Déclaration de Patrice Leclerc, Maire de Gennevilliers, le soir du premier tour des régionales. Le 6 décembre 2015.
Comme beaucoup d’entre vous, les résultats de ces élections m’inquiètent pour l’avenir de notre pays. Il s’agit d’une grave alerte sociale et démocratique pour la France.
Certes les attentats ont du ajouter de la peur qui peut se transformer en peur de l’autre, en haine ou en repli sur soi. Mais cela n’a fait que s’ajouter à l’insécurité sociale, à la colère sociale qui existait avant les attentats.
La situation est grave, elle n’est malheureusement pas étonnante.
Le risque est grand de voir le Front national diriger des régions, de peser encore plus fortement dans le climat social.
Je le dis solennellement, on ne le combat pas en allant sur son terrain. La preuve, depuis 20 ans les gouvernements successifs font de la surenchère sécuritaire et les idées de haine continuent de progresser. On ne le combat pas en reprenant ses idées comme par exemple la déchéance de nationalité, cette mesure qui remettrait en cause le droit du sol et n’ajouterait rien à la lutte contre le terrorisme.
On combat ces idées dangereuses en développant des idées généreuses, en ayant des actes qui replacent l’être humain au centre des préoccupations. Il faut cesser les cadeaux au patronat pour travailler à la création de l’emploi, la relance par le pouvoir d’achat des familles et des retraités. Il faut cesser avec ces lois votées à l’Assemblée nationale qui conduisent à la hausse du chômage, l’éloignement des politiques du terrain, qui remettent en cause les promesses électorales. Quand les gens se sentent abandonnés, non respectés, ils s’abstiennent ou cherchent à exprimer leurs colères contre les autres.
Il faut cesser de jouer avec le FN dans les médias, entre forces politiques. Sa banalisation est dangereuse, car cela commence par des idées de haines et de refus de l’autre, par des bulletins de vote… l’Histoire montre que cela finit toujours mal. La droite républicaine, avec Nicolas Sarkozy, porte de lourdes responsabilités en ce sens..
Il faut reconstruire les solidarités, reconstruire le sentiment d’appartenir à une même communauté de salariés, à une même couche populaire pour regagner la force d’agir contre la confiscation par les boursicoteurs des richesses crées dans notre pays.
Le FN fait entre 29 et 30 % en France, nous l’avons contenu à Gennevilliers à 16%. Nous résistons mieux ici qu’ailleurs mais c’est encore beaucoup trop.
La gauche reste majoritaire dans notre ville. C’est la démonstration qu’avec une politique bien à gauche, proche des gens, respectueuse des engagements pris, on peut résister mieux qu’ailleurs. Ce résultat est dans le droit fil des résultats des départementales, des municipales. Il faudrait « peut-être » que la majorité gouvernementale tire enfin les leçons de ses défaites annoncées les unes après les autres après avoir eu tous les pouvoirs.
Il ne suffira pas de rassemblement de lendemain de premier tour, aussi nécessaire soient-ils pour combattre l’extrême droite durablement et pour corriger la situation.
La réponse politique doit se travailler, se développer. J’appelle les forces de gauche et écologique à reprendre le chemin du combat social, de l’action avec le peuple, de choisir de s’attaquer à la loi de l’argent, à la pensée unique libérale. C’est ainsi et ensemble que nous recréerons de l’espoir pour faire reculer les votes de désespoir.