Avec Mohamed Grichi, maire adjoint, j’écris au Premier Ministre pour que les clubs sportifs soient mieux aidés dans la crise sanitaire COVID19, et nous étudions ce que nous pouvons faire en local.
Monsieur le Premier Ministre,
Par le présent courrier, nous souhaitons attirer votre attention sur la situation alarmante de notre tissu associatif sportif local qui crie « à l’aide au quotidien ».En effet, notre pays durement touché par la crise sanitaire aujourd’hui très active, doit de nouveau faire face à des mesures contraignantes visant à endiguer la propagation du virus au sein de notre population.
Comme vous le savez, ces mesures mettent à mal de nombreuses structures socio-économiques de notre pays, qui, pour certaines d’entre elles, malgré les dispositifs mis en place par le gouvernement, sont en grande souffrance.
C’est le cas du tissu associatif, et notamment les associations sportives, qui expriment sur notre commune, un sentiment d’abandon depuis le mois de mars dernier, sentiment qui doit être largement partagé au niveau national.Ce cri d’alarme fait écho à la demande des 69 députés de votre majorité qui, en juillet dernier requéraient qu’à l’aube des Jeux 2024 de Paris, le gouvernement puisse « donner une place centrale au sport dans notre société, notre santé, nos écoles et nos entreprises ». En réponse à ce vœu pieu, le sport a vu son ministère mis sous tutelle au sein de celui de l’éducation nationale et l’octroi d’une aide de 132 millions qui fait du sport un des parents pauvres des aides attribuées au vu des 100 milliards budgétisés pour le plan de relance.
Pourtant dès 2009, la Cour des comptes pointait que « la vétusté des équipements sportifs conduirait les collectivités propriétaires à programmer, dans les prochaines années, des investissements considérables pour mettre en conformité les installations (sécurité, hygiène, santé). Celle-ci estimant même en 2015, ces grands travaux à 21 milliards d’euros.
Nous sommes donc assez loin, vous en conviendrez sans peine, des 50 millions alloués à cet effet dans le plan de relance.Un déséquilibre d’ailleurs constaté par les sénateurs le 27 octobre dernier lorsqu’ils ont auditionné Madame Maracineanu en pointant en comparaison les 2 milliards alloués à la culture. Selon la ministre, l’État a déjà fait beaucoup avec les mesures de soutien mises en place pour le chômage partiel, les exonérations de charge et les prêts.
Nous n’allons surtout pas mésestimer l’intérêt de ces mesures envers un certain nombre de clubs, mais nous nous permettons d’attirer votre intention sur les points suivants :• Seulement 11% des associations sportives emploient des salariés et sont donc concernées par le dispositif d’aide que vous proposez aujourd’hui.• Quant aux prêts garantis, ils bénéficient surtout aux grands clubs professionnels comme l’a souligné Jean-Jacques Lozach, président de la mission d’information sur le fonctionnement et l’organisation des fédérations sportives, dans son rapport remis en septembre.
Par ailleurs, contracter un prêt engage la responsabilité des dirigeants dans le remboursement de celui-ci, comment prendre ce risque sans activité permettant de le rembourser ?
En écoutant attentivement Madame la ministre déléguée chargée des sports, nos associations auraient même « fait des économies pendant la crise ». C’est possible si on analyse exclusivement la situation qu’au travers du prisme des associations qui emploient des salariés, mais quid de toutes les autres dont le budget de fonctionnement dépend essentiellement d’initiatives bénévoles qui, malheureusement ont dû être annulées entre mars et juin, alors que parfois des frais ont été engagés.Les remboursements effectués par un grand nombre d’associations en fin de saison dernière, ou les avoirs consentis aux adhérents en ce début de saison bien trop courte, voire les cotisations non encaissées ont mis à mal de nombreux clubs qui malgré tout ont proposé des facilités de paiement à nos concitoyens issus des quartiers populaires et organisé des paiements échelonnés dans le temps.
C’est une démarche citoyenne qui honore la qualité de notre tissu associatif, mais ne résout en rien leur problème de trésorerie lié au non-encaissement des cotisations, à l’arrêt de leur activité et à la perte de 20 à 50 % de leurs adhérents.
Monsieur le Premier Ministre, vous comprendrez que les petites associations sportives sont en souffrance avec cette nouvelle interdiction de fonctionner. Elles méritent donc autant, voire plus, d’attention de votre part, car elles représentent la base sportive de notre pays, accompagnant le développement physique de notre jeunesse et de tous les amoureux de sport. Pratiquer une activité physique au sein d’une association représente bien plus qu’une simple licence. Elle permet de créer du lien, du vivre ensemble, d’apprendre le respect de l’autre, de se sociabiliser et de s’inscrire dans cette universalité unique que représentent les Jeux que nous recevrons dans moins de 4 ans à Paris. Le sport pour tous, porté par ces associations, doit être au centre de toutes nos préoccupations et mérite tout notre soutien.Donnons toute la place que le sport, dans toutes ses composantes, doit avoir au sein de notre société et, dans cette perspective, ne sacrifions pas nos associations sportives.
Le secteur économique ne doit pas s’effondrer, nous sommes d’accord avec ce postulat, mais pour atteindre cet objectif, nous devons tenir compte de toutes celles et tous ceux qui contribuent à son dynamisme, et les associations sportives locales y participent grandement à l’échelle nationale.
Persuadé de l’attention particulière que vous porterez à ce cri d’alerte et comptant sur votre diligence pour apporter des solutions complémentaires, nous vous prions de trouver ci-joint une pétition des associations sportives locales.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre considération distinguée.
Patrice LECLERC, Maire de Gennevilliers
Mohamed GRICHI, Maire adjoint chargé des sports et du développement des associations