Cerises, m’a demander de commettre son édito. Le voici.
S’il est difficile de prévoir comment cela va se terminer, le mouvement social en cours commence bien. Détermination, union et aperçus sur des convergences possibles de luttes peuvent présager un printemps couleurs sociales.
Ce gouvernement libéral avec son arrogance technocrate pousse, sous couvert de modernité, tous les feux de sa « révolution » : la financiarisation capitaliste de la société.
Le terrain idéologique préparé par les gouvernements précédents peut lui laisser penser que celles et ceux qui se lèvent vont s’épuiser, s’isoler. Son arrogance, son mépris du peuple peut nous laisser penser que l’exigence de dignité soit plus forte que l’idéologie dominante.
La porte s’ouvre pour une contestation qui remet le social, la solidarité au cœur des enjeux de société. C’est le moment d’alimenter le débat public autour de questions simples : pourquoi nous organisons-nous en société : la recherche du fric ou du bonheur partagé ? À quoi servent les richesses créées ? Nos vies ne valent-elles pas plus que la Bourse ? « Couches populaires », « couches moyennes », n’avons-nous pas les mêmes intérêts ? La solidarité autour des services publics, des communs n’apporte-t-elle pas pour toutes et tous une qualité de vie supérieure à la concurrence et l’individualisme ?
Rien n’est joué, mais beaucoup se joue avec la réussite de ce mouvement social et de son alimentation idéologique. La société n’a pas besoin d’un bras d’honneur à Macron, c’est un bras de fer qu’il faut gagner contre le gouvernement et le patronat. Nous n’avons pas d’autres choix que de gagner car nous jouons gros sur la défense de nos services publics, de nos communs, contre la financiarisation de la société. Nous jouons gros aussi idéologiquement car nous le savons, la société n’est pas dans les mêmes dispositions si elle fait l’expérience intergénérationnelle de luttes menées ensemble, de luttes gagnées, de débats publics intenses et conflictuels.
L’enjeu est de taille, car en cas d’échec, et donc de victoire du capitalisme financier et de son arrogance technocratique, la porte pourrait s’ouvrir sur un fascisme populaire. Ne soyons donc pas timide ou en dessous de la situation dans nos contestations de l’ordre établi, sur notre union avec des contenus transformateurs !
Patrice Leclerc, 6 avril 2018