Publiée par l’Humanité le 2 septembre sous le titre: « Du courage politique pour le logement »
Tribune de Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, vice-président de Paris Métropole
Souvent, les partisans d’une métropole centralisatrice, argumentent sur le fait que cela sera un atout pour répondre à la grave crise du logement que connaît notre région Ile-de-France. Cela serait bien si c’était vrai… mais c’est faux !
Après la déroute du PS aux dernières élections municipales, la droite est malheureusement majoritaire en nombre de commune sur le territoire de la Métropole de Paris. Elle aura donc la présidence. La possible présidente de la Métropole, NKM, vient récemment de déclarer vouloir « vendre aux occupants une partie du parc HLM». C’est justement de logements sociaux que l’on manque en Ile-de-France et en vendre n’en fera pas augmenter leur nombre ! La droite aggravera la situation.
De le même registre qui peut croire que Patrick Devedjian ou l’un des siens, qui refusent la construction de logements sociaux dans les Hauts-de-Seine, en construira une fois à la tête de la Métropole ? Cette loi Métropole de Paris, qui affaiblit les communes, et organise un transfert de compétence de l’Etat vers la Métropole sur cette question du logement est politiquement irresponsable. La droite métropolitaine aura ainsi davantage de moyens pour imposer ses politiques antisociales.
Mais au-delà, de la couleur politique de la présidence future de la Métropole de Paris, plusieurs arguments montrent que l’on trompe les citoyens en leur faisant croire que la Métropole, en elle-même, fera avancer la question du logement en Ile-de-France.
Si la situation, aujourd’hui, est compliquée, que les délais d’attente sont trop longs, qu’en sera-t-il avec la Métropole ? Par quelle magie les délais d’attente seront plus courts, les attributions plus transparentes ? La réponse passe par des constructions et dans ce cas, qui peut croire qu’un Conseil de maires qui dirigerait la métropole pourra imposer à d’autres maires la construction de logements sociaux ? L’Etat doit garder et prendre ses responsabilités en matière du droit au logement. L’échec actuel en matière de construction est le résultat d’un manque de volonté de l’Etat d’imposer des constructions là où il n’y en a pas et une insuffisance d’aide financière aux maires bâtisseurs. Il faudrait revenir à l’aide à la pierre pour la construction de logements. L’échec est aussi du au refus de populations privilégiées et de la Droite de construire du logement social dans certaines communes. Le conflit politique entre deux légitimités dans ce domaine de compétence: la légitimité du bloc communal et la légitimité de l’Etat, est un atout démocratique, l’Etat pouvant et devant imposer au final des constructions là elles sont insuffisantes et refusées.
La question du logement n’est pas une question de gouvernance, c’est une question de choix politique. Loin des discours, l’expérience et la réalité prouvent que l’argument du territoire pour réussir en matière de logement n’est pas suffisant. Y a-t-il eu significativement plus de constructions de logements sociaux (et pas seulement de PLS !) dans l’intercommunalité de Boulogne, Meudon, Issy, Sèvres avec un président centriste? Y a-t-il moins de demandeurs de logements dans l’intercommunalité « Est ensemble » avec un président socialiste ? Non, car il ne s’agit pas d’un problème d’organisation institutionnelle mais de volonté politique et de moyens financiers. A Paris, s’ils construisent plus de logements sociaux aujourd’hui qu’hier, ce n’est pas grâce à un changement d’institution mais par un changement de majorité politique entre l’époque Chirac et l’époque Delanoë/Hidalgo qui a un programme, même si je la juge encore timide, qui vise à essayer de répondre aux besoins.
L’heure est aussi à l’offensive idéologique pour en finir avec la stigmatisation du logement social. Celui-ci est du logement public qui permet de mettre en œuvre le droit au logement pour toutes et tous. 70 % de la population française est éligible au logement social. Nous sommes donc loin de cette caricature idéologique, malheureusement ancrée, qui assimile « logement social et cas social ». Il peut être beau, agréable, il participe de l’urbanité. Il est un facteur important pour que nos enfants ne soient pas chassés du Grand Paris parce que l’immobilier sera inaccessible aux ouvriers, employés et jeunes cadres. Le logement social compris comme l’expression du droit au logement conduit à deux mesures : construire du logement social en nombre, supprimer les dispositions de la « loi Boutin » instaurant des plafonds et organisant donc la paupérisation du parc HLM.
Une grande politique du logement reste à développer pour répondre aux besoins des femmes et des hommes de notre Métropole.
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Voir aussi sur le meme sujet:
Voir la vidéo : Plaidoyer pour le logement social
(lire et écouter l’intervention lors du rassemblement du 8 juillet 2015)