Intervention du groupe Front de gauche et citoyen-nes sur le SCOT, lundi 24 janvier 2022

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Patrice Leclerc
Actualités générales

Intervention de Patrice Leclerc, président du groupe Front de gauche et citoyen-nes.

Monsieur le Président et Cher-es collègues,

Le SCOT est un document stratégique qui nous engage pour plusieurs années. Est-ce celui qu’aurait écrit les élu-es du groupe front de gauche et citoyen-nes si nous avions eu la majorité de notre assemblée: bien évidemment non!

Ce Scot est loin de répondre aux enjeux auxquels l’espèce humaine est confrontée en ce premier quart du XXIe siècle.

Il est encore empreint d’une pensée productiviste, d’une vision de la ville, de l’économie, qui est encore trop éloignée du nouveau monde à construire, plus économe en ressource, plus égalitaire, plus soucieux du respect des êtres humains et de la nature. Le libéralisme et la concurrence sauvage entre les êtres humains, les territoires, les métropoles ont encore trop de place pour protéger les générations futures des erreurs commises dans le monde d’avant qui malheureusement se poursuit encore. Nous déplorons la grande place laissée à la notion de compétition entre métropoles, entre territoires, là où la coopération nous semble être un concept infiniment plus porteur d’avenir.

Alors que la question du logement dans notre Métropole devient une question majeure pour les habitants des villes qui composent notre aire dense, alors que celle-ci est à l’origine de la maltraitance de dizaines de milliers de familles, de centaines de milliers de personnes comme les femmes battues qu’on ne peut reloger, les enfants en sur occupation de logement qui ne peuvent suivre dans de bonnes conditions leurs études, les familles contraintes de louer des logements insalubres, les couples qui se séparent et doivent continuer à cohabiter faute de logements accessibles, ou les personnes sans domiciles,… oui alors que la question du manque de logements sociaux est flagrante, ce SCOT manque clairement d’ambition, de volonté. Il ne mettra pas fin au mouvement réel qui chassent les couches populaires et les couches moyennes de Paris et de la petite couronne.

Mais ce SCOT aurait pu être pire…

Il aurait pu accélérer les mouvements négatifs en cours, maltraiter les communes qui ne sont pas de la même couleur que la majorité de cette assemblée. Il aurait pu marquer une préemption idéologique et réelle sur chacune des villes de notre Métropole, une arrogance d’une gestion métropolitaine centralisée et technocratique. Ce n’est pas le cas.

Il est prévu la construction de 38 000 logements neufs par an. Et si le logement social n’est jamais cité dans les objectifs de construction. Dans le PADD, seule la mention « offre locative accessible » est pudiquement employée, ce qui peut renvoyer à du logement intermédiaire (p. 56 du PADD). Toutefois, le DOO, qui a la vraie portée prescriptive prévoit explicitement l’objectif de production de 22 700 logements sociaux par an « en veillant au rééquilibrage de l’offre » (prescription 76). Il prévoit aussi d’instaurer un nouvel équilibre de l’offre de logements sociaux dans les communes carencées (< 25 %). Dans les villes > 25 %, l’objectif est de « privilégier la production de logements qui favorisent le renforcement de la mixité sociale », expression suffisamment floue pour que tout le monde s’y retrouve (prescription 77 du DOO). Inscription qui laisse aussi la place à un mouvement social, qui s’il s’exprime, permettrait de progresser dans l’offre de logements sociaux. Nous savons et avons l’expérience que les écrits ne règlent pas tout: c’est pourquoi nous appelons les gens à agir avec vigueur pour exiger qu’il soit répondu au besoin en logements sociaux quand 70% de la population d’Ile-de-France y est éligible. Ce SCOT est donc insuffisant, mais peut se traduire positivement si les métropolitains s’en mêlent !

Il y a la nécessité de bâtir une métropole vivable, pour tout le monde, quels que soient ces revenus pour faire respecter le droit à la métropole, le droit à la ville.

Nous le voterons car nous avons votre engagement que nous reprendrons le travail abandonné sur l’élaboration du PMHH sur lequel il nous faudra trouver un consensus métropolitain permettant de progresser en matière de réponse aux besoins en logements et hébergements dans notre métropole.

