Il n’y a pas d’autre ennemi intérieur que le capital

Patrice Leclerc
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Une tribune parue que https://www.humanite.fr/en-debat/antiracisme/il-ny-a-pas-dautre-ennemi-interieur-que-le-capital

Il y a aujourd’hui trop de symptômes pour ne pas voir la fascisation de la société. Cela ne vient pas de rien. Face aux difficultés de vie, au développement de la précarité, à la peur du déclassement, au développement des inégalités avec des riches de plus en plus riches, il s’agit pour la grande bourgeoisie d’étouffer toute alternative de progrès.

Quand la France produit plus de richesse aujourd’hui qu’il y a quarante ans (le PIB a augmenté de 270% depuis 1985), que le salaire n’a augmenté que de 128% et que les revenus du capital ont augmenté de 298,5%, c’est l’évidence que les accapareurs ne sont pas du côté des couches moyennes et populaires mais du capital. La classe dominante veut éviter cette évidence qui conduirait à changer le système, voire au communisme !

Pour cela, elle installe une guerre identitaire factice et fabrique un ennemi de l’intérieur s’inspirant de la théorie du choc des civilisations mise en œuvre au début des années 2000 aux USA. Elle vise à enfermer le monde dans un affrontement entre un Occident judéo-chrétien et un Orient musulman.

Le racisme n’est plus seulement un outil de division, il est devenu la colonne vertébrale d’un projet politique. En France, la jonction de la droite avec son extrême s’exprime par les mises en causes actuelles de l’État de droit par les plus haut responsables politiques de droite et du gouvernement, par des expressions islamophobes récurrentes.

C’est ce même type de recomposition politique qu’a connu notre pays autour du pétainisme et de la « Révolution nationale » dans les années 30, en désignant hier la figure du juif comme menace existentielle.

Déjà au début du 19ème siècle, Émile Zola écrivait dans son article « Pour les Juifs » :

« ils sont accusés d’être une nation dans la nation, de mener à l’écart une vie de caste religieuse et d’être ainsi, par-dessus les frontières, une sorte de secte internationale, sans patrie réelle, capable un jour, si elle triomphait, de mettre la main sur le monde. »

Aujourd’hui, face à la grave crise sociale, écologique et politique de ce premier quart du XXIe siècle, c’est le retour de « l’ennemi intérieur ». Rien n’est banal dans cette succession de phrase dans l’actualité. Devant chaque problème différent, il y a une réponse unique: le danger islamique, le voile. Nous sommes partis de la peur de l’invasion arabe portée par l’extrême droite, au danger musulman porté par une islamophobie partagée bien au-delà de l’extrême droite, de Bardella à Manuel Valls en passant par le Ministre Retailleau et bien d’autres encore.

En un siècle, le judéo bolchévique est remplacé par l’islamogauchiste, pour transformer en ennemi de l’intérieur, toutes celles et ceux qui veulent changer la société. Il faut refuser toutes stigmatisations des forces et mouvements de gauche ou écologistes.

Seule l’unité de ces forces et mouvements, l’unité du monde du travail et de la création dans sa diversité, l’unité du peuple dans la multitude de ses croyances et non croyances, pourra empêcher le fascisme de s’installer en France.

Dans ce combat communiste, nous rejetons l’islamophobie comme l’antisémitisme et le racisme. L’heure est à l’union pour remettre en cause les modes et rapports de production capitaliste, à agir contre toutes les dominations, à donner la priorité au vivant en luttant contre le réchauffement climatique.

Pierric Annoot, Secretaire de la Fédération du PCF 92

Elsa Faucillon, Députée des Hauts-de-Seine

Patrice Leclerc, Maire de Gennevilliers

Nadia Mouaddine, Conseillère départementale des Hauts-de-Seine

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