POUR le MAINTIEN DES MOYENS destinés à LA PROTECTION MATERNELLE ET INFANTILE à GENNEVILLIERS :
DEFENSE des PMI municipales, départementales et du CPEF de Gennevilliers
Les centres de protection maternelle et infantile
Introduction Les centres de Protection Maternelle et Infantile ont été créés en 1945. L’objectif premier de l’époque est de lutter contre la mortalité infantile. Dès leur création, ils ont vocation à accueillir tous les futurs parents, parents et enfants de 0 à 6 ans. Initialement sous la tutelle de l’Etat, la protection maternelle et infantile devient une compétence des départements avec les premières lois de décentralisation de 1982-1983 (1)
Aujourd’hui, les missions de la PMI, fixées par le code de la santé publique sont de protéger et de promouvoir la santé maternelle et infantile (1,2)
Les professionnels des centres de PMI veillent ainsi au bon développement médico-psycho-social de l’enfant et de sa famille, soutiennent les nouveaux parents dans leur parentalité, organisent des mesures de préventions médicales, psychologiques, sociales et éducatives, individualisées ou collectives. La prise en compte des besoins fondamentaux d’un enfant (physiques, intellectuels, sociaux et affectifs), ainsi que le respect de ces droits, guident toutes les décisions le concernant.
Les professionnels mènent des actions de préventions et de dépistages précoces des handicaps qui pourraient affecter le bon développement des enfants de moins de 6 ans.
Ces professionnels de PMI protègent et accompagnent aussi les femmes enceintes, en particulier les plus démunies.
Enfin, ils instruisent également l’agrément des structures et services d’accueil des jeunes enfants de moins de 6 ans ainsi que des assistantes maternelles, dont ils assurent aussi la formation.
Les centres de PMI sont des lieux de médecine préventive s’appuyant sur des équipes pluri professionnelles et des partenaires multiples. Ce travail, basé sur la confiance entre les familles et les professionnels de santé des PMI s’inscrit dans le temps.
Les centres de PMI sont un service public ouvert à tous et gratuit pour les usagers.
La PMI vient en complément et non pas en opposition et/ou substitution à la « médecine curative »
La protection de l’enfance est un objectif de santé publique, cette responsabilité est partagée par l’ensemble des institutions.
A Gennevilliers, il existe quatre centres de PMI. Deux de ces centres sont gérés par le conseil départemental des Hauts-de-Seine, les deux autres (PMI Timbaud et PMI Timsit) par la commune de Gennevilliers.
La PMI Timbaud est située dans un bâtiment accueillant également le centre de planification et d’éducation familiale de Gennevilliers (CPEF) ainsi que l’espace santé jeunes, ce qui facilite l’accès pour les usagers à ces autres services de prévention. Les deux PMI municipales sont situées près des deux centres municipaux de santé, ce qui permet, si besoin, un accès rapide aux soins curatifs.
La ville de Gennevilliers développe depuis de très nombreuses années une politique sanitaire et sociale active, tenant compte de la situation économique, démographique et de la mixité socioculturelle de la ville.
Comment se compose une équipe pluri-professionnelle de PMI ?
Les Auxiliaires de puériculture Leurs missions de soutien à la parentalité auprès des familles sont essentielles au sein des centres de PMI, en partenariat avec l’équipe pluri professionnelle. Elles réalisent de nombreuses actions :
– Accueil et accompagnement bienveillant des familles afin d’instaurer un climat de confiance
– Création du lien PMI-Famille, participation à rompre l’isolement
– Accueil personnalisé parent-enfant (pesées, conseils et orientations individualisés)
– Accueil du public physique et téléphonique
– Observations, écoute, échanges, dépistages, conseils
– Collaboration avec le médecin lors de la consultation médicale (développement staturo-pondéral de l’enfant, point alimentation, habitudes de vie …)
– Organisation des bilans en écoles maternelles
– Planification des consultations de la sage-femme et de la puéricultrice
– Participation active à la réflexion d’équipe autour des projets d’établissements de la PMI
– Gestion et surveillance des stocks de vaccins
– Elaboration des commandes (matériel, pharmacie, vaccin), entretien du matériel
– Remplissage des statistiques du centre
Les auxiliaires de puériculture animent aussi des Accueils collectifs. Ces ateliers ont pour principal objectif de soutenir la fonction parentale : favoriser un regard positif sur leur enfant et leurs compétences de parents. Ils permettent de créer un espace de parole pour les parents, de les conforter dans leurs bonnes pratiques, dans certaines situations les sortir de l’isolement. Ils permettent aussi un espace de jeux pour les familles et les assistantes maternelles.
