A l’automne 2008, Nicolas Sarkozy annonçait de façon non concertée la « création » d’un pôle national statistique à Metz pour afficher une illusoire compensation à d’autres décisions tout aussi autoritaires et non concertées sur les implantations militaires.
A la suite de cette décision, l’ensemble du personnel de la statistique publique s’est fortement mobilisé. L’ampleur de son inquiétude s’est traduite le 21 octobre 2008 par un taux historique de grévistes, à l’Insee comme dans l’ensemble de la statistique publique : la Dares, la Drees, la Depp, etc. en 2008-2009, des actions de sensibilisation ont été menées dans toutes les régions puisque toutes sont touchées. De même, cinquante-deux cadres dirigeants ont manifesté leur inquiétude dans une lettre adressée au Premier Ministre. Une pétition en ligne sur internet a rassemblé près de 20 000 signatures. Des dizaines de parlementaires et d’élus de tout bord, principalement de la majorité actuelle, ont soutenu ce mouvement.
Le rapport de MM. Cotis et Duport1, mandaté par le Premier Ministre de l’époque pour donner corps à une décision déjà prise et déjà annoncée, a confirmé par sa prudence extrême l’analyse faite par les personnels quant aux risques qu’une délocalisation, même limitée, faisait peser sur la qualité de la Statistique publique. Certes, une proposition est présentée, pour se plier tant bien que mal aux contraintes de la commande gouvernementale. Elle correspond au « moins pire possible » pour reprendre les termes employés à l’époque par les rapporteurs lors de leur rencontre avec les personnels.
1 « Rapport au Premier ministre sur la création d’un centre statistique à Metz » du 2 décembre 2008
Depuis, le projet a avancé, essentiellement sous l’impulsion de l’ancien directeur général de l’Insee, engagé par son rapport. Il n’est cependant pas arrivé à un point irréversible. Un rapport de l’inspection général de l’Insee sur le statut du nouvel établissement prévoit d’ailleurs explicitement de ne rien décider tant que les contours du centre ne sont pas définitifs. Il est donc encore temps d’arrêter le processus pour éviter à la Statistique publique le scénario le « moins pire possible ».
Alors que la rationalisation des actions des politiques publiques suppose de s’appuyer sur des diagnostics pertinents, il est essentiel de maintenir la qualité et la pertinence des Statistiques
publiques. Ceci suppose une organisation qui assure la proximité entre production de données et réalisation d’études. Elle suppose aussi le maintien d’une taille critique des différents établissements, notamment dans leurs implantations régionales, seule à même d’assurer des mobilités en nombre suffisant pour permettre le développement et la circulation des compétences.
Alors que les contraintes budgétaires sont particulièrement fortes, que les moyens manquent pour maintenir les productions actuelles de la Statistique publique, qu’ils font défaut pour répondre aux nombreux besoins qui s’expriment régulièrement au Conseil national de l’information statistique, ce serait un signal particulièrement négatif envoyé aux agents de l’Insee, à ceux des services statistiques concernés et, plus largement, à l’ensemble des demandeurs de nouvelles données, acteurs publics locaux, chercheurs, partenaires sociaux, que de maintenir des dépenses destinées uniquement à transférer des activités de divers points du territoire vers un autre, sans qu’il n’y ait aucune amélioration du service rendu.
Nul ne remet en cause la nécessité pour l’État d’accompagner les territoires pénalisés par la refonte de la carte militaire. Si l’État est disposé à débloquer des fonds pour financer un transfert d’activités dangereux pour la Statistique publique tout en étant illusoire quant à ses retombées économiques pour l’agglomération messine, la meilleure question à poser et à discuter collectivement est celle du meilleur usage possible de l’enveloppe budgétaire pour dynamiser réellement l’agglomération messine sans nuire à la Statistique publique.
Nous demandons donc le gel du projet de délocalisation, le maintien des centres informatiques existant et le maintien de l’expertise de l’emploi local au plus près des territoires.
ALEXANIAN Patrick Conseiller général
AMIABLE Marie-Hélène Maire
BACHELAY Alexis Député
BERARD DE MALAVAS Luc Conseiller général
BUCHET Pascal Maire – conseiller général
GARCIA Nadine Conseillère générale
GATTOLIN André Sénateur
GERMAIN Jean-Marc Député
GONTHIER-MAURIN Brigitte Sénatrice
GOURIET Martine Conseillère générale
JARRY Patrick Maire
KALTENBACH Philippe Sénateur-Maire
LASSERRE Jean-André Conseiller général
LECLERC Patrice Conseiller général
MARGATE Catherine Maire
SOMMARUGA Julie Députée