Hommage prononcé par Patrice Leclerc, maire, lors du conseil municipal du 9 avril 2025.
Quatre anciens élus de Gennevilliers nous ont quitté dans la même semaine. Le choc est rude pour nous.
Le choc est certainement encore plus difficile pour leurs familles et ami-es à qui je présente, en mon nom et celui du conseil municipal, toutes mes condoléances.
Joel Chertier, Patrick Theret, Gilberte Veryepe et Arielle Vermillet Pary nous ont quitté. Ils étaient différents, mais avaient un point commun: leur engagement pour améliorer la vie des autres.
Leur disparition est douloureuse, cela m’affecte fortement comme beaucoup de Gennevilloises et Gennevillois.
Ils méritent notre hommage aujourd’hui.
Hommage à Joel Chertier
Joel Chertier n’était pas un homme qui se mettait en avant. Humble, il n’en était pas moins un homme qui savait s’engager dans la dureté du combat de classe. Sa voix douce, son caractère calme, n’atténuait en rien sa détermination, dans la durée, son engagement pour changer la société. Il adhère à la CGT en 1968.
Né dans le Berry, et après un passage dans l’armée, il monte à Paris, comme on disait à l’époque, pour travailler dans différentes entreprises de la métallurgie. Père célibataire, il a aussi connu le chômage pendant 2 ans avant d’être embauché chez un sous-traitant de la Snecma ou, s’associe à une action syndicale pour empêcher le licenciement d’un salarié de la Snecma. Il est à son tour menacé de licenciement. Une grève s’est déclenchée pour qu’il soit maintenu, mieux les délégués CGT dont Roland Muzeau obtiennent son embauche.
Joel adhère au PCF en 1973.
Dans une interview au journal local La Voix Populaire, il explique les raisons qui l’ont amené à accepter d’être candidat aux élections municipales. Je le cite « Moi, je trouve normal que les travailleurs gèrent les affaires de leur entreprise et aussi de leur ville. C’est vrai qu’on a été peu habitué à cela, je le vois dans le travail autour de moi. (…) Pendant des décennies, on a cantonné les travailleurs dans un rôle secondaire. On leur disait que la gestion des affaires de la ville et de leur pays ne les concernait pas. C’est aussi une chose à changer ».
Joel a été élu conseiller municipal communiste de 1983 avec Lucien Lanternier à 1989 avec Jacques Brunhes. Élu dans le quartier du Luth, où sa famille habite toujours, il militait particulièrement avec Gilberte et Christiane Acas sur les bâtiments Beaumarchais.
Joel c’était aussi, un mari, un amoureux de Brinda, un papa attentif et attentionné. Nous avons perdu un camarade, un ami.
Chère Brinda, j’aimais vous voir tous les deux, car ensemble, vous dégagiez beaucoup de sérénité, malgré la maladie qui frappait Joel. A vous les enfants que j’ai connu petits, vous pouvez être fier de votre père. Joel était un homme bon et courageux.
Je vous propose une minute de silence en mémoire de Joel Chertier.
Hommage à Patrick Théret
Patrick Théret a construit son parcours autour de l’engagement associatif, syndical et politique, marqué par une volonté constante de servir l’intérêt général et d’agir pour la justice sociale.
C’était un militant que l’on pouvait rencontrer dans les associations Vie libre, au mouvement du nid, à l’association France Palestine, à l’Appart à la régie de quartier du Luth, au CCPG qu’il présidait et d’autres associations que j’oublie.
Patrick Theret a été conseiller municipal de 2001 à 2014, dans les équipes de Jacques Bourgoin. Il y était comme personnalité appartenant à aucun parti.
C’est son action au service des autres qui avait conduit à accepter d’être élu.
Ce militantisme est une caractéristique de sa famille catholique militante. D’origine populaire, il continuait son engagement pour les couches populaires.
Il était investi dans le mouvement ouvrier comme représentant CGT du personnel à France 2 où il était responsable du service de sous-titrage.
Il y a défendu une conception du service public de l’information, une vigilance sur la qualité de celle-ci.
Patrick était inquiet « de la manipulation de l’info, en générale. On a de plus en plus affaire à des médias où aucune tête ne doit dépasser » disait-il lors d’une interview à la Voix populaire.
C’est par choix que Patrick Théret s’est installé à Gennevilliers, ville dont il apprécie l’histoire et la dynamique humaine. J’ai lu dans une interview donnée à la Voix populaire qu’il disait que » Dans une commune, soit tu y habite, soit on y vit. Gennevilliers est une ville qui se vit« .
Il a vécu notre ville, a beaucoup donné aussi pour elle.
Tout au long de son parcours, Patrick Théret a placé l’engagement au cœur de sa vie, que ce soit dans le domaine du journalisme, du militantisme ou de la politique locale. Son itinéraire reflète une volonté constante de lutter contre les inégalités et aider les autres.
