Je ne donnerai pas de leçon, mais j’ai envie de donner mon avis pour le second tour des élections présidentielles au milieu des oukases des uns ou des autres. La controverse politique, même un peu dure, ne me fait pas peur, au contraire c’est du conflit que naît la politique, c’est grâce à cela que l’on peut se former une opinion.
Mais je ne donnerai pas de leçon car moi-même j’ai changé d’avis ces derniers jours. Avant le premier tour je pensais « qu’il était préférable d’affronter les fascistes tant que je suis valide, de ne pas laisser ce travail à mes enfants ou petits-enfants » tellement j’en veux au PS et aux sociaux libéraux qui après avoir eu tous les pouvoirs en 2012 ont mené une politique qui a fait progresser LEPEN qui obtient un record avec 7,6 millions de voix.
Puis face à la réalité, ce résultat du premier tour, le fait que la société banalise ce Front national, ce risque fasciste, m’a inquiété. Notre slogan F comme fasciste et N comme Nazi, n’est-il qu’une plaisanterie ou un risque politique ? Si c’est un risque, nous ne pouvons pas le prendre. Le social libéralisme nourrit le fascisme, mais n’est pas égal à lui. Je n’oublie pas qu’à Gennevilliers, c’est un conseiller municipal FN qui a tiré sur un jeune de notre ville. On sait comment cela commence, jamais comment cela finit. La haine de l’autre, la violence exacerbée au sein du peuple et dirigée contre une partie de celui-ci sont dangereuses pour une ville populaire comme Gennevilliers, comme partout dans le pays. Peut-on contribuer à la banalisation du risque fasciste au prétexte que c’est le social libéralisme, le libéralisme qui l’exploite ?
Surtout on ne peut pas réfléchir aujourd’hui sans prendre en compte un paramètre nouveau qu’a créé la magnifique campagne menée par Jean-Luc Mélenchon, l’engouement populaire qu’il a su recréer. Le peuple reprend conscience de lui-même, de sa force, de sa puissance, de ses exigences émancipatrices. Le rapport de force entre le social libéralisme porté par le PS et le camp de la transformation sociale n’est plus tout à fait le même. Ils font remonter à loin pour retrouver ¼ de l’électorat qui se prononce pour la transformation sociale, pour retrouver une dynamique sur cette idée.
Allons nous gâcher cela après le premier tour au prétexte que nous n’avons pas réussi cette fois à gagner ? Gâcher comment ? Par nos divisions, et de ce point de vue le risque est réel. Mais aussi en prenant le risque que le FN passe à force de vouloir laisser « les autres » s’y opposer par leur vote. Car s’il passe, en plus du risque fasciste, c’est le Front républicain contre le fascisme qui va nous empêcher de construire la force populaire et vraiment de gauche dont notre peuple à besoin. En effet, républicains, sociaux libéraux, socialistes, communistes, insoumis, etc auront un combat prioritaire pour contrer le FN qui ne permettra pas le nécessaire débat sur le changement de système, la lutte contre le capitalisme, l’alternative écologique, etc…
Empêchons le FN de passer par notre vote tout en affirmant notre ferme détermination à lutter contre le gouvernement Macron. Organisons une manifestation nationale pour, au lendemain du deuxième tour, fêter la défaite fasciste et exprimer l’existence d’un peuple qui s’opposera au social libéralisme du gouvernement Macron. Créons un événement populaire au moment de la nomination du gouvernement pour exprimer cette idée du troisième tour avec les élections législatives pour repousser d’un même mouvement l’extrême droite et le social libéralisme. Permettons au peuple de continuer sa prise de conscience de sa force, du champ des possibles, du chemin du bonheur possible en rassemblant celles et ceux qui ont voté Mélenchon, celles et ceux qui n’ont pas osé le faire, celles et ceux qui pourraient le faire pour recréer un espoir qui apparaît aujourd’hui encore plus possible.