Conseil municipal du mercredi 5 février 2020
Comme les congés payés ou la création de l’assurance maladie, la retraite est un acquis social qui a révolutionné la vie des salariés et la société française dans son ensemble. Elle a ouvert un droit au temps libre pour tous les salariés, après des années de travail et de service rendu à la société.
Bien souvent, ce temps de la retraite est une période de la vie où les citoyen.ne.s consacrent plus de temps pour s’occuper de leur proches, de leurs petits enfants ou de leurs parents âgé.e.s, pour s’investir dans des associations de solidarité – plus de 50% des responsables associatifs en France sont des retraités-, pour prendre du temps pour soi, se cultiver, créer, lier des amitiés etc.
Ainsi, la retraite est une belle période de la vie, en particulier lorsqu’on la vit en bonne santé.
Ce droit à la retraite est garanti actuellement par le système de retraite par répartition. Ce système protège tous les seniors en leur garantissant un revenu sans qu’ils aient à travailler jusqu’à la fin de leur vie, comme c’est le cas dans les systèmes libéraux comme aux Etats-Unis.
Loin d’être parfait, car il ne permet pas actuellement d’enrayer les inégalités femmes hommes et qu’il doit être amélioré pour les salariés ayant cotisé dans plusieurs régimes, ce système permet malgré tout une solidarité intergénérationnelle. En effet, il repose sur les cotisations versées par les salariés dans un pot commun solidaire pour les retraités, en contrepartie des cotisations que les retraités ont eux-mêmes versé pendant leur activité.
Or avec le projet de retraite à points, le Gouvernement choisit de détruire ce modèle de solidarité nationale, au profit d’un modèle libéral, individualiste, et très avantageux pour les entreprises privées de fonds de pension.
D’une part la retraite à points ne prendra pas en compte les spécificités de chacun, à savoir l’ancienneté de carrière, la pénibilité de l’emploi, les interruptions de travail ou temps partiels pour s’occuper des enfants etc. Pourtant toutes ces situations conduisent à une fatigue physique plus précoce, et il est avéré que l’espérance de vie dans certaines catégorie d’emploi est largement réduite par rapport à la moyenne nationale.
D’autre part, le montant consacré par l’État pour les retraites se trouvant bloqué, les pensions se trouveront automatiquement réduites à mesure que le nombre de retraités augmentera. Cela aura pour conséquence la ruée des plus riches vers les fonds de pension privés, tandis que les salariés des classes moyennes devront travailler de plus en plus longtemps pour partir avec une pension qui leur permette de survivre pendant la retraite.
Cette réforme est donc une catastrophe sociale, organisant l’individualisme des plus riches d’un côté, et précarisant tout le reste de la société de l’autre. C’est un recul social, contre lequel la majeure partie des citoyens en France est opposée.
Ainsi, opposé à ce projet libéral de société, et engagé au contraire pour une société plus juste et plus solidaire, le Conseil Municipal de Gennevilliers demande au Gouvernement de retirer son projet de réforme des retraites par points, et d’étudier les contre-propositions faites par les syndicats et les député.e.s pour un système de retraite qui protège tous les seniors, quelle que soit leurs carrières, et en particulier les femmes, qui subissent encore largement des inégalités salariales au cours de leur vie active.