– Accueil parents-enfants ; Accueil jeux ; Ateliers massages-bébés ; Ateliers périnatalités ; Atelier « us et coutumes »
– Atelier de présentation de la PMI
– Atelier contraception
– Atelier assistantes maternelles
Bilan d’activité 2016 des deux PMI Municipales de Gennevilliers.
Accueil physique 3151 personnes Accueil téléphonique 6968 appels
Accueil collectif 217 ateliers
Pesées 388 bébés
La sage femme de PMI a pour missions :
– le suivi médico-psycho-social régulier des femmes enceintes
– les entretiens précoces prénataux à 4 mois de grossesse
– le suivi au domicile des femmes ayant une grossesse qui évolue dans un contexte socioéconomique précaire
– l’orientation des femmes ayant une grossesse à risques vers des équipes pluridisciplinaires hospitalières, en particulier celle de l’hôpital Louis Mourier (Colombes, 92700)
– l’examen post-natal 6 à 8 semaines après l’accouchement
– l’information sur les moyens de contraception et leurs prescriptions
– la participation à l’élaboration des projets de santé des centres de PMI
En 2016, la sage femme est présente 7h par semaine au sein des deux PMI municipales de Gennevilliers et a réalisé 192 suivis de grossesse.
Le psychologue de PMI a pour missions de :
– recevoir et orienter des familles en difficultés après proposition d’orientation par l’équipe de PMI
– recevoir et orienter si besoin des familles à leur demande
– soutenir l’équipe de PMI dans l’accompagnement des familles autour de la parentalité et dans la réflexion autour des problématiques socioculturelles, éducatives et familiales rencontrées.
– participe
r à l’évaluation des assistantes maternelles dans les demandes d’agrément, les recevoir dans le cadre de leur travail, si elles le souhaitent.
– participer aux réunions pluri-professionnelles au sein de la PMI et avec les différentes institutions (hôpital référent, CAMPS, aide sociale à l’enfance, crèches ou écoles maternelles…) en lien avec l’accompagnement des familles en difficultés
– participer aux travaux de réflexion de l’équipe sur les projets de santé des centres de PMI.
En 2016, le psychologue est présent 1 journée par semaine au sein des deux PMI municipales de Gennevilliers.
La puéricultrice est l’élément clef de l équipe pluridisciplinaire de PMI. Ses connaissances des besoins de l’enfant et de la famille lui permettent d’être au croisement du médical, du social et de l’éducatif. Elle assume de nombreuses actions :
– des consultations de puériculture : travail de prévention et de dépistage, évaluation du développement psychomoteur, staturo-pondéral, des troubles du comportement et de l’interaction mère-enfant… Pesée, accompagnement à l’allaitement maternel, conseils en soins d’hygiène, alimentation, sommeil, éveil, matériel de puériculture, orientation…
– un suivi particulier en PMI et au domicile des familles fragiles
– Enfants de familles vulnérables,
– Enfants en danger
– Enfants prématurés, Naissances multiples
– Jeunes mères inexpérimentées et en rupture familiales
– Mères âgées en difficultés psychologiques et sociales
– Adoption…
– participe aux consultations médicales en collaboration avec le médecin en ciblant les familles en situation de précarité et vulnérabilité.
– participe à des actions de prévention sanitaire et sociale : autour des thématiques telles que les préventions des mauvais traitements, les bébés secoués, la mort subite du nourrisson, l’alimentation, les dangers domestiques…
– organise et anime des ateliers d’accompagnement à la parentalité.
– participe dans les écoles maternelles aux réunions avec les différents professionnels de santé et de l’école pour échanger autour d’une situation préoccupante, dépistée par l’école maternelle, aux bilans des ¾ ans.