Je présente toutes mes condoléances à sa famille, sa sœur, son frère, ses neveux et nièces, et ses amis.
Je vous propose une minute de silence en mémoire de Patrick Theret
Hommage à Gilberte Veryepe
Gilberte Veryepe, était une femme courage comme avait titré le Gennevilliers magazine faisant son portrait en 2018.
Avant dernière enfant d’une fratrie de 9 enfants, native des Corbières, dont elle avait gardé et cultivé l’accent, de Capendu, disait-elle avec fierté.
Elle était d’origine populaire. Elle a connu la dureté de la vie avec le décès de son papa quand elle n’avait que 11 ans, et a commencé très rapidement à travailler, comme bonne à tout faire au début, puis dans des entreprises.
Dans l’ouvrage « Talent de mémoire » de Fatiha Rahou elle répondait à la question : Et votre vie est ici ?
« Ah oui! je finirai mes jours à Gennevilliers, je ferai mon trou là parce que si je vais dans mon village, je meurs. Il n’y a rien. Dans notre ville, on a plein d’activités. Je suis toujours dehors, sur le terrain. »
Gigi a fini ses jours à Gennevilliers. Sans souffrir entourée de soins aux cytises. Je remercie ses ami-es et camarades qui sont souvent allés la voir, qui l’ont entouré jusqu’au bout: je pense à Joelle, Jacques, Martine, Véronique, et d’autres certainement…
Gigi s’était la lutte, la lutte pour mieux vivre, être respectée comme femme, être respectée comme salariée, être respectée comme habitante.
Je l’ai connu quand j’habitais le Luth, un trio de femmes formait une équipe omniprésente sur le quartier avec Christiane Acas, Lucette Mazalaigue et Gigi. Gigi avait beaucoup d’affection pour elles deux, tout comme pour Marcel Foucault qui suivait l’activité politique à la Général Motors.
Dans le Luth, elle était aimée et respectée pour son dévouement pour les autres. Elle a eu le courage aussi de participer aux différentes luttes contre la drogue qui détruisait de nombreuses familles dans les années 80.
Gilberte, c’est la dignité ouvrière. Elle s’est syndiqué CGT en 1965, puis elle est venue à Gennevilliers en 1972, pour le travail, car elle s’était fait embaucher à la GM comme contrôleuse de pièces de démarreurs et dans le même mouvement s’est installée au Luth. C’est là qu’elle a adhérée au PCF.
En 1977, elle est élue conseillère municipale avec l’équipe de Lucien Lanternier, qui l’appelait avec affection « ma petite ». Puis elle a été dans les équipes avec Jacques Brunhes.
Elle aimait se mettre à coté de Jacques Bourgoin, pour mettre en contraste leur différence de taille, et leurs amitiés étaient profondes, ancrée dans leur militantisme commun au Luth. Avec Roland Muzeau, elle avait la camaraderie et connivence des camarades qui savent ce que c’est que lutter dans une entreprise pour disputer au patronat sa toute puissance dans l’exploitation humaine. Elle était fière qu’une femme
Elle en a eu du courage Gigi, car le patronat, et l’encadrement de la GM ne l’a pas épargné, on peut même dire qu’elle a été maltraitée à partir de 1973, quand elle a été élue déléguée du personnel. Pour la punir, on lui imposait les taches les plus répétitive, les plus fatigantes et on l’isolait des autres salariés.
Gigi c’était une amie, une camarade, elle nous laissera la fierté d’être du côté des milieux populaires.
Je vous propose une minute de silence en mémoire de Gilberte Veryepe
Hommage à Arielle Vermillet-Parry
La ville de Gennevilliers doit beaucoup à Arielle Vermillet Pary. Pas seulement comme élu-e mais aussi comme professionnelle, comme militante. Militante politique, militante de l’éducation populaire, militante féministe.
J’ai connu Arielle début des années 90 quand elle était responsable de l’enfance à la mairie de Gennevilliers. On m’en avait dit tellement de bien, que j’ai tout fait pour qu’elle prenne la direction du service jeunesse. Mireille Rustin qui avait le secteur de l’enfance m’en avait un peu voulu de lui avoir piqué sa directrice.
J’ai pu apprécier ses qualités humaines et professionnelles, son sens des valeurs et sa capacité à les partager, sa connaissance des enfants, des jeunes et des familles de notre ville.
Lorsque je n’ai pas souhaité continuer un mandat de maire adjoint en 1995, j’avais suggéré à Jacques Brunhes le nom d’Arielle. Arielle comme élue a toujours su conjuguer avec succès luttes et gestion, travaille avec d’autres et travail personnel.
