Ce gouvernement met la jeunesse et la police en danger.
La jeunesse a peur de la police et la police a peur de la jeunesse. Cette peur s’élargit à toute la population dans les quartiers populaires. Cette peur est dangereuse pour la démocratie, dangereuse pour celles et ceux qui ont toutes les raisons d’avoir peur.
C’est vrai d’une jeunesse qui a plus peur de se faire arrêter, emmenée et bastonnée, voire de mourir, au commissariat que de s’enfuir. C’est vrai d’une police qui ne se fait pas respecter quand elle demande à quelqu’un de s’arrêter ou doit craindre les guet-apens meurtriers. Le film « Les misérables » est malheureusement juste. Arrêtons cette spirale de la violence !
Le gouvernement Macron, les gouvernements successifs depuis 2003, sont responsables de cette situation par leur instrumentalisation de la police pour régler leurs problèmes politiques, par leur course sécuritaire effrénée. Contre les jeunes dans les quartiers, contre les pauvres dans les villes, contre le mouvement syndical et politique progressiste, contre les infirmières et infirmiers, contre les gilets jaunes… La police est en première ligne, laissée comme seule réponse.
La situation est grave et compliquée, mais il faut l’affronter sous peine d’accroissement des violences. Un large débat public est à ouvrir sur le rôle de la police, les moyens qui lui sont donnés, un changement de doctrine. Réfléchissons à comment passer des « forces de l’ordre » aux « gardiens de la paix ». Au-delà des mots, c’est toute une conception de la sécurité publique qui est à inventer.
« Il est très important de mettre en lumière comment ces lois et ces conceptions sécuritaires de la vie publique mettent en jeu les libertés publiques pour l’ensemble de la société, et d’identifier leur inefficacité dans la résolution des difficultés ; l’approche sécuritaire renforce la spirale de la force et limite les capacités à transformer les violences. Elle accentue les fragmentations et les peurs vécues par les populations. C’est une fausse réassurance collective ».*
Il faut en finir avec ces brigades d’intervention policières qui ne connaissent pas le terrain et se soucient peu des conséquences locales de leur action. L’humiliation de la jeunesse des quartiers populaires n’est pas éducatrice. Elle fabrique de la violence. La lutte contre le racisme et les discriminations est à l’ordre du jour dans l’institution. Les habitant-es, les salarié-es, les citoyen-nes de tous âges respecteront d’autant plus la police, reconnaitront sa légitimité qu’ils et elles se sentent respecter par l’institution policière et les personnes qui la représentent. Tout citoyen-ne doit être responsable et les représentants de l’institution se doivent être responsables et exemplaires !
Revenons à une police de proximité, avec des effectifs suffisants, ancrée sur le terrain, qui ne contrôle pas 10 fois la même personne. Redonnons des effectifs supplémentaires à la police nationale, en supprimant « un mille feuilles » inefficace, par la nationalisation des polices municipales.
Sur ce sujet très compliqué, je n’ai malheureusement pas les solutions toutes faites. Je suis prêt à y travailler avec d’autres car je vois l’impasse des logiques et pratiques à l’œuvre.
Par ailleurs, la police ne peut pas être la réponse à tous les maux de la société. Une réassurance bienveillante du monde des adultes à l’égard de la jeunesse, leur capacité à co-éduquer, à réinvestir l’espace public, tout simplement faire société se pose avec force. Bref, il faut vivre ensemble autrement. Inventons donc un nouvel art populaire de vivre en ville.
Patrice Leclerc
Maire de Gennevilliers
- Résister au Sécuritaire. Ouvrage collectif publié en 2006. Editions Syllepse.