Rassemblement en mémoire d’Aboubakar Cissé et contre l’islamophobie

Patrice Leclerc
Gennevilliers

En vidéo, les interventions de Patrice Leclerc, maire, et Abdelbaki Attaf, responsable de la mosquée ENNOUR de Gennevillliers

Intervention de Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers – Mardi 29 avril 2025

Mesdames, Messieurs,

Chers concitoyens,

Vendredi 25 avril, Aboubakar Cissé a été lâchement assassiné à l’âge de 22 ans parce que musulman, à la mosquée de la Grand-Combe dans le Gard. Nous sommes rassemblés ici pour honorer sa mémoire dans la tristesse et la colère. Je veux d’abord adresser, au nom de toute la ville, nos pensées les plus sincères à sa famille, à ses proches, à ses amis. Nous partageons leur douleur. Nous portons aujourd’hui, ensemble, cette perte.

Cet acte odieux heurte tout ce que nous défendons ici à Gennevilliers : que chaque vie humaine a une valeur inestimable, quelle que soit son origine, sa religion, sa condition sociale, que personne ne doit craindre pour sa sécurité.

Je veux assurer la communauté musulmane de notre ville de notre solidarité face au déferlement islamophobe de notre pays.

L’assassin a revendiqué un mobile

Islamophobe. Or le racisme, l’islamophobie, l’antisémitisme forment la colonne vertébrale d’un projet politique. Il nous faut le voir pour mieux le combattre.

Depuis plusieurs années s’installe une idéologie dans notre pays s’inspirant de la théorie du choc des civilisations, théorie développée dans le monde par les classes dominantes. Tout est fait pour diviser les gens, pour empêcher qu’ils s’unissent pour changer l’ordre des choses. Avec les gouvernements qui se sont succédé depuis 20 ans, les lois stigmatisantes et discriminantes s’accumulent, les propos des dirigeants politiques sèment la haine et le rejet de l’autre. Les musulmans sont particulièrement ciblés.

Ensemble, refusons ces divisions. Ensemble, revendiquons la liberté de croire comme de ne pas croire. Ensemble, refusons la politique du bouc émissaire face aux difficultés économiques et sociales.

Notre ville est unie dans sa diversité. Elle est forte de toutes ses différences. Nous avons fait du vivre ensemble une force, une fierté, un combat permanent.

Gennevilliers est et restera un espace de protection pour les croyants chrétiens, juifs et musulmans comme pour les non-croyants. Affirmons dignement que nous faisons ville en commun et que nous sommes toutes et tous uni·es contre la haine et la division.

En effet, répondre à la haine et la violence par la division serait une atteinte à notre vivre ensemble.

Nous devons, au contraire, affirmer haut et fort que nous refusons la haine. Que nous croyons à une société fondée sur l’égalité, la fraternité, la sororité, la solidarité.

Que nous voulons continuer à construire une ville où chaque enfant, chaque femme, chaque homme, quelle que soit sa couleur de peau ou sa croyance, trouve sa place, en sécurité, avec dignité.

Aujourd’hui, face à l’horreur, nous réaffirmons notre engagement contre toutes les formes de racisme, d’antisémitisme, d’islamophobie, et de haine.

Notre expression contre l’islamophobie n’est pas d’aujourd’hui. En 2019, j’ai participé à la manifestation à Paris contre l’islamophobie alors que certaines et certains refusaient de participer à cause du mot Islamophobie ! En 2015, lors d’un débat que j’avais organisé à Gennevilliers, avec plus de 400 personnes au T2G, nous alertions avec Edwy Plenel, et le gennevillois Marwan Muhammad et Esther Benbassa sur le danger de l’islamophobie.

Thomas Legrand dans un billet du journal Libération d’aujourd’hui a mis comme titre « Pourquoi, désormais, j’utiliserai le terme « islamophobie » et il écrit, je cite:   » L’argument selon lequel ce mot devait être banni sous peine de ne plus pouvoir légitimement lutter contre l’islamisme ne tient plus. Il est désormais à l’islam ce que l’antisémitisme est à la religion juive. La haine des musulmans, cette forme de racisme s’appelle maintenant, pour tout le monde, «islamophobie».

Les anti-islamistes ne peuvent plus revendiquer d’être islamophobes sans passer pour des racistes. C’est comme ça : en politique, les mots sont des véhicules.« 

Il a fallu un mort de plus, un mort de trop, Aboubacar, pour ce billet !!

À ceux qui veulent semer la peur, nous répondons par la solidarité.

À ceux qui veulent dresser les uns contre les autres, nous répondons par l’unité.

À ceux qui veulent abattre nos espoirs, nous répondons par plus de justice et d’humanité.

Aboubacar Cissé restera dans nos mémoires.

Son meurtre renforce notre détermination à agir contre l’islamophobie, à bâtir une société plus forte, plus solidaire, plus fraternelle.

Je vous remercie.

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