– est partie prenante des missions de protection de l’enfance en danger en complémentarité et en partenariat avec l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE)
– participe à l’agrément des assistants maternels et familiaux et le suivi des assistants maternels par des entretiens en PMI et au domicile. Présente le dossier de la candidate à une pré-commission et commission d’agrément.
Activité des Puéricultrices en PMI municipales en 2016 :
– Nombre d’enfants accueillis : 1379
– Nombre de consultations de puériculture : 343 enfants vus
– Nombre de visites au domicile : 74 enfants dont 52 vulnérabilités repérées
– Nombre de signalements /évaluations/synthèses : 6
– Nombre de familles ayant fait l’objet d’un suivi adapté et régulier : 51
– Actions collectives en direction des familles : 122 séances de 3h
– 23 Ateliers animés en direction des parents et assistantes maternelles et 78 visites à domicile auprès des assistants maternels et familiaux
Le médecin de PMI Son travail s’articule dans les consultations autour :
– du suivi des nourrissons depuis la sortie de la maternité selon le rythme des consultations obligatoires,
– des vaccinations,
– du dépistage des troubles du développement psycho-médico-social et affectif de l’enfant
– de mise en place d’actions individualisées de prévention médicales, psychologiques, sociales et d’éducation pour la santé en faveur des futurs parents et des enfants
– des échanges, conseils avec les nouveaux parents et accompagnement dans leur parentalité
– de la participation à l’élaboration du projet de santé des centres avec le reste de l’équipe
– de la participation aux réunions pluri-professionnelles autour des situations complexes avec les institutions concernées (crèches, écoles, ASE….)
Ces consultations ne remplacent pas les soins du médecin traitant, mais se déroulent en parallèle pour assurer une prise en charge complémentaire.
Activité des médecins en PMI municipales en 2016 :
– Nombre de vacations de consultations médicales : 407 (1 vacation médicale dure 4 heures, 10 à 12 enfants sont vus par consultation, 5 médecins se les répartissent)
– Nombre d’enfants vus en consultations médicales : 3640
Activité des médecins des PMI municipales dans les écoles maternelles Ce bilan est un examen de santé effectué pendant l’année des 4 ans de l’enfant. Réalisé en binôme par un médecin de PMI et une auxiliaire de puériculture, il se déroule en présence de l’enfant et d’un ou des deux parents à l’école maternelle. Il doit être en principe proposé à tous les enfants de 4 ans.
Au cours de ce bilan sont pratiqués un examen physique standard, un dépistage auditif, visuel et buccodentaire, un dépistage des troubles des apprentissages et des difficultés psychologiques.
Il comprend ensuite un dialogue prolongé avec les parents sur les habitudes alimentaires, sur l’hygiène bucco-dentaire et corporelle, sur le sommeil, l’exposition aux écrans, le sport…favorisant une bonne santé de l’enfant
Dépister systématiquement TOUS les enfants précocement, permet de prendre en charge rapidement les difficultés diagnostiquées par des orientations spécifiques et adaptées (ophtalmologues, ORL, orthophonistes, diététiciennes, médecins généralistes, pédiatres…) afin d’assurer une bonne entrée au CP.
Ce bilan réalisé au sein même de l’école maternelle permet de développer un partenariat solide et de confiance entre la PMI et les équipes enseignantes, les médecins scolaires, les assistantes sociales et psychologues scolaires. Il favorise le dépistage rapide des situations compliquées et renforce le maillage préventif autour des enfants.
Activité des médecins des PMI municipales prévues dans les écoles maternelles en 2017 :
– 220 enfants seront convoqués pour réaliser en présence de leur(s) parent(s) le BEM sur 5 écoles maternelles de Gennevilliers couvertes par les PMI municipales, soit une couverture de 100%.
– Ces bilans sont réalisés au cours de 3 vacations de 4h par semaine par 2 médecins.
Les évolutions de la politique sanitaire et sociale départementale
Les évolutions de la politique sanitaire et sociale menée par le conseil départemental des Hauts-de-Seine depuis plusieurs années s
ont inquiétantes.
Les politiques départementales de réorganisation des territoires, s’illustrant par la fusion annoncée des départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines, la reprise en gestion directe des missions qui relèvent des compétences légales des départements s’accompagnent déjà d’une diminution des moyens financiers et humains alloués aux PMI.
