Depuis octobre dernier, des dizaines de sans-papiers sont en lutte contre RSI, (acheté par le groupe Belvédia) entreprise d’intérim spécialisée dans le Bâtiment et les Travaux Publics. RSI fournit de la main-d’œuvre précaire pour les entreprises des chantiers.
Le vendredi 22 octobre, ces travailleurs sans papiers de RSI ont occupé l’agence, rue Magenta à Paris, pour exiger les documents officiels leur permettant d’accéder à la régularisation de leur situation en France. Après l’évacuation de la police, les grévistes ont formé un piquet de grève devant l’agence RSI de Gennevilliers le 1er novembre.
Cela plus d’un mois que ces salariés sont sans réponses satisfaisantes de RSI, malgré des relances, des tentatives de dialogue et une grève qui se poursuit, jour et nuit, dans le froid.
Leur demande est claire : obtenir les documents en règle nécessaires pour constituer leur demande de régularisation en préfecture.
Lors du rassemblement du samedi 27 novembre, j’ai appelé au soutien de la population Gennevilloises et de ses organisations ou mouvements en faveur de ces salariés en lutte. Des représentant-es du PCF, de la FI, du PS, d’EELV, de l’ATMF ont marqué leur soutien, ainsi que des habitant-es des bâtiments voisins.
Nous plaçons sous protection de la population cette occupation devant le bureau de RSI en demandant à chacune et chacun de donner un peu de son temps le soir et le matin en vous inscrivant à ces permanences sur le terrain (sur le doodle) : https://doodle.com/poll/qu5gqcwzapq4euhz?utm_source=poll&utm_medium=link
Nous vous invitons aussi à aller manger le soir au restaurant asiatique tout à côté, qui souffre un peu de cette occupation car il semblerait que cela dissuade les client-es.
L’ARTICLE DU PARISIEN:
Par Olivier Bureau Le 27 novembre 2021 à 18h01
Après plus d’un mois de conflit, le mouvement des sans-papiers employés par la société d’intérim RSI s’est durci à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Plus d’une quarantaine d’entre eux se sont rassemblés devant les locaux de leur entreprise ce samedi. Après avoir manifesté devant la mairie le 2 novembre dernier, cette fois c’est sur place qu’ils ont reçu le soutien du maire et des élus de gauche.
Ces intérimaires sont en grève depuis le 22 octobre dans le cadre d’un mouvement de grève coordonnée de travailleurs sans-papiers de la région parisienne, date à laquelle ils ont également été évacués d’une autre agence RSI à Paris (Xe). Nombre d’entre eux sont embauchés en intérim pour des missions courtes dans le bâtiment avec un titre de séjour ou d’une pièce d’identité empruntée à un tiers.
Un « combat juste » pour le maire
« Votre combat est juste, vous avez raison de vous battre », tonne Patrice Leclerc, le maire (PCF) de Gennevilliers qui s’en prend à « un patronat hypocrite qui refuse de fournir les documents nécessaires à votre régularisation ». Afin d’apporter un peu de confort aux grévistes, la ville a fait dresser un barnum et des toilettes doivent être rapidement installées. Devant une foule galvanisée par ce soutien, Patrice Leclerc précise que la préfecture a autorisé le rassemblement mais refusé… les toilettes.
« On installera des toilettes sèches qu’on ira vider dans les bureaux de RSI »
Pas de quoi refroidir l’élu jamais à court d’inventivité. « Si la préfecture les fait enlever, on installera des toilettes sèches qu’on ira vider dans les bureaux de RSI », promet l’élu sous les vivats. « Ne lâchez pas, restez soudés : la lutte paye ! », embraye Grégory Boulord, son adjoint entre autres aux politiques sociales et aux solidarités.
Les interventions et les déclarations de soutiens se succèdent. Il est question de travail, de dignité, de lutte, de froid… Et puis Mahamadou prend le micro. A 31 ans, ce Malien, qui totalise plus de trente fiches de paye, est le porte-parole et l’interprète pour les salariés. « Certains, ici, travaillent depuis trois, quatre, cinq ans… Nous ne sommes pas des voleurs ni des violeurs, nous sommes des travailleurs, martèle-t-il avec charisme. On ne tend pas la main, on ne demande pas la régularisation à RSI : c’est notre droit, on a travaillé pour cela. »
Et de mettre les points sur les i : « ce n’est pas par plaisir que ces gens-là sont venus en France en laissant des femmes, des parents, des familles au pays. On a seulement fait ce qu’il faut. Nous ne faisons pas la manche : nous sommes des travailleurs ! »