Le Monde du 17 aout nous apprend que le gouvernement souhaite alléger les obligations des communes pour la construction des HLM.
Ces intentions sont irresponsables. Il s’agit d’une véritable attaque contre le droit au logement au moment où le manque de logements sociaux n’a jamais été aussi grave en France.
La crise est importante. Il y a 400 000 demandeurs de logements dans la Métropole du Grand Paris pour environ 80 000 logements qui peuvent être attribués par an. Résultat : des années d’attente pour avoir un logement social, des jeunes couples contraints de cohabiter chez leurs parents, des structures de relogement d’urgence saturés, une hausse du coût des loyers dans les revenus, des marchands de sommeil qui profitent de la pénurie de logements…
Revenir sur la loi SRU et les obligations faites aux communes de construire au moins 25% de logements sociaux est une aberration, l’expression d’une violence sociale inacceptable.
Le gouvernement fait ce choix alors que la pression financière et politique exercée par l’Etat, les associations pour le droit au logement, les citoyen-ne-s, rendait incontournable la construction de logements sociaux dans toute les villes.
Le Ministre de la cohésion sociale doit revoir sa copie en s’attachant au développement et à la bonne image que méritent les locataires du logement social plutôt que de dénigrer une grande politique publique qui a fait ses preuves depuis des décennies. Il doit supprimer la loi Boutin qui paupérise le parc social, supprimer les cadeaux fiscaux aux spéculateurs sur l’immobilier pour diriger l’argent sur l’aide à la pierre pour aider à la construction de logement de qualité et faire baisser le coût des loyers. L’argent public doit aller au logement social plutôt qu’à la défiscalisation des produits immobiliers qui profitent toujours aux mêmes.
La riposte doit s’organiser contre cette décision gouvernementale car nous en connaissons les conséquences désastreuses : un développement ségrégatif de la société par la soumission du droit au logement à la loi de l’argent.
Ainsi dans les Hauts-de-Seine, une étude publiée par le diocèse de Nanterre constate : « Globalement les politiques logement mises en œuvre se sont traduites par une dynamique de ségrégation spatiale rendant très difficile la situation des populations à faibles revenus » et tisse comme perspective à 5 ans : « le départ des classes moyennes propriétaires qui ne peuvent pas aider leurs enfants à se loger est un signal, après les retraités, les employés et les ouvriers, c’est cette catégorie qui contribuera au départ des populations (une fois la maison ou l’appartement payé) ».
Pour le dire autrement, prendre cette décision « d’alléger les obligations des communes pour la construction des HLM » c’est décider à moyen terme d’exclure les couches populaires, les couches moyennes de la Métropole du Grand Paris !
C’est abandonner la responsabilité de l’Etat dans la mise en œuvre du droit au logement et d’user de son autorité pour imposer à la bourgeoisie sa contribution au bien-être commun alors que dans le même temps, l’Etat impose à une ville populaire comme Gennevilliers le presque doublement de ses objectifs de relogement de ménages prioritaires ! Il impose à Gennevilliers d’assurer le droit à un logement décent à des habitants d’autres villes parce que celles-ci, dans un égoïsme et entre-soi de classe, refuse de construire du logement social.
La ville de Gennevilliers prendra toutes ses responsabilités pour favoriser l’émergence d’un fort mouvement social pour le droit à la ville, le droit à un logement de qualité, le droit au monde du travail et de la création de bien vivre en Métropole.
Patrice Leclerc
Maire de Gennevilliers
Président du groupe Front de Gauche de la Métropole du Grand Paris