Dans le département du 78, plus de 30 PMI ont déjà été fermées (diminution de 55 centres de PMI à 22)
Le département du 92 compte 64 centres de PMI dont 51 départementaux en 2016 (2)
Mais que vont devenir les PMI du 92 dans les deux années à venir?
Ces choix politiques remettent en cause directement l’accès à un système de soins préventifs équitables et de qualité pour tous et participent irrémédiablement à creuser les inégalités sociales de santé, pourtant déjà majeures dans le département des Hauts-de-Seine.
Pour illustrer ce virage et ses conséquences, voici la situation début 2017 sur Gennevilliers :
– Diminution des moyens humains et financiers des PMI: dès 2017, passage d’un taux de couverture par le conseil départemental de 250 % à 100% : homogénéisation de l’offre départementale sans prise en compte des spécificités à l’échelle des communes-quartiers et des inégalités sociales de santé pourtant à de nombreuses reprises documentées au sein du 92
– Diminution du nombre de puéricultrices sur Gennevilliers : passage de 9 puéricultrices en 2016 à 4.5 en 2017
– Augmentation des missions des puéricultrices (réalisation des BEM à la place des médecins, contrôle des Etablissements d’accueil des jeunes enfants) alors même que parallèlement il existe une diminution des moyens humains
– Segmentation des tâches des puéricultrices, perte de leur polyvalence, élément clé pourtant de leur poste
– Diminution du nombre d’auxiliaires de puériculture de 10 à 5, avec également des missions supplémentaires et une diminution du temps disponible pour l’accompagnement des familles
– Incertitude de l’avenir professionnel pour 2018 des personnels des 2 PMI municipales (2 puéricultrices, 5 auxiliaires de puériculture, 6 médecins, 1 agent administratif, 1 psychologue)
– Souffrance au travail pour des équipes à qui on demande toujours plus, avec toujours moins de moyens financiers et humains
– Diminution du nombre d’heures de psychologues : de 2 psychologues à temps plein passage à un psychologue à mi temps en 2017, alors même que le nombre de famille en difficultés psychologiques augmentent
– Diminutions du nombre de consultations médicales : de 18 vacations médicales par semaine de 4 heures chacune, passage à 7 vacations par semaine (passage de 8 vacations à 7 vacations pour les deux centres départementaux, fermeture des consultations des deux PMI municipales (10 vacations par semaine)). La conséquence directe de cette diminution de l’offre de soins en consultation sera une augmentation des délais de RDV, en particulier une augmentation des délais pour des premières consultations à la sortie de maternité, un espacement des consultations de suivi
– Limitation du suivi par la PMI aux enfants de moins de 2 ans, alors même que la loi fixe l’accueil des enfants de 0 à 6 ans par les PMI et que le développement psychomoteur est loin d’être terminé à l’âge de 2 ans
– Arrêt de la réalisation des bilans en école maternelles par les binômes médecins-auxiliaires en présence des parents : les enfants seront dépistés par un binôme puéricultrices-auxiliaires de puériculture sur les plans visuel, auditif et des apprentissages. Toute la partie d’échanges avec les parents sur les habitudes de vie favorisant la bonne santé des enfants disparaîtra alors même que cette partie constitue le socle de ce bilan.
Les parents seront invités à venir consulter en PMI s ‘ils le souhaitent : ce modèle a déjà été expérimenté dans le 92 et les parents viennent peu voir le médecin !
– Réorientation des familles bénéficiant d’une couverture sociale vers les médecins de ville pour assurer les missions de prévention, incombant légalement à la PMI : les conséquences seront lourdes :
La Ghettoïsation inexorable : par ce tri des usagers, les PMI deviendront des centres de soins de prévention pour les pauvres, alors que les autres pourront voir leur médecin en ville.
« Cette tendance a recentrer les missions des PMI uniquement sur des familles défavorisées risque de les exclure encore un peu plus du système de soins qu’elles osent fréquenter parce que justement il est ouvert à tous et pour tous » (5)
L’Utopie de la délégation à la ville de la médecine préventive. La médecine ambulatoire est déjà saturée dans notre territoire : la densité de médecins généralistes à Gennevilliers est de 71 versus 76,3 pour le 92 (4): l’âge moyen des médecins installés est avancé, un certains nombre de médecins ne prennent pas de nouveaux patients.