En ce sens, la résorption des inégalités territoriales aurait mérité d’être mieux affirmée, y compris pour développer des polycentralités,  des bassins d’emplois et de vie limitant les déplacements domicile travail. Ce modèle plurifonctionnel n’est d’ailleurs pas totalement absent du SCOT. Il est mentionné pour les économies présentées comme innovantes, numériques ou de recherche. Dommage qu’il ne soit pas fixé ce type d’objectifs pour les plus grandes entreprises. Pourquoi, alors chercher à tout prix à renforcer le pôle de la Défense ? Sous couvert d’affirmer prôner la polycentralité et la diversité économique, les orientations du SCOT s’orientent plutôt au contraire vers la sanctuarisation des pôles économiques tertiaires majeurs existants.

Une démarche polycentrique du développement métropolitain pourrait compenser l’angle très dominateur de la métropole mondiale, et mieux s’articuler avec une vision plus équilibrée du développement sur le territoire français. Le PADD fait référence à cette volonté : le SCOT « promeut une approche polycentrique avec l’articulation du local et du global » (p. 15). Mais il peine en réalité dans l’ensemble des documents à sortir d’une vision très centralisée pour ce qui concerne son propre développement. Ainsi, les spécificités de chaque territoire ne sont mises en avant que pour illustrer les atouts de la MGP et alimenter une vision globale.

Il pose aussi la question des espaces de respirations, espaces verts publics, végétalisation, espaces verts privés, le maintien des îlots de fraicheurs, la préservation d’espaces boisés. En ce sens l’objectif de 30% de pleine terre est une bonne préconisation.

Le SCOT pointe la vulnérabilité de la Métropole par rapport aux systèmes d’approvisionnement et son impossible autosuffisance, tant énergétique qu’alimentaire. La stratégie proposée est donc de sanctuariser tout ce qui peut contribuer à renforcer une part d’autonomie, tout en ayant bien conscience des limites de l’exercice. Cela devrait nous engager à développer des concertation et collaboration avec les territoires en périphérie de notre métropole. Nous devrions nous engager résolument vers une alliance entre notre zone dense et les territoires producteurs disposant de terres agricoles pour convertir celles-ci en zone de maraichage bio, pour répondre aux besoins, en circuits courts, d’une alimentation saine des métropolitains. Cette orientation pour relocaliser l’approvisionnement des villes en alimentation vise à répondre à l’urgence climatique, à la nécessaire diminution de notre consommation de ressources énergétiques, de la pollution, et pour une augmentation de la qualité de la vie.

La fonction logistique répartie sur l’ensemble du territoire métropolitain et plus vertueux sur le plan environnemental « Les actions du SCOT doivent permettre de maintenir, et mieux répartir, l’offre immobilière logistique dans la métropole, en particulier dans les zones d’activité, la renouveler, la redévelopper et la diversifier pour apporter les réponses à l’ensemble de la chaîne logistique, socles du schéma logistique métropolitain » (p. 28 du PADD). L’accent est également mis sur le développement du fret ferroviaire et fluvial, mais aussi les moteurs à énergies alternatives. Nous insistons sur le développement du Fret ferroviaire car celui-ci peut vraiment permettre une décarbonisation du transport des marchandises. Comme nous insistons en complément aux réflexions logistiques sur le dernier kilomètre pour qu’on agisse aussi sur le premier kilomètre en termes d’activités productives. Il serait souhaitable de renforcer aussi l’offre en équipements culturels et sportifs, l’offre de services publics dans la métropole et particulièrement dans les quartiers et villes populaires.

Nous voterons ce document, tout en notant ses défauts et insuffisances, voire des difficultés qu’il peut créer dans certains territoires ce qui peut expliquer l’abstention de quelques collègues. Nous le voterons car il est le fruit de compromis, il est à l’image de notre gouvernance partagée de la métropole où gauche, écologistes et droite nous veillons à respecter l’autonomie communale.

Nous le votons en attirant l’attention de nos concitoyens et concitoyennes sur le fait que ce SCOT est le résultat aussi des rapports de force politique qu’ils ont créé par leur vote ou leur non-vote, dans notre métropole. Ils pourront s’exprimer dans le cadre des consultations publiques. Il y a de l’espace pour agir ensemble pour exiger une métropole plus respectueuse des êtres humains et de l’environnement. Notre groupe est à leur disposition pour être, dans cet objectif, avec eux, à leur côté.

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