Quel avenir pour le « M » de la P-M-I ?
Le Conseil Général des Hauts de Seine tente de se dégager de ses devoirs en supprimant des financements pour les consultations qui permettent aux femmes d’accéder au dépistage et aux soins prénatals. Ce choix est lourd de conséquences, notamment pour les femmes les plus en difficulté. Dans les prochaines semaines, les femmes du nord des Hauts de Seine auront encore plus de mal a obtenir des rendez vous de consultation précoces. Or, la prévention et le dépistage doivent se faire dès le début de la grossesse pour éviter de nombreuses complications, réduire le nombre de consultations en urgence et hospitalisations. Les soins prénatals ont des bénéfices à vie pour l’enfant à naître.
Le Département porte la mission de PMI. Dans les Hauts de Seine, le choix a été fait depuis des années de ne pas ouvrir de consultations en site propre, mais d’assurer des visites à domicile ciblées et de s’appuyer principalement sur les maternités. Or, dans la plupart des maternités comme celle de l’Hôpital Louis Mourier à Colombes, cette activité n’est plus financée.
Le Département fait état des actions de PMI de nos maternités dans son bilan d’activité, alors qu’elle ne soutient pas et ne finance pas ces actions.
Le Conseil Général n’apporte aucune réponse précise aux démarches constructives que nous avons faites de façon répétée au cours des dernières années, ni aux demandes du Réseau de Santé Périnatale. Des choix sont faits sans apporter la moindre justification au public ni aux professionnels, qui ne sont même pas informés de ce qui est décidé.
Nos maternités ont une activité considérable de protection maternelle pour la population du Nord des Hauts de Seine, où plus d’une femme sur cinq n’a pour seul accès aux soins prénatals le dispositif de PMI. Les sages-femmes de PMI sont en nombre insuffisant pour assurer toutes les consultations en même temps que leurs autres actions importantes, notamment les visites à domicile. Nos équipes de maternité sont engagées à répondre aux besoins des femmes, dès le début de leur grossesse.
La politique départementale doit sans tarder tenir compte de la situation réelle dans les quartiers que nous servons. La Cour des Comptes a récemment souligné l’importance et l’insuffisance de l’action de prévention prénatale et a insisté sur l’importance d’améliorer la coordination entre les différents acteurs. Nous plaidons pour une véritable politique de santé publique périnatale dans notre département, en lien avec le réseau ville/hôpital.
Il est urgent de réactiver et de financer les conventions entre le Département, les services de PMI et les maternités. Sans financement, nous ne pourrons pas poursuivre notre action et la situation sanitaire se dégradera encore plus. Le Conseil Général doit répondre à ses missions.
Colombes, le 6 juin 2013
Professeur Laurent Mandelbrot
Chef du Service de Gynécologie-Obstétrique et du Pôle Femm/Enfant, Hôpital Louis Mourier, Colombes