La majorité du temps de consultation en ville est dédié à la prise en charge des problèmes de santé curatifs, il ne reste pas beaucoup de temps pour la prévention. Il y aura donc forcément une perte majeure dans la qualité des soins préventifs à destination des familles et enfants.
Pourtant la prévention est une des approches les plus efficaces dans l’initiation des changements de comportements. Pour exemple, lutter contre l’obésité à l’âge adulte, c’est d’abord prévenir et dépister l’obésité infantile, en accompagnant l’enfant et ses parents à prendre de bonnes habitudes alimentaires et d’activités physiques au quotidien.
– Détricotage du lien entre les familles et les PMI. Ce lien de confiance entre les familles et les professionnels de la PMI, point de départ pour des échanges fructueux, ne peut se faire que dans le temps. Or ce temps indispensable est fortement menacé par des objectifs d’efficacité à court terme toujours plus forts et une pression du chiffre permanente, mettant en cause la qualité du service et rendant de plus en plus difficile l’individualisation des prises en charge et le suivi sur plusieurs années des familles dans leurs spécificités.
– Impact sur le fonctionnement des services hospitaliers. Les services de pédiatries et maternités sont directement impactés par ces politiques :
– des enfants moins bien suivis en PMI seront des enfants potentiellement moins bien vaccinés et plus malades
– des enfants moins bien suivis sur le plan préventif seront des enfants dépistés moins précocement pour des troubles du développement psychomoteur, or plus un diagnostic est tardif
, plus la maladie et les handicaps pour l’enfant et sa famille seront lourds
– des familles moins accompagnées dans l’apprentissage de la parentalité, moins informées sur les comportements à adopter lors de maladies bénignes de la petite enfance seront autant de familles qui seront susceptibles de consulter aux urgences pédiatriques, déjà saturées.
– les sorties de maternité se font aujourd’hui rapidement après l’accouchement, si cela est médicalement possible, car la maternité peut s’appuyer sur un réseau de PMI efficace et que les nouveaux nés peuvent y être pris en charge rapidement.
Qu’en sera t’il quand les PMI auront moins de moyens et que l’offre de consultation sera diminuée ?
– Création d’un « pôle social » par ville. Les évolutions organisationnelles qui se profilent sont de créer un endroit unique qui accueillera les usagers des PMI, CPEF, EDAS et ASE.
Cette concentration altèrera sans aucun doute la proximité entre les usagers et les centres de PMI, pourtant importante pour l’utilisation de ces services par les familles : quand on vient d’être maman il est plus aisé de se rendre à un centre de PMI à 10 minutes à pied qu’à 30 minutes, d’autant plus s’il y a déjà plusieurs enfants….il est difficile d’attendre pour une interruption volontaire de grossesse dans une salle d’attente commune à une PMI….etc
Cela aboutira à la stigmatisation des usagers et à la perte de cette dimension actuelle du service public « pour tous » qui permet pourtant une réelle prévention précoce en offrant à chaque femme, chaque famille, dès la grossesse, une écoute attentive et bienveillante, permettant d’aider au meilleur développement de l’enfant (2)
– Mise en danger des nombreux et solides partenariats tissés depuis de très nombreuses années permettant une offre de soins préventifs et curatifs complète et un maillage serré, efficient et de qualité du territoire.
Nos partenaires sont pourtant multiples et pluri-professionnels:
– Médecins de villes, libéraux ou salariés (généralistes, pédiatres, ophtalmologues…)
– Médecins scolaires
– Professionnelles de la santé autres (orthophonistes, orthoptistes, sage femme, psychologues, psychomotriciennes)
– CMP (centre médico psychologique), L’unité du tout petit
– CAMSP (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce)
– Réseaux de santé (Réseau Périnat 92, Réseau 92 Nord…)
– Hôpitaux et maternités de secteur (Hôpital Louis Mourier, Hôpital Max Forestier, Hôpital Beaujon, Hôpital Robert Debré et Necker)
– L’ASE (aide sociale à l’enfance)
– l’EDAS (espaces départementaux d’actions sociales)
– La CAF (caisse d’allocations familiales)
– Les TISF (Technicien d’intervention sociale et familiale)
– Le RAM (relais d’assistantes maternelles)
– Les crèches
– Les écoles maternelles, les assistantes sociales et psychologues scolaires, le RASED (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté)
– Les écoles primaires
– Le PRE (projet de réussite éducative) de Gennevilliers
– L’espace santé jeune de Gennevilliers
– Le CPEF
– Le CeGIDD (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic des IST)
– Le CCAS (centre communal d’action sociale)
– Le commissariat de Gennevilliers
– Les associations (Buzenval, la Passerelle, les Femmes Relais, l’Escale, enfance et cité, PAGE, les resto du cœur, le secours populaire, les associations de parents d’élèves ….)
