SEANCE DU CONSEIL GENERAL DU 20 DECEMBRE 2013 – GROUPE COMMUNISTE ET CITOYEN – INTERVENTION DE NADINE GARCIA
Monsieur le Président, Cher(e)s Collègues
Je saisis ce premier dossier traitant de l’insertion pour intervenir de façon plus globale sur cette compétence majeure.
Le taux de chômage est passé de 7,1% en 2012 à 8,1% en 2013 soit un total pour les Hauts de Seine de 75 300 demandeurs d’emploi en catégorie A avec bien évidemment une augmentation du nombre de foyers d’allocataires du rSa: de 35 854 foyers en juin 2012 à 37 894 foyers en juin 2013.
Dans le budget primitif que vous nous soumettez, vous déclarez « poursuivre des efforts en matière de solidarité ». Vous parlez de votre « incroyable effort » qui s’explique en fait par cette hausse du nombre d’allocataires car globalement le budget solidarité est soit le même soit en baisse selon les actions.
Alors que, nous le répétons, il faut considérer les dépenses sociales comme un investissement. La seule piste qui permettra de lutter contre la pauvreté et l’exclusion, sera l’accès pour tous à la formation, à la qualification, à de véritables emplois et au logement.
En ce qui concerne la plupart des EDAS (anciennement dénommées CVS), sous couvert de mutualisation, vous les regroupez avec l’objectif est de ne plus assurer l’accueil 5 jours sur 5 pour les personnes en demande d’aide. En fermant des espaces départementaux pour créer un site principal, vous programmez la fin de la proximité et l’éloignement du service public.
Non seulement vous ne créez pas de postes alors que le besoin d’accompagnement des familles augmente mais vous ne remplacez plus de nombreux départs à la retraite. Les travailleurs sociaux en sous effectifs, sont fatigués et n’ont plus les moyens ni le temps d’assurer un véritable accompagnement… Ils sont passés de l’étape où ils devaient faire des choix dans leurs priorités à celle où ils n’ont plus le choix : ils ne traitent que les dossiers du rSa, et ne peuvent plus mener à bien l’ensemble de leur mission. Professionnellement c’est une vraie souffrance.
Dans les espaces insertion, de même, un malaise existe : le personnel doit faire face à un public assez éloigné de l’emploi et difficile à accompagner. La misère, le désespoir, l’exclusion poussent parfois les personnes fragilisées par la vie, à s’exprimer avec une certaine violence. Les travailleurs sociaux demandent l’aide de psychologues pour désamorcer les situations tendues, les aider à appréhender ces situations.
J’ajoute que la diminution par l’Etat de l’APRE (aide personnalisée à l’emploi) ne fait que renforcer la difficulté de la prise en charge des allocataires.
Nous comptons actuellement 11 espaces d’insertion dans les Hauts de Seine. Nous nous en félicitons. Par contre nous restons perplexes quant aux moyens humains mis en œuvre : trop peu de personnel pour palier à la demande, et les tuteurs « agir pour l’emploi », continuent à avoir un statut précaire. Ils sont peu payés et jetés à la porte au bout de 2 ans.
Pourtant ils s’investissent totalement et gagner la confiance d’un l’allocataire est parfois un travail de longue haleine qui peut être remis en cause avec le départ du tuteur.
Par ailleurs, nous restons avec un fort taux de personnes ne faisant pas valoir leurs droits. Quand lancera-t-on une campagne visant à les encourager à le faire.
Enfin Monsieur le Président je vous rappelle que vous n’assurez pas complètement le financement des espaces, puisque 30% restent à la charge des mairies. Or cela relève des compétences exclusives du département.
Mon collègue, Patrice Leclerc a abordé le problème des fermetures de permanences de protection maternelle et infantile, je n’y reviendrai pas. Mais se pose tout de même plus globalement le problème du suivi des jeunes enfants, car la protection de l’enfance n’est plus assurée ni au sein des EDAS ni même au sein de l’ASE.
On assiste à une mort programmée de la prévention ; et pourtant c’est une mission importante du Conseil général.
Plus de prévention dans les PMI : on n’accueille que les familles fragilisées, alors qu’elles sont ouvertes à toutes
Plus de prévention dans les EDAS, on ne s’occupe plus que du suivi du rSa et de l’insertion, pourtant l’enfance fait partie de la mission des assistantes sociales,
Plus de prévention dans les ASE, et pourtant elle est inscrite dans la loi de mars 2007, Mais les moyens humains étant réduits à peau de chagrin, les travailleurs sociaux croulent sous les évaluations qu’ils doivent transmettre à la CRIP et ne peuvent par conséquent qu’assurer les urgences, notamment les placements d’enfants.
Quand la prévention n’est plus à l’ordre du jour, la protection de l’enfance est forcément mise à mal. Si les travailleurs sociaux pouvaient évaluer les familles chez elles, assurer les suivis, un accompagnement en amont pourrait éviter des mesures lourdes.
J’ai aussi appris récemment, toujours en matière de prévention que le Conseil Général ne subventionnerait plus le planning familial du CASH de Nanterre. Faire des économies sur le dos des femmes les plus fragiles, vous aurez du mal à appeler cela de la solidarité.
L’aide à l’hébergement aussi a été réduite. Nous serions passés de 3 mois d’hébergement à un seul mois…Il faut rappeler tout de même que passé le délai des 3 mois, il était question qu’une solution de relogement devait être trouvée…
Ces orientations budgétaires s’inscrivent comme si tout se passait bien comme dans le meilleur des mondes. La crise, la pauvreté, la misère c’est comme pour le nuage de Tchernobyl, cela a du s’arrêter aux frontières du département. Nous n’aurions pas besoin de venir en aide, de renforcer nos missions de service public…
Je terminerai mon intervention en saluant le travail remarquable des associations qui œuvrent dans notre département et tout particulièrement les associations caritatives qui cette année auront fort à faire compte tenu de l’extrême pauvreté qui gagne dans notre pays. Hier soir, les restos du cœur atteignait le triste recors du million de repas servis. Mais une nouvelle fois, la majorité n’accordera pas un centime de plus pour 2014 et ne mettra pas en place une prime de Noël pour permettre aux familles les plus en difficulté dans notre département de pouvoir offrir un peu de chaleur et de bonheur à leurs enfants.
En conclusion je citerai Antoine, un petit garçon de 6 ans qui a dit au Secours Populaire : « mes parents, j’ose pas leur dire que j’ai faim pour pas leur faire de la peine ».
Ecoutez, Monsieur le Président tous ces petits Antoine de notre département. La crise ce sont eux qui la paient, et au prix fort.
Je vous remercie.