Ainsi Arielle Vermillet Pary a été maire adjointe de notre ville de 1995 à 2014, avec les équipes conduites par Jacques Brunhes puis Jacques Bourgoin. Elle est un peu indissociable de Martine Monsel avec qui elle avait tisser de profonds liens d’amitiés mais aussi mené de nombreuses actions.
Elle a exercé ses responsabilités dans des secteurs différents comme la Jeunesse, l’enfance, le programme local d’insertion par l’économique, l’immigration, les droits des femmes, la restauration municipale, la sécurité et la prévention, la solidarité, l’actions sociales et l’insertion sociale, le handicap, les retraités, la relation avec les associations caritatives, le quotient familial et la politique familiale, la Vie démocratique et citoyenne, lutte contre les discriminations.
Elle est à l’origine de nombreux dispositifs municipaux dont nous sommes fiers, mais surtout dont l’utilité et l’efficacité ont été démontré. Quand je disais en préambule que nous lui devons beaucoup, ce n’est pas une figure de style.
En 2011, elle a joué un rôle clé dans l’élaboration d’un dispositif expérimental destiné à assurer une continuité scolaire pour les élèves exclus. Ce projet visait à offrir un espace hors des établissements scolaires où les élèves pourraient continuer à apprendre tout en travaillant sur leur comportement et en comprenant les raisons de leur exclusion. L’objectif était également de faciliter leur réintégration dans les collèges. C’est aujourd’hui le fil continu.
Elle a également été une défenseure de la démocratie participative. Ces initiatives ont contribué à renforcer l’implication des citoyens dans la vie locale. Elle déclarait au 2e forum national de la démocratie participative où elle était une élue connue et reconnue: « « Vous m’avez donné le pouvoir pour que je vous le rende » est, en quelque sorte, notre philosophie. Des conseils de quartier existent depuis 1997. Nous avons tenu des Assises de la ville, créé un CLJ, adopté une charte locale, nous organisons des « rings des idées » et des rendez-vous multiples, insolites et insolents, jamais inconsistants, afin de travailler sur la construction partagée d’exigences avec les habitants. »
Elle a été la cheville ouvrière pour faire avancer le dossier de construction de la mosquée à Gennevilliers, tout comme dans un autre domaine elle a mené le dossier de création du SYREC avec réussite pour garder une maitrise publique et la qualité de la restauration scolaire.
Combattante elle écrivait à Patrick Devedjian, Président du Conseil départemental, un long courrier pour défendre les intérêts des associations et d’insertion de notre ville. Je la cite : « Sont particulièrement affectées sur notre ville des associations comme L’Etrier et Intervalle, et les structures telles que la Mission locale, le PLIE, la Boutique Club emploi de Gennevilliers, dont les publics sont majoritairement issus des quartiers en CUCS.
Malgré votre promesse de maintenir l’enveloppe consacrée aux actions conduites au titre de la politique de la ville, ce sont près de 83 000 € en moins, rien que pour les axes développés au titre de l’insertion et de l’emploi, soit moins 85% par rapport à 2010 ! »
Militante politique, elle était une élu-e engagée dans notre ville, elle a même dans les années 90 pris la responsabilité de la direction de la section du PCF, elle était aussi une défenseuse des droits du peuple palestinien.
Militante associative, elle s’est investie après son mandat dans l’association d’éducation spécialisée des Grésillons. Ayant repris une activité professionnelle elle a entre autres été à l’origine de la transformation de l’espace des Grésillons, en centre social et culturel avec l’objectif de placer les habitantes et les habitants au cœur du projet.
Parler d’Arielle en peu de temps, c’est forcément passer à côté de la richesse de son action et de son apport dans la ville. Sa disparition à la suite d’une maladie, nous a tous choqué, les témoignages d’affections venant du monde associatif dans sa diversité, de citoyennes et de citoyens, montrent la qualité des rapports qu’elle avait avec les autres avec le monde associatif.
Cher Stéphane, Chère Tiphanie, Cher Quentin
Je vous présente en mon nom, au nom du conseil municipal toutes mes condoléances. Nous partageons votre douleur et votre peine.
Je vous propose une minute de silence en mémoire d’Arielle Vermillet Pary
Toutes mes condoléances à ses 4 ami(e)s
Plein de pensées pour Arielle et tous les militants et professionnels éducatifs de Gennevilliers , elle a beaucoup créé et encourage . J’ai la chance d’échanger avec elle et elle a beaucoup contribué à ma découverte de Gennevilliers et à ce chemin que j’ai pu faire avec cette ville et ces habitants . Toutes mes condoléances à sa famille et à ses compagnons de route dans son engagement .
A ces 4 camarades et ami e s avec qui
J ai passé du temps pour
améliorer le vivre ensemble
Et le vivre debout en résistant
et vivant avec les Gennevillois.
Vous me manquez.
Christiane Acas Marrtin