Cette évolution, souhaitée par le département des Hauts-de-Seine est incohérente au regard des évolutions récentes des politiques nationales (loi de modernisation de la santé, 2016 : création d’une instance nationale des PMI), politique régionale et municipale de lutte contre les inégalités sociales de santé.
Cette évolution est incohérente au regard des indicateurs de santé périnataux de la ville de Gennevilliers, révélateurs sans équivoque de la fragilité de la population et de ces inégalités sociales de santé.
– Le taux de mortalité infantile entre 2003 et 2007 est de 4,7 pour mille, alors que ce taux de mortalité infantile dans les Hauts-de-Seine sur la même période est de 3,7 pour mille
– Le pourcentage de mère de moins de 25 ans (2007) est de 19,5% à Gennevilliers versus 7,9% dans les Hauts-de-Seine, il est comparable à celui de la Seine Saint Denis
– Le taux de prématurés en 2007 à Gennevilliers est de 6,3% versus 2,6% dans le 92
– Le pourcentage de grossesses peu suivies est l’un des plus important des Hauts-de-Seine (4,2%)
– Le pourcentage d’avis de grossesse retenu par le service territorial de Protection Maternelle et infantile pour suivi médicosocial est de 48 % sur Gennevilliers
Ces orientations politiques menacent fortement et à très court terme l’accès à des soins préventifs d’un grand nombre de familles et enfants de Gennevilliers, pourtant très demandeurs et attachés à ces services publics. Il menace ainsi l’équilibre du territoire.
Pour toutes ces raisons, les professionnels des PMI se mobilisent avec conviction et pugnacité pour défendre ce service public.
Bibliographie
1. https://www.cairn.info/revue-journal-du-droit-des-jeunes-2005
2. Article L.2111-1, article L.2112-2 du code de la Santé Publique
3. www.hauts-de-seine.fr/solidarites/maternite-petite…/petite-enfance-le-suivi-en-pmi
4. Contrat local de santé de la ville de Gennevilliers : www.ville-gennevilliers.fr
5. L’enfant et la PMI, d’hier à aujourd’hui, entre médical, social et politique : www.cairn.info/revue-informations-sociales-2007-4-page-52.htm
Les équipes des PMI Timbaud et Timsit
Centre de Planification et d’Education Familiale
de Gennevilliers
Introduction
Face aux menaces de déconventionnement par le Conseil Départemental des centres municipaux de protection maternelle et infantile (PMI) de Gennevilliers en 2018, nous souhaitons faire part des inquiétudes quant à l’avenir du centre de planification et d’éducation familiale (CPEF) qui est une des missions du service de la PMI.
Les CPEF ont été créés en 1972, suite à l’extension de la loi Neuwirth de 1967 qui donnait l’autorisation aux femmes d’accéder à la contraception, puis aux mineures, sans l’autorisation de leurs parents, et gratuitement.
Il existe un seul CPEF à Gennevilliers, ouvert depuis 1974.
Depuis de nombreuses années, l’équipe du CPEF soutenue par la Mairie de Gennevilliers a permis l’extension progressive de ses activités : dépistage des infections sexuellement transmissibles IST (Loi Calmat 1990), Programme d’action social de proximité en 1995 (contraception gratuite pour les 18/21 ans) , création de l’espace Parole Ado (1998) deve
nu depuis l’Espace Santé Jeune .
Actuellement, une équipe composée d’une accueillante, d’une infirmière, d’une conseillère conjugale et de trois médecins accueillent les patient.e.s cinq jours par semaine sur et sans RDV.
