Vœu pour l’égalité républicaine de nos villes et quartiers populaires

Patrice Leclerc
Gennevilliers

Conseil municipal du mercredi 16 décembre 2020

Avec les 150 maires et Présidents d’agglomérations représentant plus de 10 millions d’habitants et signataires d’une lettre ouverte au Président de la République, dite « Appel du 14 novembre », le Conseil municipal affirme la nécessité d’actions pour affirmer l’égalité républicaine de nos villes et quartiers populaires.

Il y a trois ans, le Président de la République annonçait un grand « plan de mobilisation nationale » pour les quartiers populaires. Son discours était alors très attendu ; un mois plus tôt, un millier d’élus locaux et d’acteurs issus du monde associatif, de l’entreprise et du syndicalisme s’étaient rassemblés à Grigny pour protester contre la suppression des contrats aidés et la baisse des dotations destinées aux villes pauvres.

Au terme de cette prise de parole forte, le Président avait demandé à Jean-Louis Borloo de « remettre les gants pour aider à la bataille » mobilisant près de 200 bénévoles : élus, associatifs, entrepreneurs, syndicalistes, universitaires, artistes, citoyens…, autour de l’élaboration d’un « plan de marche ».

80 Président.e.s de communautés et métropoles s’étaient également réuni.e.s autour du Pacte du Dijon pour prendre des engagements en matière de développement économique, d’emploi, de mobilité et d’habitat et appeler à un partenariat renforcé avec l’Etat dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la sécurité et de la justice.

De cette co-construction, unique dans l’histoire de la politique de la ville, était sorti le rapport « Vivre ensemble, vivre en grand. Pour une réconciliation nationale » ; 19 programmes et 48 mesures « simples, robustes, évaluables et complémentaires » destinés à recréer une cohésion urbaine, sociale et républicaine.

Depuis, la crise sanitaire du Covid-19 est survenu et le sentiment qui domine est celui de non-assistance à ces habitants en difficulté.

En effet, en dépit des alertes, les villes et quartiers populaires restent un angle mort du plan de relance : aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour répondre à la détresse sociale et économique qui frappe les frappes les habitants de ces communes.

Pire, la surmortalité Covid des couches populaires est malheureusement démontrée selon l’étude menée par Guy Burgel de l’université de Paris-Nanterre. La précarité du travail s’accélère alors même que les habitants ont été en première ligne : personnels soignants, caissières, logistique, déchets, … . Cette inertie se paie à ce prix.

Partout sur le terrain, les signaux sont au rouge :

  • Les demandes d’aide alimentaire d’urgence explosent,
  • La demande de RSA progresse massivement,
  • Le chômage augmente,
  • Les inscriptions dans les associations culturelles et sportives ont massivement diminué.

Cette situation n’est pas une fatalité, Monsieur le Président. Notre pays a traversé de très nombreuses crises dans son Histoire ; nous savons par expérience que le désespoir et la division sont nos pires ennemis. Pour leur faire barrage, renouons avec la confiance et le sens du collectif !

Le Conseil municipal demande que le Plan de relance de 100 milliards d’euros consacre et sanctuarise 1% de cette somme pour les territoires où les habitants rencontrent le plus de difficultés en raison de la crise du COVID.

Des idées et des propositions existent :

  • Un fond de 200 millions d’euros pour la création de comités locaux de solidarité dans les villes où vivent les populations les plus pauvres,
  • Un fond de soutien aux centres de santé,
  • Un fond de 120 millions d’euros pour la mobilisation des acteurs de l’emploi.

Ce 1% solidarité permettra, par ailleurs, de mettre en place d’autres mesures immédiatement opérationnelles :

  • Création de 7000 postes aidés « médiation et tranquillité publique » (ASVP, médiateurs) dans les quartiers prioritaires.
  • Développement d’un plan national de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme dont l’objectif sera de diviser par deux le nombre de personnes en situation d’illettrisme d’ici 2025.
  • Renforcement des programmes d’éducation aux médias et au numérique dans le secondaire (collèges et lycées).
  • Généralisation des clauses d’insertion qui doivent être portées par les entreprises elles-mêmes soit déléguées à un acteur de l’économie sociale et solidaire) dans tous les marchés publics et particulièrement dans le cadre de Paris 2024.

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