SEANCE DU CONSEIL GENERAL DU 29 JUIN 2012 – GROUPE COMMUNISTE ET CITOYEN
QUESTION ECRITE
DE MONSIEUR PATRICK JARRY A MONSIEUR LE PREFET DES HAUTS-DE-SEINE relative au théâtre des Amandiers a Nanterre
Monsieur le Préfet,
La direction du théâtre des Amandiers vient de m’alerter sur la situation extrêmement alarmante dans laquelle va se trouver le centre dramatique national (CDN) de Nanterre, en raison de plusieurs décisions prises par l’Etat qui vont lourdement grever son budget 2012.
Il y a quelques jours, la direction régionale de l’action culturelle d’Ile de France a confirmé au théâtre des Amandiers le gel de 6 % du montant de sa subvention ce qui représente une perte de 300 000 €. A cette baisse, s’ajoute une diminution de l’enveloppe de la DRAC d’un montant de 30 000 €. Et enfin, s’additionne à cette réduction déjà considérable, une nouvelle charge fiscale de TVA sur les subventions versées de 130 000 €. Soit, au total, une perte sèche pour le théâtre de 460 000 €.
Cette situation apparait clairement comme étant dans la droite ligne d’un processus qui ne cesse de fragiliser le théâtre. En effet, la subvention attribuée par l’Etat aux Amandiers n’a connu aucune évolution depuis 2007 ; et ce alors même que celles des autres financeurs augmentaient de 6 % pour la ville de Nanterre et de 1.5 % pour le Conseil Général des Hauts-de-Seine. Selon la direction des Amandiers, cette absence d’indexation sur l’inflation représente une perte de 325 000 euros sur la période donnée. A plusieurs reprises la DRAC Ile de France a justifié cette stagnation par le fait que la part des deux collectivités territoriales dans le budget du théâtre est trop faible au regard de ce qui se pratique dans les autres CDN.
A ce sujet, il semble important de rappeler que cette situation résulte d’un accord passé entre la ville de Nanterre et le ministère de la culture au moment de la fusion entre la maison de la culture et le CDN en 1982. Cet accord ayant d’ailleurs abouti à la création de la maison de la musique de Nanterre à laquelle la ville attribue plus d’un million d’euros de financement chaque année.
Les conséquences de cette importante amputation du budget du théâtre des Amandiers sont nombreuses : réduction de l’action artistique, nouvelle réduction de la masse salariale (un plan social a déjà été fait en 2011), incapacité à réaliser les investissements pourtant rendus nécessaires par l’obsolescence du matériel. A titre d’exemple les équipements lumière du théâtre ont 30 ans !
Par ailleurs, cette annonce survient alors même qu’une grande partie de la saison 2012 est déjà engagée, ce qui ne laisse que très peu de marge de manœuvre à la direction pour réduire sa programmation. Ce sont principalement les actions de médiations culturelles à l’hôpital, en prison ou en direction des publics empêchés, tout comme les projets de compagnies qui seront touchées puisque plus faciles à déprogrammer. En tant qu’élu d’une ville de banlieue, où l’action publique est le seul moyen de garantir l’accès à la culture de nos concitoyens, je ne peux que déplorer cette situation.
Dans une période de fortes réductions des aides publiques, l’équité de traitement entre tous devient une nécessité. Il me semble particulièrement mal venu, au moment où les CDN de banlieue se voient privés d’une partie de leur subvention, que des théâtres parisiens, comme celui de l’Odéon, bénéficient d’aides exceptionnelles.
Enfin, s’il peut paraitre juste de rééquilibrer les dotations entre les différentes DRAC du territoire national, il serait aussi souhaitable que soit mis un terme à un usage propre à l’Ile de France, qui veut que la subvention soit versée, pour son premier acompte, en juin de chaque année occasionnant par là même d’importants frais bancaires aux établissements de cette région.
Compte tenu de cette situation, je vous demande, Monsieur le Préfet, de faire rétablir les crédits qui ont été supprimés, et de porter une attention particulière à la situation du théâtre des Amandiers.
Je vous en remercie.