Tribune: Nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle

Patrice Leclerc
Gauche Actualités générales

La séquence présidentielle et législative pourrait permettre de discuter à partir des faits de la stratégie et de la tactique du PCF pour chercher à ce que le courant communiste soit vraiment utile pour transformer le monde.

Peut-être que nous pourrions tomber d’accord sur ces faits:

  • Que le danger préfasciste que nous décrivions pour obtenir une candidature unique de la gauche n’était pas une peur, mais une réalité au regard des résultats présidentiels et législatifs.
  • Que la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale a changé les termes du débat public face au danger préfasciste et au gouvernement. Notre désunion à la présidentielle a permis à Macron, au RN et aux LR de faire dominer le débat sur la sécurité, l’islamophobie, le séparatisme. La NUPES, avec les Insoumis, les communistes, les socialistes, les verts et des personnalités du mouvement social a imposé un débat lors de ces législatives sur les vrais problèmes: salaires, emplois, logement, social. La diversion identitaire n’a pas été possible dans le débat mais pas disparue en six semaines après la présidentielle. Le danger préfasciste persiste.
  • Que la candidature de Jean-Luc Mélenchon a rassemblé nettement plus au premier tour que la candidature communiste, socialiste et EELV et que c’est un vote réparti dans toutes les couches sociales qui rassemble particulièrement dans la jeunesse des quartiers populaires contrairement au vote pour le candidat communiste.
  • Que s’il y a eu un phénomène de vote utile à gauche, il faut aussi voir qu’il n’y avait aucune hésitation entre plusieurs candidats dans le vote des jeunes et moins jeunes des quartiers populaires. Ils ont utilisé le bulletin Mélenchon pour se faire respecter, se donner de la force, agir contre toutes les stigmatisations et est le résultat du contenu de la campagne de Mélenchon.
  • Qu’après la colère contre la division de la gauche aux présidentielles est venue l’espoir des électrices et électeurs de gauche de retrouver de la force grâce à leur union. Les candidatures non NUPES ont échoué quasiment partout face aux NUPES, y compris contre des personnalités implantées localement. Celui ou celle qui décevra l’aspiration à l’Union pour être plus fort en payera le prix politique durablement.

Dans ces campagnes, j’ai repéré au moins quatre questions qui « opposent » les communistes:

  1. La lutte contre l’extrême droite doit-elle se faire en partant du constat que « les électrices et électeurs du FN posent de vraies questions mais pas la bonne réponse«  et qui conduit à aller sur leur terrain: sécurité, immigration, violence, lutte contre l’islam… ou cette lutte doit-elle se mener en développant les questions sociales, les luttes contre toutes les discriminations, la stigmatisation de l’extrême droite et de la haine de l’autre, en donnant espoir d’une alternative politique. Bref s’agit-il d’agir pour convaincre que ceux qui votent FN se trompent ou d’agir pour que celles et ceux qui ne votent pas, votent à gauche.
    Vous excuserez le simplisme de cette présentation, mais elle permet de mettre le doigt sur une divergence fondamentale par exemple sur notre relation avec le Printemps Républicain qui trouvait bien la campagne du PCF et condamnait la campagne de Mélenchon. Stigmatise-t-on une partie du peuple de France en le qualifiant de « la fraction radicalisée des quartiers périphériques » ou comme une fraction du monde du travail et de la création, porteuse d’une diversité qui peut construire du commun avec le monde du travail sur tout le territoire.
  2. Quelle est notre utilité communiste devant l’enjeu climatique. Cela pose les questions de nos propositions et luttes contre le productivisme (produire moins et autrement), pour changer les rapports de productions, contre le capitalisme du désir consumériste pour développer une frugalité heureuse, et de nouveaux rapports de l’humanité au vivant.
  3. Le communisme est-il du capitalisme monopoliste d’état, une forme de keynésianisme qui fait du crédit bonifié un moyen de pilotage du capitalisme ou le mouvement réel qui remet en cause toutes les dominations, économiques, sociales, de genre, ainsi que sur la nature et qui agit pour l’appropriation sociale des moyens de production.
  4. Quelle place et rôle des communistes dans la NUPES comme mouvement pluraliste au service du peuple pour transformer le monde. Comment être utiles dans cet espace d’échanges, de débats et de luttes dans lequel nous pourrions développer en réflexion et en acte nos originalités communistes au service du mouvement réel de transformation sociale?

Patrice Leclerc

Maire de Gennevilliers

Auteur de « Inventons un nouvel art de vivre populaire » aux éditions Arcane 17

8 réflexions au sujet de “Tribune: Nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle”

  1. Bon avec tout ca qui dans les faits nie que l’economie soit au centre de la politique de dépassement du capitalisme
    N’aborbe En aucune façon la conquête pouvoirs dans et sur l’entre
    Ramène l’action de maîtrise de l’argent à du keynésisme
    Ton raisonnement ne nous mène a pas grand chose
    Regarde près de toi cherche à comprendre pourquoi melenchon n’a pas obtenu les suffrages des abstentionnistes

    Répondre
    • et tu réponds quoi à « Regarde près de toi cherche à comprendre pourquoi Roussel n’a pas obtenu les suffrages des abstentionnistes »

      Répondre
    • Merci d’avoir pris le temps de discuter mes propos. J’ai lu les votre nous sommes effectivement en désaccord, mais vous m’aidez à pousser ma réflexion

      Répondre
  2. cela reflète complètement ma pensée !
    et c’est très bien dit avec les mots qu’il faut
    selon moi
    merci de cette synthèse
    étant nupes sans être communiste je pense que les problèmes et questions actuelles sont bien posés

    Répondre
  3. Si je partage le fait que nous ayons des divergences sur le communisme du XX1ème siècle, je suis moins sur que toi Patrice et que d’autres d’ailleurs, sur leur formulation. J’ai surtout, pour ce qui me concerne, beaucoup de questions et moins de réponses et je suis de ceux qui pensent qu’il est plus difficile de se poser les bonnes questions que de trouver les bonnes réponses, … une fois que l’on a formulé les questions, que l’on essaye d’avoir un consensus ou tout du moins des convergences sur ces questions et surtout que l’on prend le temps de discuter et de décider de la méthode pour trouver les réponses.
    Je ne prétends plus avoir des certitudes sur nombre des problèmes qui nous préoccupent nous les communistes. Par contre j’ai toujours autant voire plus de convictions et par exemple, celle que si nous ne nous respectons plus dans nos débats et que nous sommes plus prompts à nous juger qu’à prendre le temps de la formulation de nos divergences et de nos argumentations, nous ne sommes pas prêts de reconquérir une place significative dans le paysage politique de notre pays.

    Répondre

Laisser un commentaire