèse étaient auparavant prises en charge par l’Education Nationale, maintenant plus de temps.

Perte dans les écoles à ce niveau-là. On n’y arrive pas : on externalise.

Humapsy : association fondée par les associations en psychiatrie :

Olivia : Les patients peuvent témoigner d’une psychiatrie de secteur sur laquelle ils s’estimaient satisfait. La préserver, la défendre…

Cette façon de travailler ne s’exporte pas comme ça, pas modélisable.

Faire émerger les besoins des personnes concernées et de leurs attentes pour pouvoir s’adresser aux politiques : c’est la seule démarche possible car ARS, Ministère ne suffit pas.

Dans les Ardennes, même pas de CLSM : comment ça se produit pour qu’il y ait un CLSM. Cet été un homme diag scz a été abattu par les gendarmes… Evident que la dangerosité de la personne a été prise au pied de la lettre par les forces de l’ordre. Chasse à l’homme, réfugié dans une cabane de jardin, a pris une fourche et a été abattu. Le fait que ce soit la police a fait qu’à la fin il est mort. Quels sont les ecours ? Nouer des relations avec des gens de ce département. Pousse à y aller. Banalisation du << un scz qui a arrêté son TTT >> redevient le monstre que la déstigmatisation a fait disparaître. Affaire nous a bcp bouleversé.

CLSM : part d’une démarche de professionnels qui font pression sur un maire par exemple. Peut être pas si simple en campagne. Peut se travailler en lien avec des professionnels. ARS peut soutenir ça

PTSM dans les Ardennes

Comment créer un CLSM en campagne ? Village ? Agglo ?

CCOMS qui travaille avec toutes les coordinations.

https://www.liberation.fr/societe/sante/fabien-44-ans-schizophrene-tue-par-les-gendarmes-20240903_ENM2QDHIAZCNVDWODC456DPBOE

1 réflexion au sujet de « Pour une psychiatrie populaire de proximité »

  1. Bonjour suite à vos annonce sur le suivi psy depuis 2 ans je ne peu pas être suivi au centre de santé rue de la paix car mon psychiatre étant partie ailleurs y’a 4 ans environ ils avaient mis une femme qui est resté 10 an puis plus personne on me dit qu’il y a à que des psychologue ce qui n’est pas pareil eux sont là pour l’argent pas pour la santé mental donc je vais mal étant invalide je peu pas me déplacer donc c’est mon médecin de famille qui me prescrit les médicaments mais seulement ceux qui étaient sur l’ancienne ordonnance pas vraiment de suivi elle m’a dit de voir un psychiatre pour voir où j’en suis mais j’ai toujours le même problème d’envie dans finir heureusement j’ai deux enfants qui m’aide. A quand un psychiatre ? Merci

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