Voeu sur la précarité hygiénique : un phénomène mal connu

Patrice Leclerc
Gennevilliers

Conseil municipal du mercredi 19 mai 2021

Voici un terme que l’on entend de plus en plus mais qui est encore trop souvent rapportée à la seule précarité menstruelle. Malheureusement ça ne se limite pas à un problème d’accès aux protections hygiéniques.

Selon une enquête IFOP pour Dons Solidaires publiée en mars 2021, 6 à 7% de la population renoncerait à l’achat de gel douche, de brosse à dents ou limiterait sa consommation de papier toilette par manque d’argent. Ce chiffre monte de façon inquiétante à 39% pour les bénéficiaires d’associations de solidarité.

C’est environ 3 millions de français contraints de se priver de produits d’hygiène et 1/3 des femmes qui ne change pas suffisamment ses protections périodiques ou utilise des systèmes de fortune.

Les plus pauvres subissent cette précarité hygiénique qui a des conséquences à la fois sur leur santé mais aussi sur leur vie sociale. Ce n’est pas une surprise quand on sait que 69% des Français déclarent qu’une mauvaise odeur corporelle donne une mauvaise opinion d’une personne.

En effet les difficultés d’accès aux produits d’hygiène entraînent un mal-être au quotidien.

5% des femmes concernées déclarent ainsi ne pas sortir parfois de chez elles ou s’absenter de leur travail parce qu’elles manquent de protections hygiéniques ou encore que 3% de la population renonce à se rendre à un entretien d’embauche.

Les jeunes parents sont aussi très concernés car la crise sanitaire entraîne une dégradation de leur situation. 1 sur 5 éprouve plus de difficultés à acquérir des couches ou produits d’hygiène dédiés aux enfants et 8 sur 10 jugent qu’il y a des conséquences sur le bien-être des enfants

L’association « Dons Solidaires » par la voix de sa déléguée générale, s’est alarmée de cette situation en ces termes : « La crise que nous vivons actuellement, sanitaire, économique et sociale, marque une progression inquiétante de la précarité et aggrave encore les difficultés des plus fragiles ».

Quelques associations dédiées aux produits d’hygiène se sont emparées du sujet toutefois la demande est grandissante et elles peinent à répondre à toutes les sollicitations.

L’annonce du gouvernement de mettre à disposition les serviettes hygiéniques gratuitement auprès des étudiantes et dans certains lieux collectifs est symbolique mais elle est seule, pas suffisante. Ce n’est pas le seul public concerné.

Une prise de conscience générale doit avoir lieu afin de faciliter l’accès à l’hygiène. Les chiffres sont éloquents, l’état a consacré 291,4 millions de budget annuel à la lutte contre la précarité alimentaire en 2020 et tout juste 1 million pour la précarité menstruelle la même année.

Ce budget est porté à 5 millions en 2021 mais reste orienté uniquement sur la précarité menstruelle.

Les actions doivent être générales, concrètes et fortes, c’est pourquoi le conseil municipal demande à l’Etat :

  • La mise en place d’un budget juste et en cohérence avec les besoins,
  • Un soutien marqué des associations existantes dans ce domaine,
  • L’accompagnement des structures locales dans le développement de solutions comme la distribution de kits d’hygiène complets de façon régulière,
  • L’information des jeunes filles et femmes sur les différentes protections périodiques qui s’offrent à elle avec une prise en charge de l’achat adapté au choix fait.

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