Comme militant du réseau Alternative Communiste, j’ai eu la chance de rencontrer les unitaires de toutes les forces politiques de gauche et écologiques. Premier paradoxe, ces unitaires sont souvent minoritaires dans leur organisation, alors que l’aspiration à l’unité est forte dans « le peuple de gauche ».
Nous avons la même crainte face au fascisme qui vient et la même détermination pour empêcher le pire. Nous partageons la même aspiration à une alternative politique au libéralisme qui saccage des vies humaines et la nature, allant souvent jusqu’à une remise en cause du capitalocène, une volonté de recréer un espoir populaire autour de politiques sociales et écologiques pour dépasser le capitalisme. Et c’est là le deuxième paradoxe, nous sommes d’accords sur l’essentiel, mais nous peinons à nous unir, à développer des actions communes.
Je suis pessimiste pour l’avenir en raison de la situation politique actuelle et optimiste sur notre capacité collective à réagir car la lucidité sur le risque fasciste est largement partagée, l’aspiration unitaire forte, la nécessité de contrer les politiques destructrices en réinventant ensemble un nouvel art de vivre populaire respectueux des êtres humains et de la nature.
Il n’y pas, de mon point de vue, de raccourcis évitant les disputes citoyennes et dans les partis. En apprenant de nos demi-échecs: faire qu’avec les partis, faire sans les partis, opposer mouvements civiques et partis, ignorer le mouvement social…. il ne faut exclure aucun acteur ou actrice. Les unitaires doivent agir dans un même mouvement en direction des militant-es de leur parti, avec les citoyennes et les citoyens sur le terrain, avec le mouvement social et la société civique.
Je me risque à soumettre à la réflexion et critique collective quelques propositions:
- Avant de nous disputer sur qui doit être notre candidat-e à l’élection présidentielle, faisons grandir la conscience que pour gagner au premier et au deuxième tour afin de mettre l’extrême-droite en échec, créons les conditions d’une candidature unitaire, respectueuse de toutes les sensibilités politiques.
- Ne reproduisons pas les travers de la cinquième république, désignons d’abord les candidatures unitaires pour les législatives. Engageons un processus de discussion et de décision unitaire, circonscription par circonscription, sur la base du programme de la NUPES à réactualiser, pour constituer la base d’une constituante, travaillant le programme, désignant les candidatures aux législatives pour que chaque composantes unitaire s’y retrouve. En bref, construisons l’unité sur les législatives pour construire ensuite l’unité plus solide et partagée des présidentielles.
- Sur la base des circonscriptions, engageons un processus de réactualisation du programme de la NUPES, et de construction entre partis, mouvements, citoyen-nes, mouvements sociaux et société civique, d’un processus de désignation d’une candidature unitaire. Chacune et chacun devrait pouvoir participer au choix populaire partagé d’une candidature unitaire sur la base d’un programme de respect et de dignité pour les êtres humains et le vivant, d’une politique sociale et écologique.
- Engageons aussi avec les municipales de 2026 une dynamique unitaire, sur la base de processus démocratiques d’élaboration de programme et de liste qui sera bien utile pour les mobilisations unitaires à venir. C’est un front de résistance territoriale au fascisme qui vient qui se construira ainsi et une dynamique positive « en bas » pour l’alternative politique.
Peut-être que ces propositions ne conviennent pas totalement, mais il ne faut pas attendre le lendemain des européennes pour engager la réflexion et que chacune et chacun de son côté appelle à l’unité face au danger fasciste. Faisons-le ensemble.
Patrice Leclerc
Maire de Gennevilliers
Auteur de Inventons un nouvel art de vivre populaire aux éditions Arcane 17
D’accord pour l’essentiel. Peut-être aussi prendre l’initiative de réunir des comités partout où c’est possible, à la base, pour développer des propositions. La démocratie par en-bas bien avant les présidentielles !
On vous souhaite bonne chance, mais étant donné ce qui se passe depuis le début de cette campagne européenne ou tout le monde se tape dessus et il reste deux mois. Pas besoin d’être grand clerc pour deviner que tout cela va sans doute très mal finir et parler de réconciliation et d’union après le 9 juin paraît improbable et même si tel était le cas beaucoup d’électeurs ne sont plus prêts à suivre n’importe quelle union tant il y a de personnalités qui ont déçus de part et d’autres. Suis-je le seul à penser tout ça ?
D’accord sur l’essentiel avec Patrice et Gérard.
Je ne suis hélas pas très optimiste quant à cette maudite présidentielle qui impose une ou un candidat « charismatique » . Si tant est qu’un programme commun se réalise à gauche, il faudra bien désigner celle ou celui chargé de le défendre et ça ne s’annonce pas facile….