Le financement est assuré conjointement par le Conseil Départemental et par la Mairie via une convention annuelle.
Les missions du CPEF sont :
– prescription et suivi de la contraception
– suivi gynécologique et dépistage du cancer du col de l’utérus
– délivrance de la contraception d’urgence,
– consultation pré et post interruption volontaire de grossesse (IVG) ,
– prévention, dépistage et traitement des infections sexuellement transmissibles (IST)
– dépistage des violences conjugales et prise en charge
Depuis 2005, notre centre a mis en place la réalisation d’IVG médicamenteuse en ambulatoire.
Le CPEF est ouvert du lundi au vendredi. L’accueil, même sans RDV est assuré pour toutes et tous par notre accueillante et les personnes sont orientées en fonction de leur problématique vers l’infirmière, la conseillère conjugale ou le médecin, qui assurent des consultations individuelles ou en couple.
Il existe également des actions de prévention en groupe, autour de la sexualité, en direction des élèves des classes de 4ème et 3ème des collèges de la ville. Des ateliers sont aussi proposés à des associations (foyer jeunes travailleurs, foyer pour personnes porteuses de handicap, association d’aide tel que les restos du coeur ou le Secours Populaire).
En 2016, les médecins ont effectué 205 vacations et ont reçu 1514 patientes dont 90 mineur.e.s.
La conseillère conjugale a reçu en entretien 625 personnes. 35% des entretiens concernent du conseil conjugal (relation de couple et difficultés familiales, violence conjugale) et 65% portent sur des questions autour de la sexualité (contraception et IVG ).
L’infirmière, également responsable d’équipe a plusieurs missions : accueil des patient.e.s qui viennent sans rdv (295 entretiens en 2016) , gestion du stock de contraceptifs, gestion du matériel médical et du planning, etc…
La fermeture du CPEF de Gennevilliers serait très dommageable à la population de la ville mais aussi des communes avoisinantes dont les CPEF ne pourraient pas accueillir tout.e.s nos patient.e.s.
Par ailleurs, le CPEF de Gennevilliers est le seul centre du département à avoir mis en place la réalisation d’IVG médicamenteuse en ambulatoire. En effet, grâce à une équipe motivée et formée nous pouvons donner le choix à nos patientes quant à la méthode de réalisation d’une IVG. Cela va dans le sens des recommandations du Haut Comité à l’Egalité entre les Hommes et les Femmes. Si notre centre fermait, cette offre de soins disparaîtrait donc également.
Jusqu’en 2015, nous pratiquions la confidentialité et la gratuité pour les majeur.e.s qui le désiraient. C’est à dire que la consultation, la délivrance de contraceptif, le dépistage ou le traitement des IST n’apparaissaient pas sur les relevés de la Sécurité Sociale. En effet, un grand nombre de patients, même majeurs, bénéficie de la couverture sociale de leur famille (parent ou mari) . Ou alors, habitant sous le même toit, ils reçoivent leurs relevés de Sécurité Social à leur domicile … Depuis 2016, cette prise en charge en confidentialité, que nous considérons comme un droit fondamental puisqu’il garantit le principe de secret médical a été supprimé par le conseil départemental. Cela pose un véritable problème d’accès aux soins, voire même, met en danger certain.e.s patient.e.s. Cela constitue un frein considérable dans nos actions de prévention des grossesses non désirées et des infections sexuellement transmissibles.
Nos inquiétudes portent également sur le poste de l’accueillante: il est prévu par le conseil départemental que ce poste, pourtant indispensable au bon fonctionnement du service disparaisse. Ce poste serait confié à l’infirmière, situation impensable au CPEF de Gennevilliers où l’accueillante est également chargée de la facturation et de la vérification de la couverture sociale des patient.e.s.
Quant au temps de travail prévu actuellement pour l’infirmière, il est insuffisant par rapport à l’ensemble de ses missions. On comprend que dans ces conditions il ne lui sera pas possible d’absorber en plus les tâches administratives du poste d’accueil.
En conclusion, nous souhaitons alerter la population et les pouvoirs publics des conséquences néfastes qu’entrainerait la fermeture du CPEF de Gennevilliers.