Chers amis, Anciens Combattants,
Madame la Conseillère départementale,
Mesdames, Messieurs les représentants des autorités militaires,
Mesdames Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs,
70 ans après la fin de la pire tragédie du 20ème siècle, la fin d’un terrible cauchemar pour notre pays, pour l’Europe et pour l’ensemble du monde, nous célébrons la Victoire du 8 mai 1945 et la capitulation de l’Allemagne nazie.
La seconde guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l’humanité ait connu, tuant des millions de personnes dont une majorité de civils.
Cette page douloureuse de notre histoire nous l’ouvrons chaque année, pour ne pas oublier, pour transmettre ce qu’a été cette période sombre de l’histoire de l’humanité.
Cette horreur absolue de la domination fasciste sur l’Europe, les millions de déportés victimes de la Shoah, les fusillés et les morts pour avoir résisté à Hitler, Mussolini, Franco, Pétain.
Gennevilliers a aussi payé un lourd tribut lors de ces 6 années de souffrance :
Neuf fusillés par les nazis. Parmi eux, Jean GRANDEL, Maire et Conseiller Général ; Jean Pierre TIMBAUD, directeur des œuvres sociales de notre ville et responsable syndical;
Georges THORETTON, jeune ouvrier syndicaliste du Carbonne Lorraine.
61 morts en déportation. 27 dans les camps.
Aux 314 victimes gennevilloises recensées, il faut ajouter toutes celles dont les noms resteront à jamais inconnus.
Parmi eux, de nombreux travailleurs immigrés menant le combat de l’ombre aux côtés de leurs camarades français.
Avec vous tous rassemblés, je tiens à saluer la mémoire de tous ces Gennevillois et de toutes ces Gennevilloises d’opinions diverses, mais fraternellement unis dans une même lutte, qui sont tombés pour la liberté de la France.
Se souvenir du 8 mai, se souvenir des victimes de la seconde guerre mondiale, se souvenirs des soldats, des résistants, des citoyens qui se sont battus pour la Paix et la liberté, c’est aussi se souvenir du contexte dans lequel cette tragédie a pu se dérouler. C’est aussi se souvenir du processus sur lequel les idées les plus régressives ont pu prospérer. Rendre hommage aux morts de cette guerre, aux victimes de l’occupation c’est aussi comprendre comment cela à pu se produire.
Et la vigilance doit être de mise. Si l’Histoire ne se répète jamais à l’identique, les similitudes entre le contexte d’aujourd’hui et celui des années 30 sont nombreuses. Sur fond de politiques d’austérité qui enfonce nos pays dans une crise sociale et démocratique chaque jour plus aigue, l’extrême droite prospère partout en Europe en jouant sur les peurs et en instrumentalisant les colères.
Récemment, le Maire de Béziers déclarait procéder à un décompte des élèves musulmans dans sa commune selon leur prénom.
Rappelons-nous où conduisent de tels discours, de telles pratiques. Notre pays a connu l’étoile jaune. Refusons de connaître le croissant jaune !
Les discours stigmatisant cultivant la haine de l’étranger ont mués en haine contre l’Islam et ne visent en fait qu’à créer une nouvelle catégorie de bouc émissaire pour épargner les puissants.
Ensemble, nous partageons la conviction que c’est en faisant vivre les aspirations universelles de fraternité et de coopération entre les peuples, que nous nous montrerons dignes de la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui ont combattu pour que nous puissions aujourd’hui célébrer le 70e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945.
Le 8 mai 1945 est également une date symbole de l’immense espoir soulevé par le programme du Conseil national de la Résistance : un espoir de paix, de liberté, de bonheur, porté par des exigences de réformes économiques et sociales profondes : Sécurité sociale et retraites généralisées, droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles.
Ce programme qui portait le joli nom « les jours heureux » servira de feuille de route dans les années d’après guerre pour la reconstruction, pour bâtir une France sur de nouvelles fondations avec les nationalisations qui contribuèrent tant à la reconstruction, à la prospérité économique de notre pays.
Ce qui a été possible dans un pays dévasté par la guerre, dans une période où l’on produisait moins de richesses qu’aujourd’hui devrait être encore possible. Encore faut-il que les politiques d’aujourd’hui aient le même courage que les élus de l’époque pour s’affronter aux puissances d’argent, la même envie de changer le monde !
Notre mémoire appelle aussi à la vigilance car malgré le combats de nombreux hommes et femmes pour bâtir un monde épargné par les conflits, les guerres sont toujours présentes, désastreuses pour l’Humanité et la planète.
Hier comme aujourd’hui, résister, c’est inventer. Résister, ce n’est pas seulement s’arquebouter sur l’existant. Résister aujourd’hui c’est aussi faire avancer un monde de codéveloppement où les peuples se croisent et avancent ensemble, où les droits politiques, économiques et sociaux des individus progressent de Vancouver à Calcutta, d’Oslo à Johannesbourg.
Nous n’oublions pas que le 8 mai 1945, au moment même où était célébrée la victoire de la démocratie et de la liberté en Europe contre le nazisme, se déroulait à Sétif, Guelma et Kherata l’écrasement dans le sang de la révolte des Algériens pour leur dignité et la reconnaissance de leurs droits nationaux.
C’est pour faire vivre la mémoire et la solidarité internationale que agissons, vous le savez, au plan local.
En ce sens nous pouvons être fiers du travail entrepris par les élèves du lycée Galilée qui ont retrouvé la trace de Dina Godschalk, une survivante de la Shoah et originaire de Gennevilliers. Sa venue ici, le 24 mars dernier, a été marquant pour notre ville.
C’est dans cet esprit qu’un groupe d’habitants Gennevillois, accompagné de Veronique Desmettre-Borel, élue chargé de la mémoire, et Daniel Berder, élu chargé des relations internationales, s’est rendu en Pologne pour découvrir les ravages du nazisme.
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
J’appelle à la vigilance de tous, car rien n’est jamais gagné, pour que plus jamais ne surgisse la « bête immonde ».
Le sociologue Jacques Broda l’a tr&egra
ve;s justement écrit: « la résistance n’est pas une cendre que l’on conserve, mais une flamme que l’on transmet »
Votre présence aujourd’hui témoigne de votre action pour que les mots, Liberté, Egalité, Fraternité, résonnent comme le bien commun de tous.
Je vous remercie pour votre attention.